Comparaison entre les réserves, les apports et les pertes en eau d'un système.
Le bilan hydrique est l'analyse de la variation de stock d'eau d'un système (D), résultant de la somme algébrique des flux d'eau (Fi) entrant (positif pour le système) ou sortant (négatif pour le système) ; il s'écrit : DQ = Sfi.
En agronomie, il s'applique principalement à un sol, ramené à l'unité de surface et de profondeur donnée ; ainsi, le bilan hydrique du sol s'exprime en stock d'eau (kilo ou mètre cube d'eau/m2 de sol) ou, ce qui est équivalent, en hauteur d'eau classiquement exprimée en millimètres (1 mm d'eau équivalant à 1 kg/m2 d'eau, unité utilisée pour les pluies). Ce bilan hydrique peut aussi concerner une plante, un animal ou un organe particulier (feuille, par exemple). L'eau est nécessaire à tous les systèmes biologiques (elle représente plus de 80 % de leur masse) et leur faible tolérance à la variation de cette masse ( 5 à 25 %) rend ces bilans essentiels pour suivre leurs potentiels de développement et de croissance.
Pour les plantes et les cultures, les pertes d'eau par évaporation représentent, par jour et unité de surface, plus du 1/3 du poids d'eau de la culture en général (exception faite des forêts, au fort stock d'eau, pour lesquelles la perte journalière par évaporation ne représente que le 1/10 ou le 1/20 du stock des arbres). L'eau du sol est donc indispensable pour compenser continuellement les pertes diurnes dues à l'évaporation, appelée transpiration. Cette eau est absorbée au niveau des racines, elle transite sous forme de sève brute pour alimenter toute la plante en éléments minéraux et participe à l'élaboration des tissus en formation (eau de constitution toujours négligeable vis-à-vis des transferts journaliers). Malgré cette alimentation continue, une variation de stock d'eau des plantes apparaît souvent au cours de la journée. Ce déficit diurne est généralement comblé par l'absorption nocturne, qui s'accompagne d'une transpiration pratiquement nulle ; cependant, un déficit croissant peut apparaître jour après jour en période sèche (flétrissement progressif non compensé par l'absorption nocturne faible). Ce bilan hydrique des plantes influence fortement les processus et les régulations biologiques et est utilisé comme diagnostic de déclenchement de l'irrigation.
Le bilan hydrique du sol dépend du climat, qui détermine à la fois les apports (pluies et autres précipitations) et les pertes par évaporation, dites « évapotranspiration » (cumul de la transpiration des plantes et de l'évaporation du sol). Le suivi de ce bilan donne l'évolution du stock d'eau de la couche de sol exploitée par la culture, qui dépend aussi des propriétés du sol ; celles-ci modulent la capacité de stockage, en surface le ruissellement, et en profondeur les échanges vers les nappes. Les échanges profonds se font soit dans un sol plus ou moins saturé - écoulement d'eau vers la profondeur (drainage) ou réalimentation à partir de la nappe (remontées capillaires) -, soit en sol non saturé (diffusion de l'eau vers la zone racinaire ou vers les zones plus profondes du sol). La capacité au champ d'un sol représente la valeur charnière entre sol saturé et non saturé.
Le bilan hydrique est donc essentiel pour définir à chaque instant les réserves disponibles pour les plantes par unité de surface au sol et pour une profondeur donnée. Il permet de déterminer les apports par irrigation nécessaires afin de ramener l'eau utile pour les plantes à la valeur de la réserve utile maximale, situation qui conduit en général à la meilleure production.
PERRIER