Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
S

Stagnelius (Erik Johan)

Poète suédois (Gärdslösa, Öland, 1793 – Stockholm 1823).

Ce fils d'évêque, qui mena une vie misérable et devait mourir à 30 ans, a laissé une œuvre poétique considérable, qui fut révélée dans le courant du XIXe s. Des poèmes épiques, des recueils lyriques (les Lys de Saron, 1821-1822), un drame directement inspiré de Chateaubriand, les Martyrs (1822), et un drame swedenborgien, Albert et Julia ou l'Amour après la mort, scène du monde souterrain (1824), expriment, à travers la somptueuse richesse du langage, une quête gnostique : délivrer l'âme prisonnière de la matière.

Stamatov (Gueorgui)

Écrivain bulgare (Tiraspol, auj. en Moldavie, 1869 – Sofia 1942).

Installé en Bulgarie en 1882, officier rayé des cadres pour ses opinions russophiles, il se tourna vers la magistrature, qu'il exerça en province et à Sofia. Marqués par une vision profondément désabusée de la vie, ses contes et ses romans flétrissent la société contemporaine, vitupérant le cynisme des officiers, l'arrivisme et le carriérisme des fonctionnaires, la déliquescence de la morale bourgeoise (Genko Mixov, 1902 ; Deux Talents, 1910 ; Virianov, 1922 ; Na Kotva, 1948).

Stanescu (Nichita)

Poète roumain (Ploiesti 1933 – Bucarest 1983).

Sur les traces de Rimbaud, ses œuvres de jeunesse (le Sens de l'amour, 1960, Une vision des sentiments, 1964) manifestent un lyrisme visionnaire, célébrant l'élan vital et la projection du moi vers le cosmos. Les volumes ultérieurs (11 élégies, 1965 ; Laus Ptolemaei,1868 ; et surtout les Non Paroles, 1969) expriment la recherche fébrile de la connaissance du monde et de la communication à travers, mais aussi au-delà des mots.

Stanev (Nikola, dit Emilian)

Écrivain bulgare (Tarnovo 1907 – Sofia 1978).

Il est l'un des meilleurs représentants de la littérature animalière (Histoire d'une forêt, 1948) et urbaine (Voleur de pêches, 1948). Penseur et moraliste, il a dénoncé le premier dans son roman Ivan Kondarev (1958), large fresque des mouvements idéologiques du début du XXe siècle, les contradictions du communisme et son incompatibilité avec l'humanisme. Dans ses romans historiques (la Légende de Sibin, 1968 ; l'Antéchrist, 1969), à travers des personnages qui cherchent la vérité, il pose les problèmes du bien et du mal, en leur conférant des aspects esthétiques et éthiques. Par le biais de l'histoire, il donne la meilleure réponse à la problématique d'une société totalitaire, en proposant la connaissance spirituelle comme ultime moyen de résistance et de sauvegarde.

Stangerup (Henrik)

Écrivain et cinéaste danois (Copenhague 1937 – id. 1998).

De 1969, avec Vipère au cœur, à 1978, avec Devancer l'ennemi, ses romans sont à la fois une critique sociale et une mise au point personnelle. Les romans historiques inspirés de la philosophie de Kierkegaard (Lagoa Santa, 1981 ; le Séducteur, 1985 ; Frère Jacob, 1991) mettent en cause le puritanisme danois. Il a publié des essais sur Brandes ou Dreyer, insistant sur leur esprit rebelle. Ses films revendiquent eux aussi le rejet du conformisme intellectuel.

Stanislavski (Konstantine Sergueïevitch Alekseïev, dit)

Homme de théâtre russe (Moscou 1863 – id. 1938).

Fondateur en 1897, avec Vladimir Némirovitch-Dantchenko, du Théâtre d'art de Moscou, et premier metteur en scène de la Mouette qu'il révéla au public russe, il est surtout à l'origine d'un « système » figé artificiellement (il ne cessa en fait d'évoluer) par le régime soviétique, mais qui a nourri aussi bien le théâtre que le cinéma du XXe siècle, inspirant Brecht ou Jouvet comme les fondateurs de l'Actors' studio. Cherchant à retrouver l'authenticité, la vérité historique des objets et des personnages, Stanislavski a dépouillé le théâtre des conventions et des artifices, mais son apport décisif concerne le jeu de l'acteur : sa « méthode psychotechnique » consiste à considérer le personnage comme un être vivant, doté d'un passé, d'un caractère qui s'actualise dans la pièce et que le comédien peut intérioriser en recherchant des analogies dans son propre vécu.

Stankovic (Borislav)

Écrivain serbe (Vranje 1875 – Belgrade 1927).

Les matériaux de la plupart de ses romans et nouvelles sont tirés de son pays natal et s'inspirent des conflits entre les éléments orientaux et occidentaux. Nostalgique du passé et de l'atmosphère orientale de sa ville natale, il met en scène, dans ses recueils de nouvelles (Des anciens Évangiles, 1899 ; Jours d'autrefois, 1902 ; les Hommes de Dieu, 1902), dans ses drames (Kostana, 1902 ; Tasana, 1902) et dans son roman Sang impur, des personnages poursuivis par leur atavisme et leur hérédité. L'œuvre de Stankovic dégage une atmosphère poétique et sensuelle.

Stapledon (Olaf)

Philosophe et écrivain britannique (péninsule de Wirral 1886 – Liverpool 1950).

Professeur de philosophie et de psychologie à l'université de Liverpool, défenseur des théories socialistes, il défend son néohumanisme idéaliste dans un essai, Une théorie moderne de l'éthique (1929), et en donne un prolongement fictionnel dans ses romans, considérés aujourd'hui comme des classiques de la science-fiction. Les Derniers et les Premiers (1930), les Derniers Hommes à Londres (1932) et Créateur d'étoiles (1937) composent un tableau de l'histoire de l'espèce humaine, puis de l'Univers, à travers ses évolutions et ses chutes. Rien qu'un surhomme (1935) est une méditation sur le thème de l'homme d'exception, tandis que Sirius (1944) traite de l'accroissement de l'intelligence au travers de l'histoire d'un chien qu'un savant a doté d'un cerveau humain.

Staring (Antony Christiaan Winand)

Poète néerlandais (Gendringen 1767 – Vorden 1840).

Il a mené une existence de gentilhomme campagnard dans la propriété familiale de De Wildenborch, en Gueldre, composant avec soin un petit nombre de poèmes qui ne retinrent guère l'attention de ses contemporains, mais qui lui valurent l'amitié de Feith. Ses recueils (Œuvres, 1820 ; Nouvelles œuvres, 1827), bientôt débarrassés de la sentimentalité qui marquait ses Premières Tentatives poétiques de 1786, contiennent quelques-uns des meilleurs poèmes et romances (« Marco », le cycle de « Jaromir ») du XIXe s. néerlandais.