colza (suite)
La reprise de la végétation se produit lorsque la température moyenne journalière atteint ou dépasse régulièrement 5 oC. Elle se caractérise par une augmentation importante de la surface foliaire, qui se prolonge jusqu'au début de la floraison. Parallèlement, la tige commence à s'allonger puis émet un certain nombre de tiges latérales. Pendant cette phase, la croissance est rapide et les besoins en éléments minéraux intenses, notamment en soufre. Très échelonnée, la floraison dure de 4 à 6 semaines ; elle commence par l'inflorescence principale, suivie par les ramifications axillaires de rang de plus en plus élevé. La fécondation, essentiellement autogame (autofécondation), donne naissance à une silique dont la maturation est acquise en 6 à 7 semaines. A maturité, le moindre choc peut provoquer la déhiscence (ouverture) de la silique et la libération des graines.
Semis.
Succédant généralement à une céréale, le colza d'hiver est semé fin août- début septembre. C'est au stade rosette présentant au moins 8 feuilles et un diamètre au collet de 8 mm qu'il est le plus résistant au froid (il peut alors supporter des températures de - 20 oC) ; la date de semis est donc en premier lieu choisie afin d'atteindre ce stade à l'entrée de l'hiver. Par ailleurs, un manque d'eau au moment de la levée peut affecter la régularité de cette dernière, surtout dans les régions méridionales. On choisit donc aussi la date de semis (mais également la profondeur de placement de la graine) de manière à limiter ce risque. Enfin, il faut éviter que la floraison ait lieu à une période où existe un risque de gelée blanche (entraînant la stérilité d'une partie des fleurs) ou de sécheresse (entraînant une diminution du nombre de graines). L'objectif de peuplement est de 40 à 60 pieds par m2 à la sortie de l'hiver, soit une quantité de semences comprise entre 2 et 4 kg/ha. L'écartement entre les lignes est généralement de 17 cm.
Fertilisation.
Les besoins en azote sont de 6 à 7 kg/q de grains. Un apport d'engrais azoté est nécessaire pour satisfaire les besoins importants de la plante au moment de la montaison. La quantité d'azote à fournir est calculée en fonction de l'état du peuplement (densité, vigueur), du reliquat sortie d'hiver du sol (azote disponible dans le sol en tenant compte des prélèvements de la plante durant l'hiver), de l'azote déjà absorbé par la plante et de la minéralisation de printemps. Elle est fractionnée en deux apports : l'un début février, pour faciliter la reprise (de 30 à 50 % de la dose totale), l'autre au stade boutons accolés. Pour un rendement compris entre 30 et 35 q/ha, ces deux apports représentent 120 à 150 kg d'azote/ha. Compte tenu des exigences particulières du colza, un apport de soufre est réalisé en même temps que l'un des deux apports d'azote, sous forme de pulvérisations, à raison de 75 unités de SO3/ha. Cet apport peut être complété, en fonction des circonstances, par du bore ou du molybdène. La fumure phosphatée et potassique est ajustée de façon à compenser les exportations de la culture, de 40 à 60 kg/ha, tout en tenant compte de la teneur du sol en ces éléments minéraux.
Luttes contre les adventices.
Il existe peu de solutions pour maîtriser le développement des adventices (à l'exception des graminées) lorsque la culture se développe. La technique du faux semis permet de faire lever des graines d'adventices et de les détruire avant le semis. Cette opération n'est toutefois pas toujours réalisable ; elle est même peu efficace si elle ne précède pas le semis par une période suffisamment longue. On a alors recours à un désherbage chimique à l'implantation, associant un produit de pré-semis et un produit de post-semis/pré-levée ou post-levée précoce. Pour la lutte contre les graminées, il existe des produits sélectifs vis-à-vis du colza, qui doivent être utilisés entre le stade 3 ou 4 feuilles et la reprise de la végétation.
Maladies.
Plusieurs maladies peuvent causer des dégâts importants à la culture. Les principales sont :
les attaques de champignons du genre Phoma, qui provoquent une nécrose du collet pouvant entraîner la chute de la tige ; l'utilisation de variétés peu ou très peu sensibles constitue la meilleure prévention, faute de traitement efficace ;
les attaques de champignons du genre Sclerotinia, dont le mycélium envahit progressivement la plante ; il n'existe pas de variété tolérante, et le seul moyen de lutte est le traitement préventif par fongicide en cours de floraison;
l'alternariose, maladie des taches noires, due à des champignons du genre Alternaria, susceptible de se développer rapidement en cas de période humide et chaude ; on la combat par un traitement fongicide lors de l'apparition des premières taches ;
la cylindrosporriose et la pseudocercosporellose, contre lesquelles il existe des variétés peu ou très peu sensibles ;
le mildiou, qui entraîne un retard de développement des jeunes plantes ; le meilleur moyen de protection est le traitement des semences.
Ravageurs.
Le colza d'hiver est particulièrement sensible aux attaques des limaces entre la levée et le stade 3-4 feuilles. On lutte généralement contre ces ravageurs par épandage de granulés hélicides au moment du semis, éventuellement renouvelé en cas de forte infestation. Les autres parasites, généralement des insectes, sont nombreux, l'abondant couvert végétal du colza favorisant leur prolifération. Les plus fréquents sont les altises, les méligèthes, les charançons et les pucerons, qui sont des vecteurs de viroses. La stratégie de lutte repose d'une part sur le traitement des semences, d'autre part sur le piégeage permettant de détecter l'arrivée des insectes sur une parcelle. Le piège est une cuvette jaune en matière plastique, dans laquelle on dépose un mélange d'eau et de mouillant, où viennent se noyer les insectes. Ces pièges, placés dans les parcelles à même le sol, au milieu du feuillage ou au-dessus suivant les périodes, permettent de suivre l'évolution des populations d'insectes.
Récolte.
Elle intervient lorsque le taux d'humidité des graines descend au-dessous de 15 % (graines noires). Bien que la plupart des variétés soient peu sensibles à la verse, il arrive cependant que pour des causes diverses ce phénomène se produise : il est alors nécessaire d'équiper la moissonneuse d'un engreneur pour éviter le bourrage et les pertes de graines.