pomme de terre (suite)
Fertilisation.
La pomme terre est exigeante en azote, phosphore et potasse ; ses exportations s'élèvent en effet à 3,2 kg d'azote, 1,6 kg d'acide phosphorique et de 5,5 à 6 kg de potasse par tonne de tubercule.
L'azote est un élément déterminant pour le rendement de la culture. Il favorise le développement du feuillage et la formation et le grossissement du tubercule. Toutefois, en excès, il a tendance à privilégier la croissance foliaire au détriment des tubercules. Le raisonnement de la fertilisation azotée peut utiliser, comme pour les céréales, la méthode du bilan prévisionnel, en tenant compte des besoins spécifiques des différents types de pommes de terre et des variétés. L'azote est généralement apporté en une seule fois, au moment de la plantation ou lors de la préparation du sol.
En sol normalement pourvu, les apports en acide phosphorique et en potasse correspondent aux exportations ; ils sont effectués à l'automne ou au printemps. Dans ce dernier cas, il est préférable d'apporter l'acide phosphorique sous forme de superphosphate et la potasse sous forme de sulfate, ce qui permet de pallier une éventuelle carence en soufre. A titre indicatif, les apports d'acide phosphorique sont compris entre 80 et 150 unités/ha et ceux de potasse entre 150 et 300 unités/ha.
Irrigation.
En raison de la faible profondeur du système racinaire (de 40 à 50 cm), la pomme de terre est sensible au déficit hydrique, surtout au moment de l'initiation des tubercules. Un apport d'eau se révèle alors nécessaire, dont l'importance et la fréquence dépendent de l'état de siccité du sol. Les apports ne doivent cependant pas être trop importants, sous peine de favoriser le développement de pourritures.
Lutte contre les adventices.
Elle consiste surtout en des traitements chimiques effectués avant la levée ou en cours de végétation. Avant la levée, le spectre d'action des désherbants est suffisant pour détruire les adventices dicotylédones, à l'exception de certaines vivaces (chardons, liseron, etc.), mais leur efficacité est moindre en cours de végétation, surtout si les pommes de terre sont déjà développées. Les graminées sont maîtrisées par des désherbants spécifiques.
Maladies.
Les principales viroses sont l'enroulement, la mosaïque, la frisolée et la bigarrure, qui se traduisent par des nécroses et un rabougrissement des plantes. Les virus responsables sont transmis par des pucerons. Les seuls moyens de lutte sont la sélection sanitaire, l'utilisation de variétés résistantes et les traitements insecticides. Les progrès de la sélection sanitaire et du génie génétique ont permis au cours de deux dernières décennies de diminuer la pression des maladies à virus.
La pomme de terre peut également être touchée par des champignons microscopiques, dont la manifestation la plus grave est le mildiou de la pomme de terre (dû à Phytophtora infestans). Celui-ci est le principal facteur limitant de cette culture à l'échelle mondiale. Maladie épidémique, elle se manifeste par des destructions rapides sur les jeunes plants, par des taches d'aspect huileux qui brunissent sur les feuilles et par des nécroses sur l'ensemble de la plante, qui se dessèche. Les tubercules infestés présentent des zones de pourriture grise. Le mildiou évolue par cycles successifs pouvant entraîner des destructions massives des plantes. La maladie se traite de manière préventive par pulvérisation de produits cupriques ou de produits organiques de synthèse.
Parmi les autres maladies fongiques, on peut citer :
le rhizoctone brun (dû à Rhizoctonia solani), combattu par la désinfection des tubercules de semence, par des rotations longues et par l'arrachage des fanes ;
la verticilliose (due à Verticillium albo atrum), contre laquelle on utilise des variétés résistantes et des plants sains ;
l'alternariose (due à Alternaria solani), qui peut être enrayée par les traitements préventifs contre le mildiou ;
la galle argentée (due à Helminthosporium solani), maladie de conservation qui affecte les tubercules, contre laquelle l'utilisation de variétés peu sensibles est le seul moyen de prévention ;
les pourritures sèches des tubercules en conservation : les fusarioses (provoquées par diverses espèces du genre Fusarium) et la gangrène (causée par Phoma exigua). La lutte consiste en des traitements des tubercules avant la conservation et en une désinfection des locaux.
Les principales maladies bactériennes, qui attaquent surtout les tubercules, sont :
la pourriture brune des tubercules (due aux bactéries du genre Burkhoderia), qui s'est récemment développée en Europe ; la présence de ces bactéries dans le sol interdit la culture de la pomme de terre pendant cinq ans ;
la pourriture molle (bactéries du genre Erwinia), contre laquelle on lutte par des méthodes préventives : tri des semences, hygiène des locaux de conservation, pratiques culturales, etc. ;
la galle commune des pommes de terre (provoquée par des bactéries du genre Pseudomonas), qui peut être prévenue par l'utilisation de variétés peu sensibles.
Ravageurs.
Certains n'attaquent pratiquement que les organes souterrains : les plus importants sont les nématodes, et les larves de taupins. Les deux premiers sont les plus importants.
Deux espèces de nématodes sont des parasites spécifiques des pommes de terre : ce sont les nématodes à kyste (famille des hétéroderidés), qui figurent sur la liste européenne de quarantaine. Agglomérés en chapelets sur les racines, ils provoquent un rabougrissement de la plante et des tubercules. La perte de rendement qui s'en suit peut atteindre 75 %. En dehors de la désinfection du sol, le seul moyen de prévention est l'abandon obligatoire de la culture de la pomme de terre et d'autres solanacées pendant plusieurs années (décret du 15 novembre 1963). Les larves de taupins creusent des galeries dans les tubercules, les dépréciant et facilitant le développement de pourritures.
Sur le feuillage, le principal ravageur est le doryphore (Leptinotarsa decemlineata), dont les larves peuvent provoquer une défoliation complète des plantes. On le combat avec des pulvérisations d'insecticides, combinées quelquefois avec les traitements contre le mildiou. Les pucerons sont davantage dangereux par leur caractère de vecteurs de viroses que par les dommages causés à la plante.