Larousse agricole 2002Éd. 2002
S

sol

Formation naturelle superficielle, meuble, de l'écorce terrestre, résultant de la transformation, au contact de l'atmosphère et des êtres vivants, de la roche mère sous-jacente, sous l'influence de processus physiques, chimiques et biologiques.

La représentation de l'ensemble des sols, si on leur associe leur organisation spatiale, permet de définir la couverture pédologique ; un sol est alors une représentation d'un échantillon vertical de la couverture pédologique. Mais le plus couramment, le sol est conçu comme une entité considérée comme indépendante de sa position dans le paysage, donc sans relation avec les sols voisins. La terre est le plus souvent conçue comme un échantillon de sol considéré comme indépendant de sa position dans le solum, donc sans relation avec les autres horizons. Pour la géotechnique, le sol est constitué de toute la partie plus ou moins meuble : couverture pédologique et altérite, qui se situe au-dessus de la roche non altérée.

Les premières tentatives de classification des sols avaient un but utilitaire : il fallait définir et comparer entre elles les qualités pour l'agriculture des différents sols d'une région donnée et, au besoin, établir des cartes. Rapidement est apparue la nécessité de donner aux classification un cadre plus scientifique, de manière à permettre les comparaisons entre régions : des classifications à caractère national ont donc vu le jour dans différents pays. Ces premières classification ont été élaborées sur des bases très différentes d'un pays à l'autre : en Russie, on a distingué les sols zonaux (climatiques), intrazonaux (stationnels) et azonaux (peu ou pas évolués). D'autres pays ont au contraire basé leur classification sur les caractères propres des sols, en mettant l'accent tantôt sur le type d'altération des minéraux, tantôt sur les transferts de matière, tantôt sur les deux combinés. Dans ces conditions, l'élaboration d'un système international, accepté par tous, n'a pu progresser que très lentement. La typologie des sols proposée par la FAO en 1975 pour la légende de la carte mondiale des sols a fait l'objet de nombreux remaniements depuis sa création, avant de devenir une classification générale des sols. Cette classification est aujourd'hui souvent prise en référence dans les régions où n'existent pas de classifications spécifiques, en particulier dans les pays intertropicaux. La classification américaine Soil Taxonomy est assez souvent employée hors des États-Unis. Elle sert de référence dans un très grand nombre de publications scientifiques. En France, l'ancienne classification des sols de 1967 (dite CPCS) a été entièrement renouvelée par le référentiel pédologique, dans ses versions de 1992 puis 1995 ; ce référentiel se base sur des fonctionnements, des comportements, des situations paysagiques et des solums diagnostiques, eux-mêmes définis à partir d'un ensemble d'horizons de référence.

La combinaison de ces horizons au sein d'un même profil sert à définir le solum diagnostique caractérisant la RÉFÉRENCE et le type de sol dans le référentiel pédologique français. Les principaux horizons référencés sont les suivants (de la surface vers le bas du solum) :

Horizons O : ces horizons holorganiques, formés en milieu aérobie, sont constitués de débris et fragments végétaux morts (feuilles, aiguilles, racines, etc.) plus ou moins décomposés en conditions aérobies. On en distingue trois types, selon l'état moyen de transformation des débris végétaux lié à l'activité biologique du sol : OL, OF et OH. Les horizons OL sont constitués de débris peu évolués dont on reconnaît la provenance ; ils ne contiennent pas de matière organique fine. Ils sont situés sur un horizon A ou OF. Les horizons OF sont constitués de débris reconnaissables mais mélangés avec de la matière organique fine. Les horizons OH sont constitués avant tout de matière organique fine, de couleur brun rougeâtre à noir, ils ont une structure grenue ou fibreuse.

Horizons H : lorsque les débris végétaux constituant l'horizon organique de surface évoluent en milieu saturé en eau (anaérobie) plus de 6 mois par an, on parle d'horizon histique. On en distingue trois types en fonction du degré de décomposition des débris. Hf (horizons fibriques) : les débris végétaux sont peu décomposés et, si l'on presse un échantillon, le liquide qui s'écoule est clair ; Hm (horizons mésiques) : les débris végétaux sont décomposés et, si l'on presse un échantillon, le liquide qui s'écoule est brun ; Hs (horizons sapriques) : les débris végétaux sont très décomposés et, si l'on presse un échantillon, le liquide qui s'écoule est noir. Un abaissement de la nappe modifie fortement les caractéristiques de ces horizons, qui peuvent alors être cultivés (LH, L signifiant labouré) ou non (Ha, assaini).

Horizons A : ces horizons contiennent en mélange de la matière organique et de la matière minérale. Ils présentent une structuration généralisée pédologique d'origine biologique (racine, faune, matière organique). On distingue les horizons A biomacrostructurés : il y a brassage par les vers de terre de la masse humique, les particules minérales sont très liées, la structure est grumeleuse ; les horizons A d'insolubilisation : il y a une forte activité mycolitique et la structure microgrumeleuse résulte de précipitations physico-chimiques ; les horizons A de juxtaposition : la matière organique est sous forme de boulettes fécales juxtaposées aux particules minérales. Les horizons A se situent sous les horizons holorganiques, sinon en partie supérieure du sol. S'ils sont labourés, ils sont dénommés AL.

Différents types ont été isolés.
Aca : horizons A calcaires, qui font effervescence à l'acide chlorhydrique, renfermant moins de 8 % de carbone organique, et qui ont une structure grumeleuse ou grenue et comportent des éléments grossiers ;
Aci : horizons A calciques proches des Aca, mais qui ne font pas effervescence à l'acide chlorhydrique ;
Ado : horizons A dolomitiques, carbonatés mais ne faisant effervescence à l'acide chlorhydrique qu'à chaud avec un rapport Ca2+/Mg2+ supérieur à 5 ;
Amg : horizons magnésiques avec un rapport Ca2+/Mg2+ inférieur à 2 ;
Ahs : horizons sombriques, non calcaires, à structure polyédrique fine et pH compris entre 5,5 et 6,5, très riches en matière organique, de couleur sombre ;
Ach : horizons A cherniques dont la matière organique diminue avec la profondeur, avec une teneur en carbone organique d'au moins 3 % dans les 10 premiers centimètres ;
An : horizons A des anmoors, noirs, épais, très riches en carbone organique, à consistance plastique ;
Avi : horizons A vitriques, peu altérés, riches en verres volcaniques, comportant moins de 10 % d'argile et plus de 0,6 % de matière organique ;
Alu : horizons A aluandiques, à pH inférieur à 4,5, structure microgrumeleuse et teneur en carbone organique supérieure à 3 %, noirs et de densité apparente inférieure à 0,9 ;
And : horizons A allophaniques proches de l'horizon Alu, mais avec un pH supérieur à 4,5 ;
Av : horizons A vertiques, avec beaucoup de matière organique et une structure grumeleuse.