Dictionnaire mondial des Films 2005Éd. 2005
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Si j'avais un million

If I Had a Million

Comédie d'Ernst Lubitsch, Norman Taurog, James Cruze, Stephen Roberts, Norman Z. McLeod, H. Bruce Humberstone, William A. Seiter, avec Charles Laughton, Charlie Ruggles, May Robson, Frances Dee, Gary Cooper, W. C. Fields, George Raft.

Scénario : Joseph L. Mankiewicz, Ernst Lubitsch et seize autres, d'après le roman de Robert Andrews Windfall
Pays : États-Unis
Date de sortie : 1932
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 29

Résumé
Près de mourir, un vieux milliardaire décide de jouer un mauvais tour à sa famille, qu'il voit déjà se précipiter sur sa fortune. Il fera un don d'un million de dollars à des inconnus choisis au hasard dans l'annuaire.

Commentaire
La plupart de ces histoires courtes jouent sur le registre de la comédie et l'on y retrouve l'allégresse ravageuse du cinéma muet : collisions automobiles en série sous la direction de W.C. Fields en conducteur irascible, bris de vaisselle à tout va dans un magasin de porcelaine, inoubliable grimace de Charles Laughton adressée au tout-puissant chef de bureau qu'il peut enfin affronter. Mais, dans ce défoulement général, le soulagement d'une pauvre fille qui peut enfin dormir seule donne au film, dans son geste pour rejeter le deuxième oreiller, une intéressante coloration mélodramatique digne de Pabst.

Si j'étais un espion

Film policier de Bertrand Blier, avec Bernard Blier, Bruno Cremer, Claude Piéplu, Suzanne Flon.

Pays : France
Date de sortie : 1967
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 30

Résumé
Un médecin sans histoires soigne un homme, rencontré en Pologne, pour une dépression nerveuse. Un inconnu s'introduit chez lui, à la recherche de son patient, qui est un espion. Du mystère dans le quotidien.

Si jeunesse savait

Comédie d'André Cerf, avec Jules Berry, Jean Tissier, Saturnin Fabre, Suzet Maïs, Paul Azaïs, Jacqueline Plessis, Claude Bertin.

Pays : France
Date de sortie : 1948
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 35

Résumé
Un banquier obtient du génie qu'il a délivré du vase où il était enfermé de revenir à son enfance tout en conservant son expérience. Mais sa banque court alors à la faillite…

le Silence

Tystnaden

Drame d'Ingmar Bergman, avec Ingrid Thulin (Ester), Gunnel Lindblom (Anna), Jörgen Lindström (Johan), Haakan Jahnberg (le maître d'hôtel), Birger Malmsten (l'amant d'Anna).

Scénario : Ingmar Bergman
Photographie : Sven Nykvist
Décor : P.A. Lundgren
Musique : Bach, R. Mersey
Montage : Ulla Ryghe
Pays : Suède
Date de sortie : 1963
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 36

Résumé
Deux sœurs, Anna et Ester, accompagnées du petit garçon d'Anna, Johan, rentrent en Suède. Elles font halte dans une ville inconnue en proie à une guerre civile. Tandis que Johan erre dans l'hôtel désert, les deux femmes se déchirent : impudique, Anna tourmente Ester, intellectuelle frustrée qui se noie dans l'alcool. Anna et Johan laissent Ester agoniser dans sa chambre. Dans le train, Johan lit un mot d'Ester : « Âme ».

Commentaire
Ce troisième volet de la trilogie des « films de chambre », après À travers le miroir et les Communiants, porte en sous-titre : « le Silence de Dieu, l'empreinte négative ». C'est le film du désespoir total, de la solitude, de l'impossibilité de communiquer. La question de Dieu n'est même plus évoquée : son silence suffit. Cet enfer ne peut déboucher que sur le vide ou la mort. Deux grandes actrices bergmaniennes, éblouissantes, font passer la rigueur du propos.

le Silence de la colère

The Angry Silence

Comédie dramatique de Guy Green, avec Richard Attenborough, Pier Angeli, Michael Craig.

