chanvre (suite)
Cette plante originaire d'Asie centrale est cultivée dans le monde entier, de la zone subtropicale à la zone tempérée ; la somme de températures exigée par les divers types de chanvre est donc très variable : de 800 à 900 oC chez les plus précoces (chanvres nordiques), de 3 500 à 4 000 oC chez les chanvres sub-tropicaux. Elle supporte mal le froid (gelées de printemps).
Le chanvre est une plante de jour court extrêmement sensible à la photopériode ; la nuit longue provoque une « féminisation » de l'individu (inhibition de l'expression du sexe mâle) et de la population (accroissement du taux de femelles). Ses besoins en eau sont importants : l'irrigation est indispensable en zone méridionale.
Pour une récolte de 8 t de tiges sèches fauchées, les exportations sont de l'ordre de 60 kg d'azote, 40 kg d'acide phosphorique, 150 à 180 kg de potasse, 80 kg de chaux et 15 kg de magnésie. L'azote, élément déterminant pour le rendement, peut, s'il est en excès, nuire à la résistance des fibres.
Culture.
La place du chanvre dans la succession des cultures est analogue à celle de la betterave ou du maïs : laissant une terre propre (plante étouffante), c'est un excellent précédent pour le blé. Par ailleurs, il peut revenir deux fois consécutivement sur la même sole.
Aujourd'hui, on cultive essentiellement des variétés monoïques, d'origines allemande et française, caractérisées par leur taux de monoécie et leur précocité. Ces variétés sont produites et commercialisées par la Coopérative centrale des producteurs de semences de chanvre.
Le semis a lieu dès que les terres sont suffisamment réchauffées (de 12 à 14 oC) ; la date optimale se situe entre le 15 avril et le 15 mai. La culture et la récolte peuvent être conduites de deux façons différentes : en non battu pour la récolte exclusive de la tige, la graine étant abandonnée ; en battu pour la récolte de la graine (chènevis).
Dans le cadre de la culture non battue, le semis s'opère à la densité de 50 à 70 kg de semence à l'hectare, en lignes séparées de 15 à 17 cm. On récolte à la fin de la floraison (vers le 20 août), par andainage avec une faucheuse ordinaire munie d'un diviseur spécial pour chanvre, puis par ramassage à la presse à couteau, à moyenne densité, lorsque les tiges sont sèches. Les balles, pressées par temps sec, sont mises en meules couvertes ou engrangées. Actuellement, on utilise de plus en plus des faucheuses-conditionneuses, qui permettent, outre un excellent débit, une réduction de la période de séchage de l'andain, qui peut n'être que de 4 jours, car les tiges ont été éclatées par les faucheuses.
Le taux d'humidité requis à la livraison est de 16 %. En bonnes conditions, on doit obtenir de 7 à 9 t de paille à l'hectare, qui peuvent donner de 3,5 à 4,5 t de pâte à papier ou de 8 à 10 q de filasse.
En culture battue, le semis s'opère à une densité légèrement plus faible que dans le cas précédent (40 à 60 kg de semences à l'hectare) pour favoriser la fructification. On coupe à maturité des graines, entre le 15 et le 25 septembre. On procède à une mise en andains, par temps calme, avec un diviseur spécial pour chanvre, puis, après un temps de séchage de 7 à 10 jours, au battage des graines à l'aide d'un pick-up égreneur spécial et, enfin, au ramassage des tiges à la presse à couteau, à moyenne densité. En conditions normales, on doit obtenir de 7 à 8 t de pailles sèches battues et de 6 à 10 q de graines à l'hectare.
La culture du chanvre nécessite très peu de traitements : c'est une plante étouffante qui empêche le développement des adventices et très résistante aux maladies et aux parasites.
Économie.
À l'échelle mondiale, la culture du chanvre est en nette régression. La concurrence du coton, puis celles du jute, du sisal et, enfin, des fibres synthétiques sont les causes majeures de ce déclin. Cependant, certains besoins demeurent en filature, en tissage, en corderie, car les autres textiles et les fibres synthétiques ne présentent pas toujours les qualités rencontrées chez le chanvre.
En France, en 1840, le chanvre-textile couvrait 176 000 ha. Les chanvres d'Anjou, du Maine, de Touraine, de Bretagne, de Picardie ou de Flandre étaient connus du monde entier. La production est tombée à 3 000 ha en 1970. Depuis le milieu des années 1970, cependant, la culture du chanvre connaît un nouvel essor en France, stimulée par la perspective de nouvelles utilisations des fibres (pâte à papier, matériau d'isolation, litières...) et de la graine (huile, produits cosmétiques, aliments pour oiseaux...). Actuellement, cette culture couvre près de 15 000 ha, dont 5 500 dans l'Aube (coopérative La Chanvrière de l'Aube). La production du chènevis est de l'ordre de 2 500 t, dont 25 à 50 % sont exportés vers les pays européens qui ne produisent plus de chanvre. Là encore, les nouveaux débouchés en cosmétique et huilerie se développent.
La culture du chanvre dépendant des usines de transformation (situées à Quimperlé, au Mans, à Troyes, à Bar-sur-Aube), les régions d'exploitation sont surtout la Champagne, le Centre, les Pays de la Loire, la Bourgogne, la Haute-Normandie, la Bretagne.
Les principaux pays producteurs de chanvre-textile sont les pays de l'ex-URSS, l'Inde, la Roumanie, la Hongrie, la Bulgarie et la Pologne. Les surfaces cultivées représentent environ 500 000 ha.
Roger-Estrade