tabac
1. Plante annuelle herbacée, de la famille des solanacées, cultivée essentiellement pour ses feuilles riches en alcaloïdes (nicotine). 2. Le produit obtenu à partir des feuilles séchées et préparées.
Originaire d'Amérique, où il était cultivé par les Indiens, le tabac fut introduit en Europe par le moine Thévet, qui le rapporta du Brésil. Mais l'usage du tabac ne s'est généralisé qu'après que Jean Nicot l'eut porté, en 1561, à la cour de Catherine de Médicis, sous la forme de tabac à priser. On accordait alors de nombreuses vertus médicinales à cette plante, consommée de diverses manières. C'est cependant la pipe qui, très tôt, prit le pas sur les autres modes de consommation. La cigarette n'est apparue qu'au milieu du XIXe. En France, la culture du tabac s'est développée dans le Sud-Ouest, à partir de 1687. Elle a atteint son apogée au milieu du XVIIIe, puis a décliné. En 1810, un décret impérial instituait le monopole de la fabrication et de l'achat du tabac. À partir de 1939, ce monopole fut entre les mains de la SEITA (Société nationale d'exploitation industrielle des tabacs et allumettes) privatisée en 1995 et qui a fusionnée en 1999 avec la société espagnole Tabacalera pour former le groupe Altadis.
Botanique
Les tabacs font partie du genre Nicotiana comprenant 66 espèces réparties en trois sous-genres : Petunoides (dans lequel on trouve les tabacs ornementaux), Rustica et Tabacum (dont l'espèce N. tabacum regroupe l'essentiel des tabacs cultivés dans le monde).
Les variétés cultivées sont des hybrides, classiquement regroupés en deux catégories :
les tabacs bruns, qui bien qu'en forte diminution représentent encore en France une grande partie de la production. Les variétés utilisées sont issues du type Paraguay (tabacs bruns légers), mais ce groupe compte aussi de très anciennes variétés qui représentent une infime partie de la production (Nijkerk par exemple, utilisée pour le tabac à mâcher ou à priser). Les tabacs bruns sont séchés à l'air avant de subir une fermentation ;
les tabacs clairs, qui appartiennent à 2 types : Burley, déficients en chlorophylle (mutants naturels), séchés à l'air naturel ; Virginie, variétés ayant une grande aptitude à jaunir, qui donne une matière première riche en sucre après séchage à l'air chaud (Fluecuring).
Bien que le tabac soit issu de pays chauds, la courte durée de son cycle végétatif a permis l'extension de son aire de culture aux zones tempérées. Cela étant, la plante est très exigeante en chaleur : l'optimum de température de l'air est de 25 à 30°C. En dessous de 15°C, la croissance et le développement sont très fortement ralentis, à - 3 °C, la plante est détruite. Au-dessus de 38°C, des brûlures des plus jeunes feuilles peuvent endommager la culture. Au-delà de 250 mm de pluie régulièrement réparties entre le 1er juin et le 31 août, la pluviométrie ne constitue pas un facteur limitant pour la culture (dans les sols à bonne réserve utile) pour les tabacs bruns et les types Burley.
Le type Virginie est plus exigeant en eau, et il est le plus souvent nécessaire d'irriguer la culture pendant l'été.
Les conditions climatiques en cours de culture jouent fortement sur la qualité du produit récolté : en maintenant les tissus turgescents, une humidité de l'air élevée contribue à produire des feuilles fines et peu gommeuses. Inversement, une hygrométrie de l'air trop faible entraîne la production de feuilles plus épaisses, plus étroites et plus difficiles à faire sécher. Si l'alimentation en eau et l'hygrométrie de l'air sont suffisantes, une élévation de la température contribue à donner des tissus fins en activant la croissance. Enfin, en année sèche et ensoleillée, les tabacs sont plus riches en alcaloïdes, en gomme, en résine, et plus aromatiques qu'en année humide.
Le type de sol joue également un rôle important, car la vitesse et les conditions de la croissance ont une influence sur la couleur du produit final, sur sa texture et sur sa combustibilité. Ainsi, dans les terres argileuses, riches en éléments minéraux, les feuilles sont épaisses, souvent mal colorées et de combustibilité moyenne, alors que dans les terres sableuses les feuilles sont plus légères, bien colorées et de meilleure combustibilité. Les sols riches en chlorure ne conviennent pas à cette culture, cet élément nuisant fortement à la combustion. Pour les tabacs de type Virginie, l'excès d'azote est très préjudiciable à la qualité.
Culture du tabac.
La période de culture s'étend, en France, d'avril à début septembre.
La place dans la succession des cultures est déterminée essentiellement en fonction de deux critères.
On évite en premier lieu un retour trop fréquent du tabac pour limiter la prolifération de certains parasites (champignon Charaga elegans responsable de la pourriture noire des racines, virus, nématodes ). La fréquence de retour est donc au minimum de 3 ans, jusqu'à 8 ans pour les variétés les plus sensibles. Pour les tabacs de type Virginie, on évite par ailleurs les précédents qui laissent un sol trop riche en azote (légumineuses, par exemple). Lorsqu'on ne peut faire autrement, il faut mettre en place, avant le tabac, une culture intercalaire (ray-grass, seigle) dont on exporte les parties aériennes.
Fertilisation.
Le tabac est une plante exigeante en potassium. Pour un rendement élevé (3 500 kg de feuilles par hectare pour les tabacs bruns et de type Burley, 3 000 kg par hectare pour les tabacs de Virginie), les besoins en éléments minéraux sont présentés dans le tableau page précédente.
La fumure organique ne peut être utilisée que pour les tabacs bruns et, avec certaines précautions, ceux de type Burley. Elle est fortement déconseillée pour les tabacs de Virginie. Il faut en tout cas éviter absolument les apports de chlore dans les amendements organiques.
Élément fondamental pour la croissance de la plante, l'azote a un effet très important sur le rendement de la culture. Cependant, un excès de fertilisation azotée nuit à la qualité du produit (tabacs grossiers, de maturité insuffisante, difficiles à faire sécher). Le Virginie ne supporte pas le moindre excès d'azote. Il faut donc veiller à ce que les apports de cet élément par la fertilisation tiennent compte de la minéralisation du sol en cours de culture et des reliquats de la culture précédente.