Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
L

Lassailly (Charles)

Journaliste et écrivain français (Paris 1806 – id. 1843).

Il fit partie de la constellation des petits romantiques. Il donna quelques poèmes à des revues, tenta lui-même de lancer le Journal des gens du monde (1833) puis Ariel, journal du monde élégant (1836), et ne publia qu'un récit autobiographique (les Roueries de Trialph, 1833), qui s'ouvre sur une « profession de foi » onomatopéique faisant l'apologie du suicide social. Il écrivit pour Balzac certains poèmes d'Illusions perdues, avant de sombrer dans la démence.

Lassila (Algot Tietäväinen, dit Maiju)

Écrivain finlandais de langue finnoise (Tohmajärvi 1868 – Helsinki 1918).

Deux romans, Harhama et Martva, évoquent, en 1909, la situation politique et sociale bouleversée en Russie et en Finlande. Il obtint un vif succès avec des drames (Quand les veufs sont amoureux, 1911) et surtout des récits qui décrivent la vie du peuple (les Emprunteurs d'allumettes, 1910). Lors de la Révolution, il opta pour le communisme, fut rédacteur du journal l'Ouvrier et périt lors de la prise d'Helsinki par les Blancs.

Last (Jef)

Écrivain hollandais (La Haye 1898 – Laren 1972).

Poète (Feux de bâbord, 1926 ; Camarades, 1930 ; le Temps passé, 1932) et romancier engagé (Partie remise, 1933 ; Zuyderzee, 1934 ; le Premier Bateau sur la Neva, 1945), il a relaté ses impressions de voyage en U.R.S.S. (Deux Mondes, 1933) et au Maroc, avec André Gide (Éros délivré, 1936).

Latini (Brunetto)
ou Brunet Latin

Écrivain italien (Florence v. 1220-1294).

Guelfe exilé en France (1260-1266), il composa en langue d'oïl le Livre du Trésor, compilation scientifique avec récits et légendes et des commentaires sur Cicéron (Rettorica), qui influença la formation de la prose italienne.

Latomus (Barthélemy Le Masson, dit)

Humaniste belge (Arlon v. 1485 – Coblence 1566).

Professeur d'éloquence latine au Collège royal à Paris (1534-1542), il devint conseiller de l'archevêque de Trèves et remplit, pour Charles Quint, diverses missions diplomatiques. Il est l'auteur de vers latins, de commentaires sur Térence et d'un Discours à la louange de l'Éloquence et de Cicéron (1535).

Latorre (Mariano)

Écrivain chilien (Cobquecura 1886 – Santiago 1955).

Son œuvre romanesque a été qualifiée de « géographie psychologique » du Chili : le Berceau des Condors (1918) a pour cadre la région andine, Ully (1923) se déroule dans le Chili méridional, Chiliens de la mer (1929), dans la région côtière. Son œuvre principale, Zurzulita (1920), reflète l'âme de la campagne chilienne et constitue une contribution au thème, souvent exploité dans la littérature latino-américaine, de l'opposition entre la civilisation et la barbarie.

Latouche (Hyacinthe-Joseph Thabaud, dit Henri de)

Écrivain français (La Châtre 1785 – Val d'Aulnay, près de Châtenay-Malabry, 1851).

Éditeur d'André Chénier (1819), ami des jeunes romantiques (Deschamps, Vigny), amant de Marceline Desbordes-Valmore, défenseur de George Sand, il n'eut guère de succès, tant au théâtre (le Tour de faveur, 1818) qu'en poésie (Adieux, 1843 ; les Agrestes, 1844) et n'intéresse plus l'histoire littéraire que par un pamphlet contre les cénacles romantiques (« De la camaraderie littéraire », Revue de Paris, 1829).

Laube (Heinrich)

Écrivain allemand (Sprottau 1806 – Vienne 1884).

Gagné aux idées libérales et démocratiques en 1830, il publia un essai (le Nouveau Siècle, 1833) et un roman (la Jeune Europe, 1833-1837) inspirés par l'insurrection polonaise. Il ouvrit sa revue Zeitung für die elegante Welt aux idées de la Jeune-Allemagne, dont l'interdiction en 1835 frappa aussi ses publications. Dans ses drames (les Cadets du duc Charles, 1846 ; Struensee, 1847) et ses comédies, il dose habilement les concessions au goût du public, aux idées nouvelles et à la censure. Directeur du Burgtheater à Vienne (1850-1867), il en renouvela le style et le répertoire.

lauda

Mot latin désignant une composition poétique à argument religieux, dérivée des poèmes liturgiques. Le premier exemple de lauda en langue italienne est le Cantique des cantiques de saint François d'Assise (vers 1224). À partir du XIIIe s. se développa une lauda dramatique, monologue ou dialogue alterné sur le thème de la Passion, illustrée par Jacopone da Todi (Lamentation de la Madone).

Laude (Jean)

Poète français (1922 – 1984).

Marqué à ses débuts par le surréalisme, il s'en écarte pour venir à une forme qui accorde moins aux prestiges de l'image. Les Plages de Thulé (1964) est un ensemble en prose d'une étonnante sobriété. Le Mur bleu (1963) propose une approche de la peinture et de la poésie. Laude collabore aux revues formalistes Tel Quel et Change à leur acmé. Son grand texte, la Trame inhabitée de la lumière (1989), est travaillé par une virtuosité et par une quête de pureté d'essence spirituelle qui ne sacrifient en rien aux expérimentations avant-gardistes, mais préservent l'horizon intérieur. En 1982, le Dict de Cassandre explore dans une typographie novatrice un registre tragique, sombre et grave.

Laure (Colette Peignot, dite)

Écrivain français (1903 – 1938).

Elle entre très tôt en révolte contre les valeurs bourgeoises de sa famille et milite pour la révolution (aux côtés de Souvarine puis de Bourénine). Compagne de Georges Bataille à partir de 1934, elle participe au groupe Acéphale avec Michel Leiris et Roger Caillois. Romantique au sens le plus violent, atteinte d'un mal lié à la vie, elle est doublement phtisique : physiquement (elle meurt à 35 ans) et intellectuellement, car la hantise de la communication se révèle à chaque page, dans le halètement d'une respiration qui se cherche. Elle écrit en haine de la littérature, avec des mots qui lui permettent de respirer, mais qui ne la contentent pas. Son dégoût du religieux et du banal explique sa fièvre, sa révolte et sa vie. Les Écrits de Laure, longtemps occultés par la famille, ont été édités en 1977 grâce aux soins du collectif Change et de Jérôme Peignot, son neveu. Ils rassemblent surtout Histoire d'une petite fille, le Sacré et des Fragments.