séchage (suite)
En agriculture, on appelle séchage tout procédé qui permet la conservation d'un produit agricole par l'abaissement de sa teneur en eau, qu'il s'agisse indifféremment du séchage des grains, de la déshydratation (pour les fourrages verts, les pruneaux ou le tabac), de la ventilation (chaude ou froide) du foin en grange ou même de la dessiccation de certains liquides.
Le séchage peut être naturel (fenaison, etc.) ou artificiel ; dans ce dernier cas, le produit humide est soumis, dans un séchoir, à l'action d'un courant chaud. Le séchage artificiel permet un abaissement très rapide de la teneur en eau des produits agricoles récoltés humides et empêche ainsi les altérations caractéristiques qui se produisent dans les matières en vrac fortement hydratées (développement de bactéries et de moisissures, fermentation intracellulaire, etc.).
Les techniques de séchage utilisées varient selon les produits. Les produits fortement hydratés (fourrages, pulpes de betteraves, légumes verts, jus de fruits), qui contiennent donc plus de 70 % d'eau, ont besoin d'un séchage qui permette l'évaporation d'une masse d'eau de deux à quatre fois supérieure à la masse du produit sec obtenu. Les produits relativement peu hydratés à la récolte (grains de céréales, graines de colza, de tournesol, etc.) nécessitent un séchage qui évapore seulement de 15 à 20 % d'eau.
Parmi les différentes techniques de séchage artificiel, on peut citer :
le séchage à cocourants, ou « antiméthodique » : l'air chaud, initialement à 1 000 °C, et le produit (luzerne, amidon, etc.) avancent parallèlement dans le même sens pendant un temps généralement court à l'intérieur du séchoir ; l'effet évaporateur est très important en début de séchage ;
le séchage à contre-courants, ou « méthodique » : l'air chaud, à une température comprise entre 60 et 200 °C, et le produit (pruneaux d'Agen, lait, etc.) avancent parallèlement, mais dans un sens opposé, à l'intérieur du séchoir ; l'air le plus chaud est réservé à la finition du produit ;
le séchage à courants croisés : l'air chaud, à une température comprise entre 40 et 130 °C, circule perpendiculairement au sens d'écoulement du produit (maïs, céréales) ;
la dryeration, ou « refroidissement lent différé » , utilisée pour le maïs, qui abaisse le coût du séchage artificiel par une économie d'énergie (de 15 à 25 %) et par une augmentation de la capacité de traitement (de 30 à 40 %) : le maïs subit d'abord un séchage accéléré, à une température de 115 °C, et atteint un degré d'humidité de 18 à 19 % ; il est transféré chaud dans une cellule de dryeration, où on le laisse ressuer pendant 8 à 12 heures afin de permettre à l'eau interne du grain de migrer vers la périphérie, beaucoup plus sèche ; puis on le refroidit lentement par ventilation à l'air ambiant pendant 12 à 15 heures, les calories emmagasinées par les grains contribuant au séchage.
Roger-Estrade