Larousse agricole 2002Éd. 2002
A

angora (suite)

La chèvre angora est un animal très rustique qui se développe lentement, mais, avec un mode de conduite moins extensif et l'utilisation d'aliments complémentaires, son développement corporel est plus important tandis que ses performances de reproduction et sa production de mohair sont améliorées : premier chevreau à 2 ans, naissances une fois par an au printemps, première tonte vers l'âge de 6 mois (de 500 à 1 000 g de mohair) puis 2 fois par an, au printemps et en automne. La production annuelle de mohair brut, qui augmente avec l'âge de l'animal, atteint ainsi progressivement de 3 à 6 kg chez le mâle et de 2 à 4 kg chez la femelle.

La toison de la chèvre angora est normalement composée d'un seul type de fibre, le mohair, une fibre kératinique pure ayant une finesse moyenne de 25 à 40 microns. On peut rencontrer jusqu'à 5 % de fibres médullées (formées autour d'une moelle), souvent grossières et indésirables. La croissance du mohair est permanente, la pousse étant plus forte en été qu'en hiver. La longueur des fibres est de 8 à 12 cm après 6 mois de pousse. La qualité de la toison dépend principalement de la finesse des fibres et de la faible présence de fibres médullées ; elle diminue avec l'âge de l'animal.

Le schéma d'amélioration génétique de la chèvre angora, mis en place par les éleveurs français en 1988, vise à augmenter la production de mohair de qualité. Les critères de sélection retenus (poids et homogénéité des toisons, finesse des fibres, absence de fibres médullées) donnent matière à des contrôles réalisés à la ferme (pointage des animaux et prélèvement de toison à 18 mois, poids de tonte 2 fois par an), à la station de contrôle individuel des futurs boucs de renouvellement, et en laboratoire (analyse de la qualité des fibres contenues dans les prélèvements). Toutes ces données et les généalogies des animaux sont rassemblées dans un fichier national ; elles sont exploitées périodiquement pour estimer la valeur génétique des animaux et ainsi aider les éleveurs quant au choix et à la diffusion des futurs reproducteurs.

Le lapin angora

est élevé pour ses poils très fins, soyeux et longs, utilisés en bonneterie et pour le tricot.

Probablement originaire de Turquie, il était exploité en Angleterre dès le début du xviiie siècle. Les fibres textiles blanches étant les plus faciles à teindre, la production s'est orientée vers un lapin angora albinos dont le poids adulte est de l'ordre de 4 kg.

Le lapin angora est élevé en cage individuelle ou clapier en ciment et sur une litière propre de paille renouvelée régulièrement. L'élevage sur grillage ou sur caillebotis, en bois ou en plastique, est à proscrire, le lapin ayant le dessous des pattes fragile. Les clapiers, construits sur deux ou trois rangées superposées, peuvent être installés dans un bâtiment ou en plein air, à condition qu'ils soient à l'abri des courants d'air, de la pluie et des vents dominants. Un auvent de 1 m peut améliorer la protection des cages ; il est également possible de placer deux rangées l'une en face de l'autre, séparées par un couloir de 2,50 m, de poser une toiture et d'obtenir ainsi un local fermé à peu de frais.

Deux éléments pilotent l'élevage : l'épilation, qui a lieu tous les 100 jours environ, et le renouvellement du cheptel (un lapin angora vit de 5 à 6 ans). Le cycle d'élevage comporte une mise à la reproduction des femelles de 8 à 10 jours après la troisième ou quatrième épilation (à 9 ou 12 mois) ; la mise bas a lieu 30 jours plus tard et le sevrage des lapereaux se fait à 5 semaines, soit quelques jours avant l'épilation suivante de la mère.

La femelle produit de 800 à 1 400 g de poils par an et le mâle de 600 à 1 000 g. L'élevage est principalement constitué de femelles. Le sexage des jeunes a lieu dès la naissance pour ne conserver que le petit nombre de mâles nécessaires à la reproduction et pour limiter le nombre de jeunes à élever en raison des faibles qualités laitières de la mère. Les meilleures femelles sont mises à la reproduction ; les autres ne sont utilisées que pour la production de poils.

Le poil du lapin angora est récolté soit par épilation (seule méthode utilisée en France), soit par tonte. La 1re épilation, qui a lieu à l'âge de 8 semaines, donne peu de poil (de 30 à 50 g) ; la 2e, vers 5 mois, est encore peu productive (de 130 à 180 g) ; les récoltes suivantes, entre 8 mois et 4 ans, sont les plus intéressantes (de 200 à 350 g). L'épilation, qui s'effectue 4 fois par an, est facilitée par l'utilisation de produits dépilatoires distribués dans l'alimentation quelques jours avant la récolte. Elle se fait à l'aide d'un petit couteau à lame dentelée pour enlever les mèches de poils une à une, et elle prend de 15 à 30 minutes par animal.

La toison du lapin angora est composée de 2 types de poils : le jarre, un poil long (de 8 à 10 cm) et grossier (de 40 à 60 microns de diamètre), et le duvet, un poil plus court et plus fin (de 12 à 15 microns de diamètre). Selon la longueur et la proportion de ces 2 types de poils, on distingue plusieurs catégories de qualité, triées au moment de l'épilation : le poil jarreux de première qualité, long, propre et dur, avec deux hauteurs de poils bien distinctes dans la mèche ; le poil laineux de première qualité, long et propre, où l'on ne distingue pas les 2 types de poils dans la mèche ; le poil jarreux ou laineux de deuxième qualité, propre mais souvent trop court (moins de 6 cm), qui se trouve sur le ventre et les membres ; différents poils de qualité inférieure, qui sont feutrés ou sales.

La production du poil demande une alimentation riche en matières azotées. On emploie généralement de la luzerne (à l'état de foin ou déshydratée), de l'avoine, des tourteaux et des céréales. Les besoins alimentaires sont plus élevés aussitôt après l'épilation car l'animal est nu et perd beaucoup de chaleur. La ration préconisée est de 190 à 220 g par jour pendant le 1er mois, de 170 à 200 g par jour pendant le 2e et de 140 à 170 g par jour au cours du 3e. Un jour de jeûne hebdomadaire est conseillé afin de permettre à l'estomac de se vider et ainsi d'éviter l'accumulation, dans le tube digestif, des poils avalés lors de la toilette.