Dictionnaire mondial des Films 2005Éd. 2005
S

Salut l'artiste

Comédie d'Yves Robert, avec Marcello Mastroianni, Françoise Fabian, Jean Rochefort, Carla Gravina.

Pays : France
Date de sortie : 1973
Technique : couleurs
Durée : 1 h 36

Résumé
Un comédien de second plan multiplie les « pannes » en attendant le rôle de sa vie. Sa vie privée est semée d'embûches. Un hommage savoureux aux artistes qui ne seront jamais des stars.

Salvador

Salvador

Drame d'Oliver Stone, avec James Woods, Jim Belushi, John Savage, Elpedia Carrillo.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 1985
Technique : couleurs
Durée : 1 h 55

Résumé
Un journaliste tombé dans la misère doit réaliser un grand reportage pour rétablir sa situation financière. La guerre civile du Salvador en est l'occasion.

Salvatore Giuliano

Salvatore Giuliano

Film politique de Francesco Rosi, avec Frank Wolff (Gaspare Pisciotta), Salvo Randone (le président de la cour d'assises), Federico Zardi (l'avocat de Pisciotta), Pietro Cammarata (Salvatore Giuliano).

Scénario : Francesco Rosi, Suso Cecchi d'Amico, Enzo Provenzale, Franco Solinas
Photographie : Gianni Di Venanzo
Décor : Sergio Canevari, Carlo Egidi
Musique : Piero Piccioni
Montage : Mario Serandrei
Production : Franco Cristaldi et Lionello Santi (Lux-Vides-Galatea)
Pays : Italie
Date de sortie : 1961
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 47

Résumé
Montelepre, en Sicile, le 5 juillet 1950. Le « bandit bien-aimé » Salvatore Giuliano a été tué. Par qui ? La foule se rassemble, tandis que la police examine les lieux et que des journalistes glanent des renseignements. Plus tard, à Castelverano, la police enquête sur la mort du bandit, dont on apprend qu'il volait les riches au profit des pauvres. Dans le cimetière, la mère de Giuliano est mise en présence du cadavre de son fils. D'autres scènes encore, aussi fragmentées, elliptiques, précèdent le long procès de Viterbe, où l'on tentera de faire la lumière sur les circonstances de la disparition du bandit, sur les rôles respectifs tenus par ses lieutenants et, notamment, le premier d'entre eux Gaspare Pisciotta, sur la signification du phénomène Giuliano, sur la place de la maffia dans la Sicile de l'immédiat après-guerre, et ses liens avec les pouvoirs légaux.

Commentaire

L'apparition du film-dossier
Salvatore Giuliano fonde en même temps une méthode, celle du film-dossier, et un genre, le film politique, fréquemment adopté durant les années 1960-1970, qui connaîtra un développement exceptionnel en Italie, sans qu'aucun autre cinéaste, d'ailleurs, n'égale l'intelligence, la complexité, la profondeur des productions de Francesco Rosi.

   Salvatore Giuliano contient en effet en germe les films à venir de Rosi, dont toute l'œuvre s'organise autour d'une réflexion sans cesse réitérée, approfondie, diversifiée, sur le pouvoir, la réalité de son exercice sous les apparences, en Italie d'abord, mais ensuite, de plus en plus largement, dans tout le monde méditerranéen et jusque dans la Colombie de Gabriel García Márquez (Chronique d'une mort annoncée, 1987). C'est sur la condition originale, marginale, réprouvée du « Mezzogiorno », étudiée à travers le phénomène de la maffia que se concentre Salvatore Giuliano, le contraire d'une biographie, puisque le rôle-titre n'y apparaît que comme un cadavre ou une silhouette dont on part et auxquels on revient inlassablement, dans une construction en spirale qui dévoile progressivement les forces économiques, sociales, politiques ayant suscité, manipulé, puis éliminé le phénomène.

   Le film est construit autour de deux axes : le procès de Viterbe, où sont dévoilées les compromissions du pouvoir politique, administratif, judiciaire ; le cadavre de Giuliano, qui mobilise l'émotion du spectateur et lui montre les faits, dans le désordre, que l'enquête va relier et expliquer. D'une émotion suscitée autour du cadavre et du mythe de Giuliano, on va évoluer vers une analyse, que la construction savamment éclatée du récit tend à dédramatiser. On aurait tort, toutefois, d'imaginer que la méthode de Rosi consiste à juxtaposer cinéma d'émotion et cinéma documentaire. Salvatore Giuliano, film épique au sens brechtien du terme, possède une profonde unité stylistique, mais le style n'existe pas en soi : il a une raison fonctionnelle. Il est dicté par la réalité dont le film s'inspire. Héritier à parts égales des deux plus brillants représentants du néoréalisme, Visconti et Rossellini, Rosi préserve l'émotion, tout en la distanciant, pour laisser le champ libre à la réflexion.

Sa Majesté des Mouches
ou le Seigneur des Mouches

Lord of the Flies

Drame de Peter Brook, d'après le roman de William Golding, avec James Aubrey, Tom Chapin, Hugh Edwards.

