Dictionnaire mondial des Films 2005Éd. 2005
R

la Région centrale

Film expérimental de Michael Snow.

Pays : Canada
Date de sortie : 1971
Technique : couleurs
Durée : 3 h

Résumé
Dans une région désertique du Québec, une caméra, fixée sur un dispositif à bras mobile, balaie l'espace à des vitesses variées, dans des panoramiques incessants et grisants.

la Règle du jeu

Comédie dramatique de Jean Renoir, avec Marcel Dalio (le marquis de La Chesnaye), Nora Grégor (Christine), Roland Toutain (André Jurieux), Jean Renoir (Octave), Mila Parely (Geneviève), Paulette Dubost (Lisette, la camériste), Gaston Modot (Schumacher), Julien Carette (Marceau).

Scénario : Jean Renoir, avec la collaboration de Carl Koch
Photographie : Jean Bachelet
Décor : Eugène Lourié, Max Douy
Costumes : Coco Chanel
Musique : Mozart, Strauss, Monsigny, Sallabert, Saint-Saëns, Chopin (arrangements : Roger Desormières, Joseph Kosma)
Montage : Marguerite Renoir
Production : N.E.F.
Pays : France
Date de sortie : 1939
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 52

Résumé

À la veille de la Seconde Guerre mondiale, un aviateur courtise une marquise qui préfère les mondanités. Son mari dialogue avec ses domestiques. Les invités, eux, tirent sur les lapins.

Commentaire

Maîtres et domestiques

Rarement titre de film aura été aussi explicite : c'est bien de la règle du jeu, le jeu social, qu'il s'agit. D'une règle que l'on feint souvent d'ignorer, ne serait-ce que pour la subir sans remords, ni révolte.

   À la veille d'un conflit, qui détruira jusqu'aux fondements de la société européenne, le péril imminent aveugle le tout-venant et l'empêche d'applaudir au génie de Renoir. Se résoudre à mourir, oui, mais être troublé, non !

   Or, la Règle du jeu n'épargne personne. Dure aux riches, et à ce semblant d'aristocratie qui s'efforce de conserver de dérisoires privilèges, elle n'est pas tendre pour les pauvres, en l'occurrence les domestiques, qui singent, y compris dans leurs préjugés, les maîtres, même s'ils nous arrachent de-ci de-là quelques sourires complices.

   À l'évidence, les vrais héros n'appartiennent à aucun des camps. Ils sont quasiment hors jeu. L'un, aviateur, s'enflamme à tout propos : on l'assassinera ; l'autre, ours d'occasion, interprété comme de bien entendu par Renoir lui-même, descend de la Lune : on l'y fera remonter.

   Les femmes, à l'exception de la camériste, se moquent des élans du cœur, parce que l'heure est au cynisme, et qu'à défaut d'avoir vécu une passion, elles s'en détournent. Elles ont horreur de souffrir, n'est-ce pas ? Et elles préfèrent, en compagnie des hommes de leur classe, tirer à bout portant le lapin de Sologne. De loin, d'ailleurs, cette chasse ressemble furieusement à une tuerie guerrière.

   Au sommet de cette hiérarchie branlante, on trouve le marquis de La Chesnaye, que l'on traite, derrière son dos, de métèque, mais qui n'a pas son pareil pour reconnaître l'excellence d'un mets. Dérisoire pouvoir que balaiera la vague hitlérienne, au grand soulagement de ceux qui l'entourent, comme de ceux qui ne pardonnèrent pas à Renoir d'avoir choisi un Juif pour incarner ce reste d'humanité.

   Comme quoi, même au cinéma, le prophète anticipe, mais n'est jamais entendu. Ainsi qu'il est dit dans ce film sans égal : « C'est ennuyeux, les gens sincères ! » La Règle du jeu, ou la sincérité absolue.

Règlement de comptes

The Big Heat

Film policier de Fritz Lang, avec Glenn Ford (Dave Bannion), Gloria Grahame (Debby), Jocelyn Brando (Katie Bannion), Alexander Scourby (Mike Lagana), Lee Marvin (Vince), Jeanette Nolan (Bertha Duncan).

