Absence, apport insuffisant, indisponibilité ou défaut d'assimilation d'une substance nécessaire à la croissance et au développement d'une plante ou d'un animal.
Physiol. animale. Chez les animaux, une carence entraîne généralement une diminution de production (moins de lait, moins d'œufs...) et des troubles pathologiques plus ou moins graves. On distingue les carences d'apport (élément inexistant ou en quantité insuffisante), les carences d'utilisation (défaut de la digestion ou de l'assimilation, qui empêche l'élément, pourtant présent en quantité suffisante, d'être assimilé), les carences conditionnées (un excès d'un autre élément augmente les besoins en l'élément considéré, qui se trouve alors en position déficitaire si un apport complémentaire n'est pas prévu). Les carences faibles sont appelées subcarences ; très difficiles à déceler, elles réduisent l'efficacité de la transformation des aliments en produits animaux.
Physiol. végétale. Les carences végétales peuvent résulter d'une trop faible concentration de l'élément dans le sol : ce sont les carences primaires. Mais, le plus souvent, la carence se développe à la suite d'une indisponibilité plus ou moins sévère de l'élément : il s'agit alors d'une carence induite. Ces carences entraînent des troubles physiologiques qui se manifestent par un développement ralenti, une malformation des organes végétatifs ou reproducteurs, des nécroses de la tige des bourgeons ou des racines, une décoloration ou coloration anormale du feuillage. Un premier diagnostic peut donc être porté par l'examen de ces symptômes. On procède ensuite à l'analyse de terre : différentes méthodes existent pour déterminer le degré de disponibilité pour la plante des différents éléments minéraux dont elle a besoin.
Les carences induites sont le plus souvent occasionnées par une valeur de pH non adaptée ou un déséquilibre minéral (la présence d'un élément en trop grande quantité gêne l'assimilation d'un autre). Dans les sols à pH élevé (sols calcaires) on observe fréquemment des carences relatives au fer, zinc, cuivre, manganèse et bore. La carence en molybdène apparaît dans les sols acides. Dans les sols bien cultivés, les carences en éléments majeurs (azote, phosphore, potassium) s'observent rarement ; elles proviennent le plus souvent d'une fertilisation mal conduite, problème auquel il est aisé de remédier. Pour les carences primaires en oligoéléments, on réalise des apports sous forme de pulvérisation foliaire, très rapidement efficaces car l'élément est absorbé par la feuille. Certaines carences induites en oligoéléments sont plus difficiles à corriger car il ne suffit pas d'apporter l'élément incriminé (le défaut du sol se reporte alors sur l'élément ajouté). La correction passe par une modification du pH (chaulage) ou des apports sous forme organique de l'élément, qui, de ce fait, ne subit pas de blocage par le sol (formes chélatées du zinc). Dans les cas les plus délicats (chlorose ferrique sur les arbres fruitiers), on utilise des porte-greffe résistants.
Roger-Estrade