digestion (suite)
Les lipides sont aussi remaniés dans le rumen, où les bactéries assurent en outre la production d'une grande partie des vitamines du groupe B au profit de l'animal hôte.
Chez le jeune ruminant, le lait passe directement de la bouche dans la caillette grâce à la fermeture de la gouttière œsophagienne, véritable tube acheminant les liquides de l'œsophage au feuillet. Cet acte réflexe, déclenché par le passage dans la bouche de certains composants du lait, ne se produit pas toujours lorsque le lait est dilué avec de l'eau, ce qui risque de provoquer des accidents.
Le développement du rumen est assuré par la consommation d'aliments solides et d'eau, qui sont entraînés dans la panse, où ils subissent un début de fermentation microbienne. Il convient donc d'habituer assez tôt les sujets d'élevage à consommer des aliments encombrants (fourrages, par exemple).
Les aliments doivent être réduits à l'état de fines particules par la rumination et la digestion bactérienne de la panse pour pouvoir passer à travers l'orifice réseau-feuillet. Dans cette dernière poche, ils subissent une concentration en matière sèche, qui permet à l'organisme animal de récupérer une partie de l'eau utilisée pour véhiculer les aliments lors de la rumination et de faciliter l'acidification du bol alimentaire dans la caillette, où s'effectue une digestion gastrique qui dégrade des protéines.
La digestion dans l'intestin grêle s'effectue sous l'action combinée du suc pancréatique, de la bile et du suc intestinal sécrété en continu.
Le gros intestin, notamment le cæcum, renferme des espèces bactériennes qui transforment 15 % de la cellulose digestible en acides gras volatils. Le côlon assure la réabsorption de l'eau et prépare l'émission des excréments (de 10 à 20 fois par jour). Les bovins éliminent de 15 à 45 kg de fèces, qui contiennent 83 % d'eau, alors que les moutons ne rejettent que de 1 à 3 kg de fèces qui sont beaucoup plus sèches (68 % d'eau).
Grâce à sa digestion microbienne, le ruminant est capable d'utiliser, pour satisfaire ses besoins nutritionnels, des produits (paille, urée) qui ne peuvent pas rentrer dans les rations humaines. Il apparaît donc comme complémentaire de l'homme sur le plan de l'utilisation des ressources alimentaires.
Chez le cheval et le lapin.
Bien qu'ayant les mêmes régimes alimentaires que ceux des ruminants, les phénomènes de la digestion microbienne se produisent essentiellement, chez ces espèces, au niveau du cæcum et du côlon. Les vitamines synthétisées par les micro-organismes se retrouvent ainsi pour l'essentiel dans les fèces. Toutefois, chez le lapin, un phénomène particulier de cæcotrophie permet à l'animal d'utiliser la totalité des résidus de la digestion microbienne, ce qui place les animaux pratiquant la cæcotrophie, d'un point de vue nutritionnel, dans la même situation que les ruminants.
Chez le porc.
Les aliments séjournent de 4 à 5 jours dans l'appareil digestif (les résidus d'un repas commencent à être éliminés environ 24 heures après leur ingestion).
Le porc saisit les aliments avec ses lèvres et son groin, et les mastique longuement en sécrétant environ 15 litres de salive par jour.
La déglutition et le transit œsophagien sont très rapides, surtout lorsque les aliments sont liquides. L'estomac, qui se remplit en 10 à 20 minutes, se vidange lentement ; dès la fin du repas, la fraction aqueuse est éliminée en même temps que 10 à 15 % de la matière sèche du repas.
Lors de la vidange stomacale, une petite partie du contenu intestinal repasse dans l'estomac, ce qui est indispensable à une bonne digestion gastrique.
La digestion glucidique débute dans la zone stomacale proche du cardia (l'amidon est dégradé dans les 3 heures qui suivent le repas). La digestion protidique est plus importante, et les protéines, sous l'action du suc gastrique, sont hydrolysées en peptides, qui transitent, de 2 à 6 heures après le repas, dans l'intestin grêle. Les lipides restent plus longtemps dans l'estomac (de 5 à 8 heures).
La plus grande partie de la digestion s'effectue dans l'intestin grêle, où la fraction digestible des aliments est transformée en nutriments (oses, acides aminés, glycérol et acides gras), qui, après absorption et passage dans le sang, couvrent les besoins de l'animal.
Il existe dans le gros intestin du porc une dégradation microbienne des glucides membranaires. Mais, étant donné la composition du régime des porcs élevés industriellement, cette digestion ne présente que peu d'intérêt. Cependant, elle permet au sanglier de se nourrir d'herbes ou de racines.
Chez le porc, le gros intestin assure la résorption de l'eau, la putréfaction des matières azotées résiduelles et prépare l'émission des fèces (de 0,5 à 3 kg de fèces produits par animal et par jour).
La digestion chez le porc étant très comparable à la digestion chez l'homme, on peut considérer les porcins comme concurrents de l'espèce humaine sur le plan de l'utilisation des ressources alimentaires, car ils utilisent, comme l'homme, les céréales comme principale source d'énergie et les protéines comme nutriments azotés. La situation est semblable chez la poule et les autres animaux de la ferme.
Chez la poule.
Les aliments prélevés et grossièrement fragmentés sont déglutis. La poule adulte sécrète de 10 à 15 cm3 de salive par jour.
Les nombreuses glandes à mucus, dans l'œsophage et surtout dans le jabot, assurent le transit des aliments. Le passage du bol alimentaire de la bouche au proventricule (ou ventricule succenturié) est relativement lent. Le jabot sert à stocker les aliments. Son rôle sécrétoire est très discuté.
Les aliments subissent dans cet organe non seulement l'action des enzymes salivaires, mais aussi une protéolyse plus ou moins importante.
Lors de leur passage dans le ventricule succenturié, les aliments sont mélangés au suc gastrique, qui comprend, en particulier, de l'acide chlorhydrique et de la pepsine. Dans le gésier, il existe une véritable digestion pepsique ainsi qu'une dégradation de l'amidon, provoquées par une enzyme amylolytique sécrétée par les cellules du proventricule ; les aliments sont malaxés grâce aux mouvements de contraction des muscles. La présence de petits cailloux dans cette poche permet à l'oiseau d'y broyer les graines. L'action du gésier est très réduite lorsque les volailles sont nourries avec des farines et importante lorsqu'ils le sont avec des grains. Il faut penser à mettre des petits cailloux, appelés grilts, qui permettent une augmentation de 10 % environ de la digestibilité des céréales, à la disposition des oiseaux élevés en batterie.