Substance ou préparation ayant la propriété de tuer les insectes.
L'utilisation de produits chimiques contre les insectes, notamment ceux qui sont nuisibles aux cultures et aux produits récoltés, remonte à la seconde moitié du XIXe siècle - les premiers essais ont été réalisés aux États-Unis en 1867, contre le doryphore avec l'acéto-arsénite de cuivre.
Mode d'action.
Un insecticide provoque la mort des insectes soit par simple contact, soit après pénétration dans le tube digestif ou dans le système respiratoire. La plupart des composés organiques de synthèse agissent à la fois par contact et par ingestion. Lorsqu'un insecticide possède la propriété de pénétrer dans la plante par absorption radiculaire ou foliaire et d'être véhiculé par la sève en tout ou partie de son système végétatif, on dit qu'il est systémique. Ainsi, les pucerons qui piquent la feuille d'une betterave dont le semis a été protégé par un traitement du sol ou des semences au moyen d'insecticides systémiques s'empoisonnent en absorbant une sève devenue toxique.
Toxicité.
Vis-à-vis de l'homme et des animaux domestiques ou sauvages, la toxicité des insecticides, comme pour tous les produits phytosanitaires, s'exprime en toxicité orale (« per os », par la bouche), en toxicité cutanée (par la peau et les muqueuses), ou en toxicité respiratoire. L'unité de mesure de toxicité est la DL 50 (dose létale nécessaire, en moyenne, pour tuer 50 % des lots d'animaux d'expérience). La toxicité et l'écotoxicité des insecticides, souvent élevées, exigent de grandes précautions d'emploi. Il est important de ne pas dépasser les normes autorisées, variables d'un produit à l'autre.
Utilisations.
Les différents insecticides sont utilisables, selon leurs propriétés, pour un ou plusieurs types de traitements : traitement des parties aériennes des plantes, des semences, des sols, des denrées entreposées, des locaux de stockage, des bâtiments d'élevage, des fourmilières, des insectes vecteurs de maladies (moustiques), des ectoparasites du bétail, etc. Les spécialités sont autorisées provisoirement ou homologuées par le ministère de l'Agriculture pour des usages précis (catégories d'emploi), en fonction des insectes à combattre et des cultures à protéger.
Pour la plupart des matières actives, des délais entre les traitements et la récolte sont fixés par les toxicologues et portés réglementairement sur les étiquettes des emballages des spécialités. Comme les autres indications portées sur ces étiquettes (dose à utiliser, stade végétatif, conditions climatiques, mode d'emploi et précautions à prendre pour la préparation de la bouillie, pendant et après le traitement), ils doivent être observés de façon très rigoureuse par les agriculteurs, car il y va non seulement de l'efficacité de l'intervention, mais aussi de la sauvegarde de la santé du manipulateur et des consommateurs ainsi que de la protection de la nature et de l'environnement.
Spécificité.
Les insecticides sont rarement spécifiques : la plupart font preuve d'une polyvalence plus ou moins grande à l'égard des diverses espèces d'insectes. De ce fait, certaines substances peuvent être nocives pour les insectes utiles (abeilles) et les auxiliaires. Toutefois, c'est grâce aux insecticides que certaines maladies transmises par des insectes ont pu considérablement régresser (c'est notamment le cas du paludisme). Par ailleurs, la FAO estime que la moitié de la production de coton des pays en développement serait détruite sans l'utilisation d'insecticides.
Types d'insecticides.
- Insecticides minéraux : premiers à être utilisés, beaucoup sont actuellement interdits (arséniates notamment). On emploie encore des huiles de pétrole et des anthracéniques, qui agissent sur les formes hivernantes des insectes - ils ont aussi une action contre celles des acariens.
- Insecticides végétaux : comme les huiles minérales, certaines huiles végétales sont actives sur les formes hivernantes des ravageurs. Les pyréthrines, préparées à partir des fleurs de pyrèthres, et la roténone, extraite de plantes exotiques, sont actives sur de nombreuses espèces d'insectes. Il est à noter que la roténone est dangereuse pour les poissons et le porc.
- Insecticides de synthèse neurotoxiques : ce sont les plus utilisés. Les organophosphorés, très nombreux, sont, selon les matières actives, des insecticides externes ou systémiques. Ils agissent le plus souvent par contact et par ingestion, parfois par inhalation. Ils sont actifs sur une multitude d'insectes (en revanche, leur action comme acaricides est contrée par le développement de résistances chez les espèces d'acariens combattues). Parmi les matières actives les plus employées, citons les diazinon, dichlorvos, fenthion, fonofos, malathion, parathion, phosalone, pyrimiphos (insecticides externes), acéphate, diméthoate, mévinphos, vamidothion (insecticides systémiques).