Dictionnaire mondial des Films 2005Éd. 2005
Q

Quatre au paradis

Four's a Crowd

Comédie de Michael Curtiz, avec Errol Flynn, Rosalind Russell, Olivia De Havilland, Patric Knowles, Walter Connolly, Hugh Herbert, Melville Cooper.

Pays : États-Unis
Date de sortie : 1938
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 31

Résumé
Dans l'entourage d'un magnat de la presse, deux couples de fiancés qui croient s'aimer effectuent un chassé-croisé.

Quatre Aventures de Reinette et Mirabelle

Comédie d'Éric Rohmer, avec Joëlle Miquel, Jessica Forde.

Pays : France
Date de sortie : 1986
Technique : couleurs
Durée : 1 h 35

Résumé
Une jeune provinciale et son amie parisienne déambulent dans un Paris estival, en quatre films courts.

les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse

The Four Horsemen of the Apocalypse

Drame de Rex Ingram, avec Rudolph Valentino (Julio Desnoyers), Alice Terry (Marguerite Laurier), Wallace Beery (colonel von Richtoffen), Alan Hale (Karl von Hartroh).

Scénario : June Mathis, d'après le roman de Vicente Blasco-Ibañez
Photographie : John Seitz
Décor : Joseph Calder, Amos Myers
Musique : Louis F. Gottschalk
Montage : Grant Whytock
Pays : États-Unis
Date de sortie : 1921
Technique : noir et blanc
Durée : environ 3 300 m (2 h 02)

Résumé

Dans son domaine argentin, Madariaga réunit sa famille pour la dernière fois avant que la guerre européenne ne la déchire. Un de ses gendres soutient la belliqueuse Allemagne ; l'autre réside en France. Le fils de ce dernier, Julio, fuit le malheur des temps dans l'amour, la peinture et le tango, tandis que Tchernoff, illuminé russe, s'adonne au spiritisme. Mais la branche allemande se livre à une Occupation joyeuse et barbare. Julio s'engage dans la bataille : il n'évitera ni la violence ni la mort.

Commentaire

Exaltation de l'âge d'or, charge anti-allemande, méditation sur la guerre, le film fit le succès de Valentino et fut repris à sa mort (1926). Les apparitions des quatre cavaliers (Apocalypse, 6, 1-8) contribuent à la gravité de l'ouvrage et à sa beauté visuelle.

les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse

The Four Horsemen of the Apocalypse

Drame de Vincente Minnelli, avec Glenn Ford (Julio), Charles Boyer (Marcel), Ingrid Thulin (Marguerite Laurier), Lee J. Cobb (Madariaga), Paul Henreid (Étienne Laurier), Karl Heinz Böhm (Heinrich).

Scénario : Robert Ardrey, John Gay, d'après le roman de Vicente Blasco-Ibañez
Photographie : Milton Krasner
Décor : George W. Davis, Urie McCleary, Elliot Scott, Keogh Gleason
Musique : André Previn
Montage : Adrienne Fazan, Ben Lewis
Pays : États-Unis
Date de sortie : 1961
Technique : couleurs
Durée : 2 h 23

Résumé
En 1938, en Argentine, le vieux Madariaga s'effondre mort au milieu des siens : ses deux filles, leurs époux français et allemand et leurs enfants. Ils se retrouvent à Paris pendant l'Occupation. Julio, d'abord neutre, suit sa sœur dans la Résistance ; la branche allemande sert Hitler. Les liens du sang n'empêchent qu'un temps le triomphe des Cavaliers de l'Apocalypse pressenti par l'ancêtre.

Commentaire
Cette fresque mélodramatique prouve le talent d'un cinéaste qu'on a cru limité à la comédie musicale. Il est vrai qu'il met en scène moins la lutte de personnages que l'« entre-dévorement » de décors qui sont les reflets de leurs aspirations. Tandis que le cauchemar nazi tente d'imposer sa couleur uniforme à l'univers, chacun tente de préserver son rêve sans en être le prisonnier.

les Quatre Cents Coups

Drame de François Truffaut, avec Jean-Pierre Léaud (Antoine Doinel), Albert Rémy (le beau-père), Claire Maurier (la mère), Patrick Auffay (René), Georges Flamant (son père), Guy Decomble (le professeur de français), Pierre Repp (le professeur d'anglais).

Scénario : François Truffaut, Marcel Moussy
Photographie : Henri Decae
Décor : Bernard Evein
Musique : Jean Constantin
Montage : Marie-Josèphe Yoyotte
Production : Les Films du Carrosse
Pays : France
Date de sortie : 1959
Technique : noir et blanc
Durée : 1 h 33
Prix : Grand Prix de la mise en scène, Cannes (1959)

Résumé

Antoine Doinel (douze ans et demi) vit dans un appartement exigu du côté de la place Clichy. Ses parents ne s'occupent guère de lui. Mme Doinel est trop prise par ses aventures galantes et M. Doinel, son père adoptif, par son club automobile. Une punition non faite l'incite à l'école buissonnière avec son copain René. Au cours de son escapade, il surprend sa mère dans les bras d'un inconnu. De retour à l'école, il se doit d'inventer une excuse monumentale : sa mère est morte. L'arrivée de cette dernière fait vite éclater l'imposture. Le soir, il n'ose rentrer chez ses parents et leur écrit pour les prévenir de sa fugue. Le lendemain, sa mère vient le récupérer avec une gentillesse déconcertante. Plein de bonnes résolutions, mais déçu par une mauvaise note en composition française, Antoine fugue de nouveau, s'initie maladroitement au vol et aboutit dans un centre pour délinquants d'où il s'enfuit vers la mer.

Commentaire

Naissance d'un classique

Avec le Beau Serge et les Cousins de Chabrol, et À bout de souffle de Godard, c'est le film qui marque l'explosion de la Nouvelle Vague. Il surprend moins par l'innovation formelle ou la provocation que par la justesse du ton, la sensibilité, la vérité des personnages, surtout le jeune Jean-Pierre Léaud, la fluidité et le rythme du récit, la dynamique et le lyrisme des mouvements de caméra (en particulier dans la fameuse séquence finale). Ce film est bien moins autobiographique qu'on ne l'a cru et dit, mais il en émane une grande force et une vive émotion car chaque plan apporte au spectateur la certitude qu'un auteur s'y exprime à la première personne. Truffaut s'y révèle déjà comme un cinéaste classique, un créateur de personnages, réussissant à faire surgir la poésie d'un style et d'un univers prosaïques.

   La mise en scène répond à la logique du personnage d'Antoine Doinel. Antoine n'est pas à proprement parler un délinquant : c'est un enfant refusé, ignoré par ses parents qu'il encombre et qui ne cessent de se demander ce qu'ils « vont faire du gosse », rejeté par l'instituteur dans les marges de la classe (derrière le tableau noir). Son unique problème est d'exister, de trouver sa place. L'utilisation du format Scope renforce paradoxalement la description d'un espace surchargé, étroit, où Antoine est toujours en trop (son lit encombre le couloir dans l'appartement minuscule de ses parents). Lors de ses fugues, il se réfugie dans des lieux clos (cinémas) ou souterrains. Il ira jusqu'au bout de l'enfermement et de la privation de mouvement (panier à salade, centre de redressement), ne trouvant la possibilité de prendre son élan que par la magie du cinéma.