triticale (suite)
Le triticale talle plus rapidement que le blé en raison d'un besoin moindre en degrés jours (80 degrés jours pour l'émission d'une feuille, contre 100 à 110 pour le blé). A même précocité qu'un blé tendre, l'épiaison a lieu plus tôt. La phase de maturation physiologique est en revanche plus longue que celle du blé, ce qui constitue un handicap en cas de fortes températures et de sécheresse au moment de la maturation. En effet, le risque d'échaudage durant cette période s'en trouve accru.
La valeur énergétique du triticale est du même ordre de grandeur que celle du blé. Sa teneur en matières azotées totales est inférieure à celle du blé et comparable à celle de l'orge, mais sa teneur en lysine est supérieure à celle du blé, alors que sa composition pour les autres acides aminés est la même.
Culture.
L'itinéraire technique se rapproche de celui du blé et de l'orge, le choix des variétés devant être adapté aux conditions agro-climatiques. Les dates de semis sont les mêmes que pour le blé, et tiennent compte des différentes précocités à la montaison. Le semis est réalisé fin septembre-début octobre pour les variétés tardives et fin octobre pour les variétés précoces. La densité de semis, dans des conditions normales, est en moyenne de 300 grains/m2 ; elle est augmentée jusqu'à plus de 350 grains/m2 pour des semis tardifs. La fertilisation azotée est la même que pour le blé, les besoins étant identiques (3 kg par quintal de grains) en tenant compte toutefois de la plus grande sensibilité du triticale à la verse.
Le potentiel de rendement est analogue à celui du blé : environ 10 t/ha. En raison de la sensibilité particulière du triticale à l'échaudage, le rendement est sensiblement diminué lorsque survient au moment de la maturation une période de forte chaleur et de sécheresse.
Maladies et ravageurs.
Le triticale est assez résistant aux maladies : il est indemne d'oïdium, et peu sensible au piétin verse et au piétin échaudage, ce qui lui permet de succéder sans risque majeur à une autre céréale. Il est en revanche sensible aux rouilles, principalement à la rouille brune, aux septorioses et à la fusariose. La lutte contre les maladies peut être limitée à un seul traitement, soit à la sortie de la dernière feuille soit en début d'épiaison.
Surfaces cultivées et production.
En tant qu'espèce récente, le triticale occupe une place réduite dans la superficie mondiale des céréales, mais en augmentation régulière. On estime la superficie mondiale à environ 4 millions d'hectares. L'Union européenne est le premier producteur, avec une superficie proche de 900 000 ha. Les autres principaux pays producteurs sont la Pologne (750 000 ha), la Russie (500 000 ha), les USA (350 000 ha) et l'Australie (250 000 ha). En Europe la culture s'est surtout développée dans les pays du nord, avec des variétés de type hiver.
En France, la culture a d'abord pris de l'extension dans le Massif central, puis a gagné la Bretagne et, progressivement, l'Ouest. Cette progression s'est souvent faite au détriment de l'orge. La superficie ensemencée en 1998 s'élevait à 230 000 ha, dont le tiers en Bretagne et dans les Pays de la Loire. La production atteignait près de 1,3 million de t.
Roger-Estrade (A.)