croisement
Méthode de reproduction ayant pour objet d'améliorer les performances d'animaux ou de végétaux en utilisant des sujets de même espèce mais de races ou de variétés différentes.
Chez les animaux, le croisement correspond à l'accouplement de reproducteurs appartenant à deux races différentes. Différents types de croisement sont classiquement utilisés, qui relèvent de 2 objectifs principaux.
Créer ou améliorer des races.
On part alors de races pures pour créer de nouvelles populations ; ainsi, après un certain nombre de générations, la population résultante fonctionnera de façon autonome, sans recours à des reproducteurs des races parentales.
Le croisement d'absorption consiste à utiliser de façon continuelle des reproducteurs d'une certaine race avec ceux d'une autre race qui se trouve donc progressivement absorbée par la première ; le pourcentage moyen de gènes de la race absorbante passe en effet de 1/2 à 3/4 puis 7/8e, 15/16e, 31/32e... dans les descendants de chaque génération, et l'on considère que l'absorption est réalisée lorsqu'une proportion de 15/16 ou 31/32 de gènes de la race absorbante est atteinte. C'est ce type de croisement qui a été utilisé en Europe dans les années 1970 en race bovine laitière pie noire, pour transformer la souche mixte lait-viande (en France, la française frisonne pie noire) en race laitière spécialisée (la prim'holstein).
Le croisement d'amélioration consiste à effectuer un apport de sang passager d'une race en vue d'en introduire certaines caractéristiques intéressantes dans la population que l'on croise, mais sans aller, comme dans le cas précédent, jusqu'à l'absorption. L'introduction de gènes red holstein nord-américains dans un certain nombre de races bovines européennes de type pie rouge ressortit à cette stratégie : « doper » un peu la production laitière de ces races sans perdre leurs caractéristiques intéressantes (adaptation au milieu, production de viande...).
Le croisement de métissage vise la création d'une race synthétique (on parle aussi de race composite) rassemblant les qualités présentes dans les 2 races parentales. On croise pour cela ces 2 races et, à chaque géération, on fait de même avec les produits issus du croisement en éliminant tous les sujets non conformes à l'objectif poursuivi. C'est ainsi que, chez les ovins, a été créée, à partir du berrichon du Cher, race bouchère, et de la romanov, race aux exceptionnelles qualités de reproduction, la race INRA 401, qui est à la fois prolifique et bien conformée.
Produire une génération terminale d'animaux croisés, tous destinés à l'abattage.
Dans ce cas, on a en permanence recours à des reproducteurs des races parentales impliquées.
Le croisement industriel, dit aussi terminal ou de première génération, vise à obtenir, au niveau des descendants, des qualités des mères (adaptation au milieu, production laitière...) et les aptitudes bouchères des pères. Il en est ainsi par exemple quand on utilise un taureau de race charolaise sur des femelles aubracs en vue de produire des broutards destinés à l'engraissement.
Le croisement à double étage est un croisement industriel dans lequel les géniteurs (et il en est ainsi le plus souvent pour les femelles) sont déjà issus d'un croisement préalable en vue de bénéficier à ce niveau d'un effet d'hétérosis, voire de complémentarité. Ce type de croisement est très répandu, pour la production de viande, en aviculture et en production porcine : les races parentales utilisées pour la production des femelles croisées apportent leurs qualités de reproduction (diminution du prix de revient du produit terminal), les races utilisées pour la production des mâles terminaux étant sélectionnées principalement pour leurs aptitudes bouchères. Un exemple typique de tels croisements, en espèce porcine, est le croisement d'une femelle large white x landrace par un verrat piétrain ou large white mâle x piétrain.
Les croisements permettent d'exploiter, outre la variabilité génétique qui existe dans toute espèce, les effets d'hétérosis et de complémentarité (association de caractères intéressants provenant d'une part du père et d'autre part de la mère). Ils sont de plus en plus utilisés en élevage : ils constituent presque la règle en aviculture et en production porcine, et sont aussi très largement utilisés, chez les ruminants, pour la production de viande, notamment dans les zones difficiles et les troupeaux à gros effectifs.
Bougler/Gallouin
croissance
Augmentation irréversible de l'ensemble des dimensions d'un corps organisé ou d'une de ses parties par multiplication des cellules qui le constituent.
La croissance est l'un des deux phénomènes, avec la différenciation cellulaire, qui concourent au développement des organismes vivants pluricellulaires, animaux comme végétaux, la croissance étant un phénomène quantitatif (accroissement des dimensions), et la différenciation un phénomène qualitatif (formation de cellules spécialisées à partir de cellules indifférenciées).
Chez les végétaux.
La croissance d'un organisme végétal supérieur résulte à la fois d'une augmentation de la taille des organes de la plante (longueur des tiges et des rameaux, surface foliaire) et d'une augmentation du nombre de ces organes (nombre de feuilles par rameau, nombre de rameaux par pied...), impliquant la formation d'organes nouveaux aux cellules spécialisées.
Au niveau cellulaire, il y a augmentation du nombre des cellules, assurée par la prolifération des cellules méristématiques, et augmentation de leur taille. Au niveau moléculaire, la croissance se traduit par une augmentation du nombre des molécules organiques : l'organisme végétal transforme les aliments absorbés en molécules nécessaires à sa croissance, à sa reproduction et à sa différenciation.
Si l'on choisit un critère de croissance (diamètre, longueur, hauteur, masse...), on peut construire une courbe de croissance qui rend compte de l'augmentation de la grandeur choisie en fonction du temps. Une courbe de croissance type peut être divisée en quatre phases, dont la durée varie selon le végétal considéré :
une phase de latence, où l'on n'observe peu ou pas de croissance, mais où le végétal synthétise des molécules nécessaires à sa croissance ;
une phase d'accélération, où les cellules prolifèrent (chaque cellule fille, provenant d'une cellule mère, se divise à son tour pour donner deux cellules) ;
une phase intermédiaire, où la croissance est équilibrée par deux actions antagonistes (par exemple, prolifération cellulaire et action d'un facteur limitant cette prolifération) ;
une phase de ralentissement, où l'action d'un facteur limitant est de plus en plus importante. Ce facteur limitant peut être soit un facteur nécessaire à la croissance de la plante arrivant à épuisement, soit un facteur contrariant la croissance. Lorsque les effets des facteurs limitant compensent les effets de la croissance, la plante cesse de croître ; s'ils les dépassent, il y a dépérissement.