taille (suite)
Tailles de renouvellement.
Autrefois, toutes les régions de production avaient un système de taille qui leur était propre. Aujourd'hui, si certains systèmes particuliers subsistent encore localement, 3 grands types dominent dans le vignoble français : la taille en gobelet et la taille en cordon de Royat (tailles courtes) ; la taille guyot, simple ou double tailles longues :
la taille en gobelet : cette taille courte laisse plusieurs bras portés par un tronc en général court, très bas en Beaujolais, plus haut en zone méridionale. Ces bras, au nombre de 3 ou 4, sont en général disposés en circonférence, chacun portant un courson taillé à 2 ou 3 yeux sur le bois de l'année. Lorsque les bras sont disposés dans un même plan vertical, la taille est dite en éventail ;
la taille en cordon, en particulier en cordon de Royat : pendant la taille de formation, on développe la charpente de vieux bois à l'horizontale et à la hauteur voulue. On taille ensuite chaque année les sarments, en général à 2 yeux. Ces derniers donnent 2 rameaux fructifères. On ébourgeonne en général en dessous du bras de la charpente, de manière à ne laisser se développer les yeux que sur les coursons supérieurs ; l'extrémité du bras peut porter une « baguette », sarment taillé à 3 ou 4 yeux couché horizontalement, et qui permet d'allonger la charpente. La taille en cordon de Royat est pratiquée en Champagne, mais aussi dans le Midi pour les raisins de table ;
la taille guyot : très utilisée dans les vignobles septentrionaux, palissés, elle laisse en général une baguette plus ou moins courbée, taillée de 4 à 6 yeux, et un courson à 2 yeux pour le renouvellement l'année suivante. Elle se prête à la fois à la conduite des vignes basses (Médoc), des vignes à moyenne hauteur avec une arcure très provisoire (Maçonnais, Savoie) ou des vignes hautes (Alsace, Cognac, Jurançon). La taille guyot est en général simple, mais peut être double (2 baguettes et 2 coursons).
À côté de ces 3 types de taille, il en existe un certain nombre d'autres spécifiques de chaque région, en particulier dans les AOC, issues de la tradition et tenant compte du sol, de l'altitude, du climat et des caractéristiques du cépage (taille maconnaise, quenouille alsacienne ). Les recherches dans ce domaine se poursuivent et, depuis une quinzaine d'années, l'INRA de Bordeaux a mis au point une taille « en lyre », c'est-à-dire en forme de U élargie, perpendiculaire au rang, permettant de mieux éclairer les zones fructifères. Des essais sont faits dans différents vignobles, en particulier en Champagne. Mais seul l'INAO (Institut national des appellations d'origine des vins et des eaux-de-vie) peut autoriser, après comparaison des résultats obtenus avec ceux des tailles réglementaires, leur utilisation après modification de l'arrêté de définition de l'AOC.
Époques de la taille.
La taille est une opération qui demande beaucoup de temps et de main d'œuvre, et qui peut difficilement être mécanisée. Le vigneron dispose en revanche de beaucoup de temps pour l'effectuer, depuis la chute des feuilles à l'automne jusqu'au printemps. La règle générale veut que l'on taille le plus tard possible, pendant l'hiver, surtout dans les zones septentrionales, afin de favoriser la mise en réserve dans la phase d'aoûtement d'éléments nutritifs (amidon) qui vont être utilisés au printemps pendant le débourrement.
Dans les zones ou le gel de printemps est fréquent, une taille après le débourrement est parfois utilisée : les yeux de l'extrémité du sarment sont en effet les premiers à se développer, et protègent donc ceux de la base. Dans les zones méridionales, les tailles peuvent commencer dès la chute des feuilles, à l'automne.
Matériels utilisés.
La taille elle-même est manuelle, mais il existe des machines de prétaille, utilisées dans les systèmes de taille courte, qui permettent le raccourcissement des sarments, et parfois leur broyage avant dépôt au sol. La taille proprement dite permet ensuite d'ajuster le nombre d'yeux par souche suivant le système choisi. Les outils sont essentiellement le sécateur ou la cisaille à manche pour les vignes à développement végétatif important - ces outils peuvent être assistés par l'air comprimé, l'hydraulique ou même l'électricité.
Travaux annexes.
Les travaux de taille doivent être complétés par l'élimination des sarments. La méthode classique consiste à les rassembler en bout de parcelle et à les brûler. Dans certains vignobles, on déplace de petits chariots brûleurs qui laissent les cendres au sol.
Lorsque les vignobles sont en non-culture, on peut regrouper les sarments de 3 rangs sur un seul et les laisser se décomposer au sol. Il existe des broyeurs de sarments que l'on passe avant les labours. Ces broyeurs peuvent être enfouisseurs.
Taille en vert.
En plus de la taille principale d'hiver, une taille en vert est aussi pratiquée, afin d'éliminer toute végétation superflue. Ces opérations de nettoyage sont multiples :
l'épamprage et l'ébourgeonnage consistent, surtout enmai et juin, à débarrasser le tronc et les bras de la souche des rameaux inutiles, et à supprimer les départs des repousses du porte-greffe ;
le rognage, pratiqué pendant l'été, après des pluies, consiste à supprimer les rameaux issus des prompts-bourgeons, qui vont détourner une partie des aliments destinés à la grappe. Cette opération se faisait autrefois à la main ; on pratique actuellement l'écimage, qui consiste à passer des barres de coupe sur le dessus et les côtés de la souche, de manière à raccourcir tous les rameaux en développement ; cela favorise aussi l'éclairement des grappes, donc leur maturation. Secondairement, cette opération nettoie les passages entre rangs, et donc facilite les traitements.
l'effeuillage, pratiqué au niveau des grappes, peut favoriser la maturation et réduire les risques de développement de la pourriture ; cette opération peut être mécanisée.
Sur les vignes palissées, deux autres opérations sont pratiquées :
la fixation de la baguette sur le fil de fer, après la taille en forme longue (taille guyot) ;
le relevage des fils de fer et leur accrochage sur les piquets, de manière à maintenir la végétation regroupée le plus possible sur un plan et en hauteur, au fur et à mesure du développement des rameaux à port retombant. Les opérations de relevage sont souvent au nombre de 2, parfois 3 en cours de saison.