agriculture biologique (suite)
Historique.
L'agriculture biologique, longtemps restée pratiquée de manière très marginale, trouve ses origines dans les idées de deux précurseurs, H. Pfeiffer et A. Howard. H. Pfeiffer, s'appuyant sur les idées de R. Steiner, propose une méthode d'agriculture basée sur l'emploi de dilutions homéopathiques et le respect de cycles planétaires, et préconisant l'autonomie des exploitations agricoles (la biodynamie). Actuellement, l'agriculture biodynamique est pratiquée en Autriche, en Angleterre, en France, aux Pays-Bas, en Suède, en Norvège, aux États-Unis. Mais c'est surtout en Allemagne et en Suisse qu'elle est le plus développée, le label « Demeter » identifiant ses produits. Après 40 ans de recherches en Inde, A. Howard publia en 1940 son Testament agricole, dans lequel il préconise une agriculture organique reposant sur l'utilisation de composts. Cette agriculture organique, qui fait l'hypothèse que les plantes sont capables d'assimiler des molécules organiques simples (acides aminés) et profitent des oligo-éléments contenus dans les produits compostés ou synthétisés par les micro-organismes qui les dégradent, s'est surtout développée dans les pays anglo-saxons. Après la Seconde Guerre mondiale, le professeur Rush, médecin, publie la Fécondité des sols, livre dans lequel il prône le développement d'une agriculture préservant la fertilité des sols par l'emploi d'amendements organiques et utilisant au maximum les ressources renouvelables. L'agriculture biologique est donc caractérisée, au moins dans ses origines, par l'existence de plusieurs courants, qui se distinguent par les méthodes culturales employées et par les hypothèses, voire les idées philosophiques ou métaphysiques, sur lesquelles reposent le raisonnement de ces méthodes.
En France, le premier essor de l'agriculture biologique date de la fin des années 1950, avec la création en 1959 du GABO (Groupement des agriculteurs biologiques de l'Ouest), puis, au niveau national, de l'AFAB (Association française de l'agriculture biologique) en 1962. A partir de 1969, des groupements régionaux sont créés qui accueillent tous les courants de l'agriculture biologique et qui seront regroupés en 1978 en une Fédération nationale d'agriculture biologique. La reconnaissance officielle de l'agriculture biologique ne démarre véritablement qu'au début des années 80, parallèlement à la brusque prise de conscience des problèmes environnementaux que pose l'agriculture. En juillet 1980, la Loi d'orientation agricole reconnaît la spécificité d'une agriculture qui n'utilise pas de produit de synthèse et, en 1981, le produit biologique est défini par son mode de production (cahier des charges) ; en 1986, Nature et Progrès est la première organisation d'agriculteurs biologiques dont le cahier des charges est accepté. Le mouvement s'accélère dans le milieu des années 90, parallèlement aux différentes crises qui affectent la qualité sanitaire de produits de masse, et, en 1991, 14 cahiers des charges sont homologués pour les produits végétaux non transformés. Une réglementation européenne est adoptée en 1991 pour les produits végétaux, en 1992 pour les produits animaux. D'autre part, des mesures sont prises au niveau national pour encourager les reconversions en agriculture biologique, qui font désormais partie des mesures éligibles dans le cadre d'un Contrat territorial d'exploitation. En 1999, les surfaces déclarées en agriculture biologique dépassaient pour la première fois la barre des 1 % de la SAU nationale.
Les méthodes de l'agriculture biologique.
Elles sont très variées. On peut cependant dégager quelques grands principes.
En matière de choix des successions culturales, on cherche à alterner des productions aussi variées que possible (pour diminuer les risques d'infestation par les maladies ou les parasites inféodés à une culture, en insérant des cultures de légumineuse (lentilles) ou des prairies à base de légumineuses (pour favoriser la fixation symbiotique de l'azote atmosphérique). D'autre part, la pratique des engrais verts est quasi systématique.
Concernant le travail du sol, son objectif principal n'est plus seulement de régénérer la structure mais aussi de favoriser l'activité biologique du sol et de lutter mécaniquement contre les mauvaises herbes. On cherche à ameublir le sol sans trop perturber l'ordre des couches de sol : le labour est ainsi souvent remis en question et le travail profond est effectué à l'aide de décompacteurs à dents droites.
La fertilisation repose sur l'emploi de produits organiques et de minéraux naturels. La fertilisation azotée est conduite grâce à l'utilisation d'une grande variété de produits (corne, farine de plumes, sang séché, guano, etc.). Les fertilisants minéraux autorisés sont ceux de faible solubilité, n'ayant pas subi de transformation chimique (poudres de roche, patentkali, cendres, dolomie, etc.).
La lutte contre les mauvaises herbes fait essentiellement appel à des méthodes préventives : la succession des cultures et l'association de cultures sont raisonnées de manière à prévenir l'infestation des mauvaises herbes. Le binage mécanique (y compris sur céréales en utilisant des outils appropriés telle la herse étrille) et la pratique des faux semis (consistant à travailler superficiellement le sol pour favoriser la levée des repousses et des adventices) sont largement employés. Enfin le désherbage thermique est également utilisé.
La lutte phytosanitaire est également avant tout préventive : le choix variétal, l'alternance des cultures dans la succession, la désinfection thermique du sol avant plantation sont les principales méthodes préventives contre les parasites et maladies. Les méthodes de lutte biologique et certains produits minéraux (souffre, cuivre, permanganate de potassium) ou à base de plantes (nicotine) sont autorisés. Cependant, certains problèmes sont mal résolus par les méthodes de lutte biologique : c'est le cas par exemple de la maîtrise des populations de limaces, pour lesquelles l'emploi de métaldéhyde est autorisé, ou de pucerons pour lesquels le pyrimicarbe est lui aussi autorisé.