Larousse agricole 2002Éd. 2002
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pois protéagineux (suite)

Pendant toute la phase reproductrice, il y a un chevauchement entre la floraison et la fructification, en raison de l'échelonnement de la floraison sur plusieurs semaines. On trouve sur la plante des gousses en cours de remplissage sur les nœuds inférieurs et des nœuds encore au stade bouton floral sur les étages supérieurs si la floraison est longue.

Exigences physiologiques.

Le pois est sensible aux températures élevées : au-delà de 28 °C, la floraison est arrêtée et sa durée abrégée. Les besoins en eau sont faibles jusqu'au stade 5-6 feuilles, mais augmentent rapidement à partir de ce stade. De 10 à 15 jours avant la floraison, et jusqu'à la maturité physiologique des graines, la consommation totale se situe autour de 250 mm. C'est surtout pendant la floraison que l'effet dépressif sur le rendement d'un manque d'eau se manifeste.

Consommation d'azote.

Le pois, comme les autres légumineuses, a la capacité de fixer l'azote atmosphérique grâce à la symbiose qui s'opère dans les nodosités entre la plante et les Rhizobium. Cette fixation se fait concurremment avec l'absorption de l'azote du sol par les racines. Au total, la consommation d'azote est de l'ordre de 6 kg par quintal de grain, soit autour de 300 kg pour un rendement de 50 q/ha. La proportion d'azote provenant de l'activité symbiotique est très variable car elle peut être affectée par des conditions défavorables du milieu (sécheresse ou excès d'humidité du sol, température trop froide, état structural, etc.) ou par une forte teneur en azote minéral du sol. On estime cependant qu'en conditions normales, elle se situe entre 60 et 80 %.

Semis.

Le semis a lieu en novembre pour les pois d'hiver et à partir de mi-février pour ceux de printemps. Le peuplement recherché est de l'ordre de 80 à 100 plants/m2. La quantité de semences dépend du poids des 1 000 grains, qui varie entre 150 et 300 g, ainsi que du pourcentage estimé de pertes à la levée. Suivant le type de semoir (céréales ou monograine), l'écartement entre rangs est de 17 ou de 25 cm, voire de 40 cm. La profondeur du semis est comprise entre 4 et 6 cm.

Fertilisation.

Compte tenu de la fixation symbiotique de l'azote atmosphérique, l'apport d'azote sur la culture n'est pas nécessaire. Pour la fumure phospho-potassique, il n'y a pas de règle générale. Celle-ci dépend des précédents, de la teneur du sol en anhydride phosphorique et en potasse, ainsi que des immobilisations par la plante. Les apports moyens sont d'environ 35 kg d'acide phosphorique par hectare et de 150 à 250 kg/ha pour la potasse.

Irrigation.

En année sèche et sur des sols superficiels, il y a un risque réel de stress hydrique qui nécessite un appoint d'irrigation, en une ou plusieurs fois suivant les besoins, avec un volume d'eau de l'ordre de 40 mm par apport.

Lutte contre les adventices.

Le pois est une culture lente à s'installer et qui ne devient compétitive vis-à-vis des adventices que de 4 à 5 mois après le semis pour les pois d'hiver et de 1 à 2 mois après le semis pour ceux de printemps. Un désherbage précoce est nécessaire pour éviter une invasion précoce difficile à rattraper. Comme dans le cas du colza, la technique du faux semis est un moyen efficace. Elle peut être complétée par un désherbage chimique avant le semis ou avant la levée. Celui-ci est cependant plus efficace contre les dicotylédones que contre certaines graminées comme le ray-grass ou la folle avoine. En cours de végétation, notamment au printemps, les moyens d'intervention contre les dicotylédones sont plus limités et ne constituent souvent qu'une solution de rattrapage en cas de forte infestation. Il existe en revanche une gamme de produits sélectifs du pois assez large contre les graminées.

Maladies.

Les maladies les plus fréquentes sont les suivantes : l'anthracnose, le botrytis, le mildiou et le sclérotinia. Une nouvelle maladie est apparue en France depuis quelques années : se traduisant par un nanisme et un dessèchement de la plantule, elle est provoquée par le champignon Aphanomyces euteiches.

Le développement du botrytis et de l'anthracnose, dont la période d'expansion correspond à la floraison, est enrayé par un ou deux traitements. Le traitement des semences est le moyen le plus efficace pour lutter contre le mildiou et limiter les risques d'anthracnose. Il n'existe pas de traitement efficace contre l'Aphanomyces.

Ravageurs.

En dehors des limaces, relativement peu fréquentes sur le pois et contre lesquelles on peut intervenir avec des hélicides, les parasites habituels du pois sont les thrips, minuscules insectes noirâtres, et les sitones, petits charançons qui attaquent les jeunes plantes et les nodosités. La lutte se fait par traitement des semences et, en cas de fortes attaques, par pulvérisation d'insecticides. Au début de la floraison, les ravageurs les plus fréquents sont le puceron vert du pois, la tordeuse et la bruche. Les premiers provoquent un dessèchement de la plante ; les larves de tordeuses et de bruches attaquent les gousses et les grains. Les moyens de lutte sont les traitements par insecticides.

Utilisations.

Avec une teneur moyenne en matières azotées totale (MAT) de 25 %, le pois se situe entre les céréales (11 %) et les oléagineux (40 à 50 %). Il est riche en lysine (5 % de la MAT), mais pauvre en tryptophane et en acides aminés soufrés. La valeur énergétique est du même ordre de grandeur que celle du blé, voisine de 1 UF (unité fourragère) par kilogramme de matière sèche. La composition de la graine du pois en fait un aliment concentré pour les animaux. Grâce à sa teneur en matières azotées ainsi qu'en acides aminés, on l'utilise comme substitut au tourteau de soja.

Surfaces cultivées et production.

D'après l'Union nationale interprofessionnelle des protéagineux (UNIP), la production mondiale de protéagineux de 1998 s'élevait à 12,3 millions de t, les deux premiers producteurs étant la France (3,3 millions de t) et le Canada (2,3 millions). Suivant la même source, la production de l'Union européenne était de 5, 7 millions de t, pour une superficie de 1,4 million d'ha. En dehors de la France qui, avec 640 000 ha, assure 60 % de cette production, l'Allemagne et le Royaume-Uni, avec chacun 200 000 ha, sont les deux autres principaux producteurs.