Pays : Grande-Bretagne
Date de sortie : 1960
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 35

Résumé
Inspirée de faits authentiques, l'histoire d'un ouvrier britannique qui refuse, à ses risques et périls, de s'associer à une grève.

le Silence de la mer

Drame psychologique de Jean-Pierre Melville, avec Nicole Stephane (la nièce), Jean-Marie Robain (l'oncle), Howard Vernon (von Ebrennac).

Scénario : Jean-Pierre Melville, d'après la nouvelle de Vercors
Photographie : Henri Decae
Musique : Edgar Bischoff
Montage : J.-P. Melville, H. Decae
Pays : France
Date de sortie : 1947
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 26

Résumé
Dans le Jura, pendant la guerre, un officier allemand est logé chez l'habitant. Il se heurte à la « résistance » du silence de l'oncle et de la nièce. Lui seul parle, de son amour de la France, des auteurs qu'il aime, de son horreur de la guerre. Eux l'écoutent sans lui répondre, avec une certaine estime, et même, dans le cas de la nièce, une sorte d'amour.

Commentaire
Ce film est doublement important. D'abord, il fut entrepris par Melville en franc-tireur et sans argent. Pour pouvoir réaliser un film, il fallait alors transiter par l'assistanat et obtenir une carte professionnelle. Melville passa outre, donnant ainsi l'exemple aux cinéastes de la Nouvelle Vague. Mais il est important surtout par la nouveauté qu'il introduisit dans le langage cinématographique. « Le récit de Vercors était anti-cinématographique. Il n'y a pas de dialogues : il y a un personnage qui parle et deux autres qui écoutent. J'ai pensé en faire un film anti-cinématographique », déclare Melville. Ajoutons qu'il y a aussi la voix off de l'oncle qui évoque ces événements et décrit des actions et des gestes que l'image réitère. On voit à quel point le « système » bressonien est redevable à ce film de Melville, et on ne peut que lui appliquer ce qu'André Bazin disait si justement du Journal d'un curé de campagne : « Les moments les plus émouvants du film sont ceux où le texte est censé dire exactement la même chose que l'image, parce qu'il le dit d'une autre façon. Jamais le son n'est ici pour compléter l'événement vu : il le renforce et le multiplie comme la caisse de résonance du violon les vibrations des cordes. Encore que ce n'est pas tant une résonance que l'esprit perçoit qu'un décalage comme celui d'une couleur non superposée au dessin. C'est dans la frange que l'événement libère sa signification ».

le Silence des agneaux

The Silence of Lambs

Film policier de Jonathan Demme, avec Jodie Foster (Clarice Starling), Anthony Hopkins (Dr Hannibal Lecter), Scott Glenn (Jack Crawford), Lawrence T. Wrentz (l'agent Burrows), Anthony Heald (Dr Frederick Chilton), Frankie Faison (Barney), Don Brockett (le psychopathe amical), Stuart Rudin (Miggs), Brooke Smith (Catherine Martin), Diane Baker (le sénateur Ruth Marin).

Scénario : Ted Tally, d'après le roman de Thomas Harris
Photographie : Tak Fujimoto
Décor : Kristi Zea
Musique : Howard Shore
Montage : Craig McKay
Pays : États-Unis
Date de sortie : 1991
Technique : couleurs
Durée : 1 h 58
Prix : Oscar du meilleur film, du meilleur réalisateur, de la meilleure adaptation (1992)

Résumé

Une jeune et brillante stagiaire du FBI, Clarice Starling, entre en contact avec le docteur Lecter, fou cannibale incarcéré dans un asile d'aliénés. Elle espère ainsi rassembler des indices qui la mettront sur la piste d'un tueur psychopathe qui dépèce ses victimes. Commence alors une trouble relation qui permettra à la jeune femme d'arriver à ses fins mais au prix d'un long voyage au fond de l'horreur qui lui révélera ses propres zones d'ombre.

Commentaire

Thriller psychologique mené de main de maître, le Silence des agneaux entretient un suspense haletant où les découvertes macabres comptent moins que l'affrontement entre la policière et le fascinant fou criminel qu'elle est chargée d'interroger. La tension de ce face à face est souvent tellement insoutenable que la violence, savamment distillée, est reçue comme une délivrance.