orge (suite)
Variétés.
Il existe actuellement environ 80 variétés d'orge d'hiver inscrites au catalogue officiel, réparties par moitié entre orges à deux rangs et escourgeons. Les variétés de printemps, au nombre d'une trentaine, sont toutes à deux rangs. Chaque variété est classée en fonction de son calibrage, de la précocité à l'épiaison, de la résistance au froid, à la verse et aux maladies ainsi que de leur productivité. L'aptitude à la malterie est également indiquée pour les orges brassicoles, qui sont en majorité des orges de printemps. La plupart des variétés présentent une bonne résistance à la verse.
Exigences physiologiques.
Le cycle de développement de l'orge est voisin de celui du blé. Le zéro de germination est proche de 0 °C. Les orges d'hiver, plus sensibles au froid que le blé, ont besoin de températures vernalisantes, à l'inverse des variétés de printemps. Entre ces deux types existe toute une série de variétés alternatives.
L'orge est une plante de jours longs : elle exige une photopériode de douze à treize heures pour monter, et la durée qui s'écoule entre la levée et l'épiaison s'abrège lorsque la durée du jour augmente. L'orge est en moyenne plus précoce que le blé. Le cycle végétatif est de l'ordre de 250 jours, pour une somme de températures de 1 900 à 2 000 degrés jours pour l'orge d'hiver et de 110 à 120 jours pour l'orge de printemps, avec une somme de températures de 1 600 à 1 700 degrés jours.
Les besoins en eau de la plante sont de l'ordre de 450 à 500 mm, et sont surtout importants au début de son développement. En revanche, l'orge est relativement peu sensible à la sécheresse. Espèce très rustique, son aire de culture est plus étendue que celle des autres céréales, à la fois vers le nord (Suède, Canada), vers le sud et en altitude (Himalaya).
Culture.
La conduite de la culture des orges d'hiver est voisine de celle du blé tendre. Le semis doit être précoce, pour permettre à la plante de taller avant les froids. Il s'échelonne, suivant la résistance des variétés et leur précocité, de fin septembre à fin octobre. Pour les semis précoces, la densité de semis est de 250 à 280 grains/m2 ; pour les variétés résistantes au froid, elle est de l'ordre de 350 à 380 grains/m2. Ces densités sont inférieures de 10 % pour les variétés à 6 rangs.
Pour les variétés de printemps, les semis ont lieu dès les mois de mars-avril car, plus la levée est précoce, plus la plante dispose d'une grande durée de végétation. À une avance de 2 ou 3 semaines pour le semis correspond seulement une différence de 2 à 3 jours à la maturité. Comme dans le cas du blé, il n'y a pas de règle générale pour la préparation du sol. L'objectif est de parvenir à une structure du sol satisfaisante et à un lit de semence favorable à la germination et à la levée.
Fertilisation.
L'azote est, comme pour les autres céréales, un élément essentiel de la croissance de la plante. Les besoins de l'orge, moindres que ceux du blé, sont de 2,5 kg par quintal de grains. La dose à apporter est calculée d'après la méthode du bilan prévisionnel de l'azote. Pour les orges d'hiver, la fertilisation azotée est généralement fractionnée en deux fois : la première au tallage, en même temps que l'apport d'acide phosphorique, sous forme de phosphate d'ammoniaque, la deuxième au stade épi à 1 cm. Compte tenu des fournitures du sol, les apports sont de l'ordre de 120 à 130 unités pour un objectif de rendement de 70 q/ha. Pour les orges de printemps, dont le cycle végétatif est plus court, il n'y a qu'un seul apport en début de montaison, d'environ 100 unités. Ces apports sont toutefois souvent diminués lorsqu'il s'agit d'orge destinée à la brasserie, pour laquelle le grain doit contenir un taux de protéines inférieur à 11 % de la matière sèche. Pour cette même raison, on évite de cultiver ce type d'orge sur des parcelles susceptibles de restituer des quantités élevées d'azote.
Lutte contre les adventices.
Elle est la même que pour le blé, les adventices rencontrés étant semblables. Le désherbage chimique est la règle, avec une intervention dès le stade trois feuilles et une autre au printemps. En culture biologique, seul le désherbage mécanique est pratiqué.
Maladies et ravageurs.
Les maladies les plus fréquentes sont l'oïdium, les charbons, notamment le charbon nu (Ustilago nuda), la rouille naine, la rhynchosporiose, l'helminthosporiose et les mosaïques causées par deux virus souvent associés : le virus de la mosaïque jaune de l'orge et celui de la mosaïque modérée. Le traitement des semences constitue un moyen de prévention contre le charbon et l'helminthosporiose. Contre la rhynchosporiose, la pulvérisation reste le principal moyen de lutte. Contre la mosaïque, il existe des variétés résistantes, sans toutefois que la protection soit totale.
En dehors des insectes habituels du sol contre lesquels le traitement des semences constitue un moyen efficace de lutte, les parasites les plus nocifs sont les pucerons et les limaces. Les premiers inoculent le virus de la jaunisse nanisante de l'orge, au début de l'automne, lorsque la plante est en période végétative, et peuvent causer des dégâts irréversibles dans le peuplement. On lutte par pulvérisation d'insecticides lors de l'apparition des premiers vols. Ces derniers sont favorisés par un climat automnal doux et humide. Contre les limaces, qui se manifestent dès la levée, la lutte est préventive, par épandage d'hélicides au moment du semis.
Utilisations.
L'alimentation animale est le principal débouché de l'orge, mais son importance tend à diminuer en raison de la concurrence du maïs. Dans l'Union européenne, elle représente environ les deux tiers de la production (soit entre 30 et 35 millions de t). Les usages industriels, principalement pour la fabrication de malt destiné à la brasserie, en absorbent entre 15 et 20 % (soit autour de 7 millions de t) ; le reste est exporté. En Allemagne et au Royaume-Uni, de même qu'au Benelux et au Portugal, la fabrication de la bière représente le quart de l'utilisation intérieure.