Dictionnaire mondial des Films 2005Éd. 2005
I

Intervista

Intervista

Essai de Federico Fellini, avec Sergio Rubini, Anita Ekberg, Marcello Mastroianni.

Pays : Italie et France
Date de sortie : 1986
Technique : couleurs
Durée : 1 h 52

Résumé
Fellini filme le passé ; les ombres que ranime le cinéaste sont célébrées dans les cinémathèques du monde entier. Lui, tantôt attristé, tantôt cabotin, se voit attaqué par les « Indiens télévision », enfermé dans sa forteresse décrépite : Cinecittà.

In the Mood for love

In the Mood for Love

Comédie dramatique de Wong Kar-wai, avec Maggie Cheung (madame Chan), Tony Leung (monsieur Chow).

Scénario : Wong Kar-wai
Photographie : Christopher Doyle et Mark Li Ping-bing
Musique : Michael Galasso, Umebayashi Shigeru
Montage : William Chang Suk-ping
Pays : Chine et Hong Kong
Date de sortie : 2000
Technique : couleurs
Durée : 1 h 38
Prix : Prix d'interprétation masculine pour Tony Leung, Cannes (2000). César du meilleur film étranger.

Résumé
Madame Chan, secrétaire et monsieur Chow, journaliste, emménagent le même jour, dans le même immeuble. Tous les deux sont mariés mais leurs conjoints respectifs sont en voyage d'affaires ; on découvrira d'ailleurs plus tard qu'ils sont partis ensemble. Les allers et venues des déménageurs entre les deux appartements, les croisements et les frôlements dans les couloirs étroits, les premiers échanges vont vite installer l'impression que cet homme et cette femme délaissés sont in the mood for love, tout prêts à tomber amoureux l'un de l'autre. C'est ce qui arrivera (à moins que cela ne se soit produit dès le premier instant), mais il ne se passera rien d'autre entre eux que des regards, de brèves conversations inachevées, de timides effleurements. Même la découverte de leur commune infortune conjugale ne les amènera pas à concrétiser physiquement l'attirance profonde qui les porte l'un vers l'autre.

Commentaire
In the Mood for Love pourrait être une version extrême-orientale de La Princesse de Clèves si le principal personnage féminin résistait à l'amour au nom d'un impératif moral ou religieux. Ce n'est pas le cas et l'on a même l'impression que les deux protagonistes, émerveillés de l'amour qui les inonde, se retiennent de risquer de le modifier en lui donnant son prolongement physique ordinaire. Ils pratiquent une sorte de tao sentimental symétrique de certaines pratiques sexuelles taoïstes où l'accouplement parfait exclut l'orgasme. Au-delà de cette probable spécificité culturelle chinoise, le film atteint pourtant une véritable universalité, car il nous parle de sentiment, de délicatesse, de pudeur et de respect, notions répandues dans toutes les civilisations mais chichement représentées au cinéma naturellement plus porté à s'intéresser aux prédateurs sexuels et aux violents.

In This Our Life

In This Our Life

Drame de John Huston, d'après le roman d'Ellen Glasgow, avec Bette Davis, Olivia De Havilland, George Brent.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 1942
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 37

Résumé
À la veille de son mariage, une jeune femme fantasque et capricieuse s'enfuit avec le mari de sa sœur.

Intimité

Intimacy

Comédie dramatique de Patrice Chéreau, d'après des récits de Hanif Kureishi, avec Mark Rylance, Terry Fox, Timothy Spall, Marianne Faithfull.

Pays : France
Date de sortie : 2001
Technique : couleurs
Durée : 2 h
Prix : Ours d'or, Berlin (2001)

Résumé
Chaque semaine, un couple se retrouve pour une séance de gymnastique sexuelle, sans le moindre échange verbal. Une analyse spectrale de la misère affective qui a pris la relève de la misère sexuelle.