Scénario : Sydney Boehm, d'après le roman de William P. McGivern
Photographie : Charles Lang Jr.
Décor : Robert Peterson
Musique : Daniele Amfitheatrof
Montage : Charles Nelson
Pays : États-Unis
Date de sortie : 1953
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 30

Résumé
Après le suicide de son mari, officier de police, Bertha Duncan s'allie avec le gangster Mike Lagana. Bien qu'ayant reçu d'en haut l'ordre d'abandonner l'enquête, Dave Bannion décide de la poursuivre, surtout après la mort de sa femme, tuée à sa place dans un attentat commandité par Lagana. Il quitte la police et, avec l'aide de Debby, la maîtresse d'un homme de Lagana, démasque le gang.

Commentaire
Par certains aspects, Dave Bannion est l'ancêtre de Dirty Harry ou des héros incarnés par Charles Bronson dans les années 1970. Mais, chez Fritz Lang, ce policier n'est qu'un homme ordinaire qui agit surtout par vengeance. Police et gangstérisme sont réversibles et utilisent des moyens identiques. Dans cet univers, l'innocence – la femme en particulier – est vouée à la mort ou à la corruption. Le « film noir » tend ici au pessimisme absolu.

Règlements de comptes à O.K. Corral

Gunfight at the O.K. Corral

Western de John Sturges, avec Burt Lancaster, Kirk Douglas, Rhonda Fleming, Jo Van Fleet.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 1957
Technique : couleurs
Durée : 2 h 02

Résumé

L'amitié entre un shérif et un joueur – Wyatt Earp et John « Doc » Holliday – qui unissent leurs efforts pour exterminer une bande de hors-la-loi. Des figures légendaires de l'Ouest.

Voir aussi Doc Holliday.

le Règne de Naples

Il regno di Napoli
ou Neapolitanische Geschwister

Drame de Werner Schroeter, avec Dino Mele, Renata Zamengo, Antonio Orlando.

Pays : Italie et R.F.A.
Date de sortie : 1978
Technique : couleurs
Durée : 2 h 05

Résumé
Chronique d'un quartier napolitain entre la Libération et 1976, à travers la vie d'une famille modeste, ses drames et ses joies.

la Reine Christine

Queen Christina

Film historique de Rouben Mamoulian, avec Greta Garbo (Christine), John Gilbert (Antonio), Ian Keith (Magnus), Lewis Stone (Oxenstierna).

Scénario : Salka Viertel, Margaret Levino, H.M. Harwood
Photographie : William Daniels
Décor : Edwin B. Willis, Alexander Toluboff
Musique : Herbert Stothart
Montage : Blanche Seewell
Pays : États-Unis
Date de sortie : 1933
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 41

Résumé

Christine, encore enfant, succède à son père sur le trône de Suède. Elle devient une reine pacifique et éclairée, menant une vie libre. Le roi d'Espagne lui envoie un ambassadeur, Antonio, en vue de l'épouser. Elle le rencontre dans une auberge, déguisée en garçon. Ils doivent partager la même chambre et Antonio est troublé par le jeune homme. Il découvre le subterfuge et tombe amoureux. Christine veut abdiquer, mais son ancien amant tue Antonio en duel.

Commentaire

Ce film est l'antithèse de la conception historique de Sternberg dans l'Impératrice rouge. Autant ce dernier crée par une surcharge décorative un espace imaginaire, autant Mamoulian essaie de crédibiliser sa reconstitution. Les deux films échappent à leur façon au standard hollywoodien. Le décor du film de Mamoulian est imposant, mais presque vidé par une mise en scène aiguë qui en souligne la géométrie froide. La lumière très tranchée donne un modelé très dur aux visages, accentuant le côté « janséniste » du film. Celui de Garbo, si charnel dans ses premiers films, devient un masque androgyne, beau et terrible, dont l'ambiguïté est merveilleusement exploitée dans la scène où, déguisée en jeune homme, elle séduit John Gilbert. Même quand il découvre son identité, le trouble de leur relation persiste comme un parfum.