Larousse agricole 2002Éd. 2002
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bovins (suite)

Troupeaux laitiers et troupeaux allaitants.

Les bovins, avec une population mondiale de 1,5 milliard de têtes (1,4 milliard de taurins et 150 millions de zébus), arrivent au 1er rang des mammifères domestiques. Leur utilisation pour le travail (traction, voire portage) reste importante pour les petits paysans des pays en voie de développement ; partout ailleurs, les bovins sont élevés pour le lait et la viande. Selon les conditions de chaque pays (conditions climatiques, taille des exploitations, disponibilité des ressources fourragères, demande des marchés locaux,...), on trouve soit des troupeaux laitiers dans lesquels les vaches font l'objet d'une traite biquotidienne, soit des troupeaux allaitants dans lesquels le lait des mères est consommé directement au pis par les veaux.

Dans les régions tempérées, les troupeaux laitiers sont composés soit de races à objectifs multiples (races mixtes dans lesquelles on sélectionne la production laitière tout en cherchant à maintenir les qualités bouchères : croissance et surtout la conformation des carcasses ; exemples en France : la montbéliarde ou la normande), soit de races spécialisées pour le lait (la holstein en est aujourd'hui un exemple quasi universel) dans lesquelles on s'attache principalement aux caractères laitiers sans beaucoup se préoccuper des aptitudes bouchères, la viande étant dans ces races considérée comme un sous produit ; il faut toutefois remarquer que ce sous produit reste quantitativement important car il correspond aux animaux de réforme ainsi qu'à tous les jeunes qui ne sont pas utilisés pour le renouvellement des troupeaux. Quel que soit l'objectif visé, les troupeaux laitiers font en général l'objet de soins attentifs (niveau et qualité de l'alimentation, maîtrise de la reproduction avec utilisation fréquente de l'insémination artificielle, maîtrise des conditions sanitaires, ...), qui sont à la fois possibles grâce à la surveillance dont font l'objet les animaux (traite biquotidienne) et souhaitables pour rentabiliser les troupeaux par un niveau de production laitière aussi élevé que possible. Ainsi, les troupeaux laitiers sont-ils en général conduits de façon intensive : si, dans les élevages de taille moyenne (jusqu'à environ 60 vaches), les troupeaux exploitent les pâturages pendant toute la belle saison, tout en recevant une alimentation complémentaire lors de la traite, il n'en est plus de même dans les élevages de grande taille (100 vaches et au delà) où les troupeaux sont conduits, tout au long de l'année, en stabulation (cours bétonnées et bâtiments) ; dans ce cas, tous les aliments sont apportés à l'auge, qu'il s'agisse des fourrages verts juste récoltés (zéro grazing) ou conservés (ensilage d'herbe ou de maïs) ou des concentrés (céréales et tourteaux).

De leur côté, les troupeaux allaitants exploitent soit des races locales à objectifs multiples, bien adaptées à leurs régions mais dont le niveau de production laitière est insuffisant pour continuer à justifier l'opération de traite (en France, on peut en donner l'exemple de la race aubrac qui, produisant environ 2000 kg de lait, a abandonné la traite dans les années 1960), soit des races spécialisées depuis longtemps dans la production de viande, dont beaucoup étaient autrefois utilisées pour la traction animale (cas de la race charolaise aujourd'hui présente sur tous les continents). Les troupeaux allaitants sont, en général, conduits de manière beaucoup plus extensive que les troupeaux laitiers : ils vivent, pendant la plus grande partie de l'année voire toute l'année, à l'extérieur sur les pâturages ou les parcours et ne reçoivent guère alors d'alimentation complémentaire. Leur croissance est donc fonction des conditions climatiques et de la surface de pâturage disponible par animal : si, en France, on parle souvent de chargement (nombre de gros bovins par hectare) de l'ordre de 1, la situation est très différente dans les zones de ranching où chaque couple mère-veau demande de 5 à 20 ha et même plus ! Dans de tels systèmes, la monte naturelle est de règle, sauf pour les élevages de sélection, et l'on s'arrange naturellement, en jouant sur l'introduction et le retrait des taureaux dans les troupeaux de femelles, pour grouper au maximum les naissances des veaux à la saison la plus favorable (pousse de l'herbe, température clémente).

Principales races bovines

La plupart des races bovines (Bos taurus) exploitées dans le monde, et notamment dans les zones tempérées, sont d'origine européenne. Pour le lait, la plus importante est aujourd'hui la holstein friesian, race originaire des pays du littoral de la mer du nord et sélectionnée ensuite dans une optique laitière en Amérique du Nord. Viennent ensuite les pie rouges continentales (simmental et montbéliarde) et la brune, originaires de Suisse et plus largement de l'arc alpin, ainsi que l'ayrshire et la jersiaise, originaires des îles Britanniques. À côté de ces races à extension internationale, on trouve naturellement toute une série d'autres races qui, bien que localisées dans certains pays ou groupes de pays, n'en ont pas moins là une importance économique de premier plan (par ex. la race normande dans l'ouest de la France) ; il est d'ailleurs intéressant de noter que ces races, bien que fortement localisées dans leurs régions d'origine, font aujourd'hui fréquemment l'objet d'exportations vers d'autres régions du monde : c'est par exemple le cas de la normande qui se développe en Amérique du Sud tant pour le lait que pour la viande, ou de la tarentaise qui s'implante en tant que race laitière rustique au Maghreb et en Albanie et en tant que race allaitante dans les montagnes Rocheuses américaines.

Pour la viande, deux groupes de races allaitantes interviennent principalement : les races d'origine anglaise, de format moyen, rustiques et à grande précocité, avec notamment les races hereford et angus. Ce sont ces deux races qui constituent encore aujourd'hui l'essentiel de la base génétique femelle des grands troupeaux allaitants du monde : Amérique du Nord et du Sud, Océanie, Afrique du Sud, etc. Sur ces femelles bien adaptées aux conditions de milieu et possédant d'excellentes qualités maternelles, on utilise généralement des reproducteurs à plus fort potentiel de croissance, donnant des carcasses mieux conformées et moins grasses ; c'est là qu'interviennent les races à viande originaires de France (charolais, limousin, blond d'Aquitaine) ou d'Europe continentale (simmental, piémontais, chianina). Dans les zones chaudes et les pays tropicaux, on utilise aussi des reproducteurs hybrides taurins-zébus ou même zébus purs (le plus utilisé est le zébu brahman, un zébu indo-pakistanais sélectionné au sud des Etats-Unis).