Intolérance

Intolerance

Épopée historique de David Wark Griffith, avec Lillian Gish (la femme au berceau), Mae Marsh (la bien-aimée), Robert Harron (le jeune homme), Sam de Grasse (Arthur Jenkins), Margery Wilson (Brown Eyes), Constance Talmadge (la fille de la montagne), Elmer Clifton (le rhapsode).

Scénario : David Wark Griffith
Photographie : Billy Bitzer, Karl Brown
Décor : Franz Wortman
Musique : Joseph Carl Breil, D.W. Griffith
Montage : J. Smith, R. Smith, Joe Allen, D.W. Griffith
Production : Wark Producing Corporation
Pays : États-Unis
Date de sortie : 1916
Technique : noir et blanc
Durée : 3 600 m (environ 3 h 20)

Résumé

Une jeune femme berce son nouveau-né. Parallèlement, quatre destins se déroulent à quatre époques.

   À l'époque contemporaine, un jeune homme, réduit au chômage par le puritanisme d'une ligue féminine, est amené à voler. Il épouse celle qu'il aime, renonce à ses activités illégales. Il est arrêté et accusé du meurtre du voyou qui convoitait sa femme et qui a été en fait tué par une maîtresse délaissée. Condamné à mort, il sera sauvé in extremis de la pendaison.

   En Judée, on assiste aux noces de Cana, à l'épisode biblique de la femme adultère, puis à la crucifixion du Christ.

   En 1572, en France, Catherine de Médicis, qui souhaite la mort des protestants, obtient de son fils Charles IX la signature d'un ordre d'extermination. La Saint-Barthélemy est la date choisie. Prosper Latour, noble protestant, et sa femme sont massacrés.

   En 539 av. J.-C., en Chaldée, les prêtres de Baal pactisent avec Cyrus et se préparent à lui livrer Babylone sur laquelle règne Nabonide, souverain tolérant. Cyrus marche sur Babylone. La fille de la montagne découvre le complot des prêtres, mais il est trop tard et Babylone tombe aux mains de Cyrus. Balthazar se suicide.

Commentaire

Le conflit éternel de la haine et de l'amour

Le sous-titre d'Intolérance est Love's Struggle Throughout the Ages et son récit mêle quatre histoires « coulant comme des fleuves majestueux, puis se mélangeant comme des torrents impétueux ». Cette fresque historique mégalomane conçue par David W. Griffith après l'extraordinaire succès de Naissance d'une nation (1914) est, en même temps qu'une superproduction, un essai d'une extrême audace puisqu'il déroge au principe de la continuité et de la linéarité narrative. Griffith entend s'y mesurer avec les formes cinématographiques de l'époque antérieure. Si dans l'épisode moderne, la Mère et la loi, il récapitule ses propres inventions formelles mises au point dans ses courts métrages de la Biograph, il cite les Passions Pathé avec la crucifixion du Christ, le Film d'Art Français comme l'Assassinat du duc de Guise avec le massacre de la Saint-Barthélemy tandis qu'avec la Chute de Babylone, il entend battre les Italiens sur leur propre terrain (notamment en dépassant le colossal de Cabiria de Pastrone). L'originalité profonde d'Intolérance est d'avoir surpassé le principe de l'alternance propre au récit de chacune des histoires par la mise en parallèle globale de celles-ci avec le thème de l'amour maternel, métaphore des forces du Bien et du Progrès dans l'Histoire. L'image de la mère, « issue du berceau se balançant sans fin », s'oppose à elle seule à la diversité illusoire et au fanatisme des différentes périodes de l'Histoire passée. Cette symphonie en quatre mouvements, entrecroisant les épisodes, sautant d'une époque et d'un lieu à l'autre, multiplie les télescopages et les analogies symboliques avant de se transfigurer, lors de l'épilogue, dans une apothéose pacifiste qui prendra à revers l'opinion publique américaine à quelques mois de l'intervention des États-Unis dans le conflit européen.