Pays : Grande-Bretagne
Date de sortie : 1963
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 31

Résumé

À la suite d'un accident d'avion, plusieurs enfants se retrouvent livrés à eux-mêmes sur une île déserte. Ils s'organisent en deux clans rivaux, et retombent dans un état proche de la sauvagerie.

Sa Majesté est de sortie

The King Steps Out

Mélodrame de Josef von Sternberg, d'après l'opérette d'Ernst et Herbert Mariscka, avec Grace Moore, Franchot Tone, Walter Connolly, Raymond Walburn.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 1936
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 25

Résumé
La jeune fille d'un duc, dont la sœur aînée doit épouser le futur empereur François-Joseph, tombe amoureuse de celui-ci. Elle deviendra, après bien des coups de théâtre, héritière du trône d'Autriche, tandis que sa sœur se consolera en épousant un jeune officier. (Voir aussi Sissi).

Samba Traore

Samba Traore

Comédie dramatique d'Idrissa Ouedraogo, avec Bakary Sangaré, Mariam Kaba, Abdoulaye Komboudri.

Pays : France et Burkina-Faso
Date de sortie : 1992
Technique : couleurs
Durée : 1 h 25

Résumé
Samba Traoré se réfugie dans son village avec le butin d'un cambriolage qu'il a commis à la ville. Il en fait profiter sa famille, son entourage et les gens du village mais le remords le ronge… Une mise en scène dépouillée et efficace au service d'une histoire simple et émouvante.

Samedi soir et dimanche matin

Saturday Night and Sunday Morning

Chronique sociale de Karel Reisz, avec Albert Finney (Arthur Seaton), Shirley Ann Field (Doreen Gretton), Rachel Roberts (Brenda), Hylda Baker (tante Ada), Norman Rossington (Bert).

Scénario : Alan Sillitoe, d'après son roman
Photographie : Freddie Francis
Décor : Ted Marshall
Musique : John Dankworth
Montage : Seth Holt
Production : Harry Saltzman, Tony Richardson (Woodfall Films)
Pays : Grande-Bretagne
Date de sortie : 1960
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 30
Prix : Grand Prix du festival de Mar del Plata (1961)

Résumé

Au cœur du Pays noir, à Nottingham, Arthur Seaton jeune tourneur dans une usine de bicyclettes travaille avec acharnement pour se payer du bon temps, le week-end venu, et oublier la monotonie de son dur labeur. Chaque samedi soir, il se rend au pub, y retrouve sa maîtresse Brenda la femme du contremaître de l'équipe de nuit s'y saoule et termine la nuit chez elle. Le dimanche, avec son cousin, il va à la pêche au bord du canal et parle des filles, du mariage : « On se range et après on claque ». Première entorse au rituel hebdomadaire : la rencontre de la jolie Doreen. Premier ennui sérieux : la grossesse de Brenda. Avec son accord, il l'emmène chez sa tante « faiseuse d'anges » ; l'intervention échoue. Deux soldats amis du mari jaloux lui administrent une sévère correction. Désemparé, Arthur cède au charme dévoreur de Doreen et lui propose le mariage. Un jour, sur la colline surplombant la ville, ils font des projets. Parmi les habitations alignées, Doreen voit sa future maison avec salle de bains. Arthur, d'un geste rageur, lance sur ce paysage une pierre et un retentissant : « J'en jetterai d'autres encore ».

Commentaire

Un univers fermé

À l'époque où triomphent le Docteur Jivago, Lawrence d'Arabie, le Pont de la Rivière Kwai, quantité de James Bond et de films d'épouvante, la nouvelle société Woodfall Films – fondée par John Osborne et Tony Richardson – produit Samedi soir et dimanche matin – premier long métrage d'un membre actif du groupe « Free Cinema » et réalisateur inconnu du grand public. À l'étonnement général, le film est le plus grand succès commercial de l'année. Couronné par la British Film Academy Award, il reçoit le Grand Prix du festival de Mar del Plata. La critique internationale découvre l'existence du « Free Cinema ». En dehors des circuits tout-puissants de la Rank et de l'ABC, une nouvelle génération de cinéastes, reprenant à son compte la démarche de l'« école documentariste », jette sur l'Angleterre contemporaine un regard neuf, dérangeant et même irrespectueux.

   Sur l'admirable scénario d'Alan Sillitoe, adapté de son propre roman, avec la complicité de l'opérateur Freddie Francis, Karel Reisz recrée l'environnement morne et lugubre des cités ouvrières des Midlands, sans pittoresque populiste et sans complaisance misérabiliste. Avec une grande tendresse pour son héros, il montre la transformation de la révolte d'un ouvrier de 23 ans en un combat solitaire : celui d'un non-aligné. Arthur Seaton flaire le piège du nouvel ordre économique et mesure l'illusoire séduction de la société de consommation : « Ne vous laissez pas broyer par ces gangsters ». À contre-courant, son refus traduit intuitivement la critique marcusienne de la « société fermée », anticipe le mouvement de 68 et le fameux slogan « métro, boulot, dodo ». Qu'est devenu, dans l'Angleterre thatchérienne, un homme de sa trempe ? Lui reste-t-il quelques pierres en réserve ?