Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Pires (José Cardoso)

Écrivain portugais (Lisbonne 1925 – id. 1998).

Des préoccupations sociales marquent ses contes (Histoires d'amour, 1952 ; Jeux de hasard, 1963) et ses romans (l'Hôte de Job, 1963). Le Dauphin (1968) est construit sur la superposition et l'interaction de différents points de vue : la réalité, comme la littérature, n'est qu'une construction. Et maintenant, José ? (1977) constitue un ensemble de témoignages sur la politique et le statut de l'écrivain portugais.

Pirmez (Octave)

Écrivain belge de langue française (Châtelet 1832 – Acoz, Hainaut, 1883).

Premier écrivain de Belgique francophone à se consacrer exclusivement à la littérature, il module dans son œuvre le thème du « Moi passager dans l'univers éternel ». Dans ses recueils de réflexion, il se forgea, en plein positivisme triomphant, une philosophie idéaliste personnelle. Son roman (Rémo, 1881) inscrit le conflit du scientisme et de la métaphysique dans un climat de mal du siècle très romantique. Influencé par la philosophie germanique et les romantiques français et allemands, il ouvrit la route au symbolisme belge par son attention donnée aux correspondances et son sens de l'« entrevision » par la suggestion symbolique et verbale.

Piron (Aimé)

Poète français (Dijon 1640 – id. 1727).

Apothicaire, échevin de sa ville natale, il composa, en patois bourguignon, des Noëls (publiés en 1858), des chansons et des poèmes (lai Joye digonnaise, 1701 ; lé Festin des Eta, 1706). Il est le père d'Alexis Piron.

Piron (Alexis)

Écrivain français (Dijon 1689 – Paris 1773).

Auteur d'épigrammes (Œuvres badines, 1796), il n'épargna pas Voltaire, son rival dans ce genre. On retiendra deux comédies : Arlequin-Deucalion (1722), riposte du théâtre de la Foire aux Comédiens-Français  qui avaient interdit les dialogues aux spectacles forains, et la Métromanie (1738), plaisante réflexion sur le poète dans la société. On lui doit aussi des pastorales, des opéras-comiques, des allégories et un spirituel Voyage à Beaune (1798). Une Ode à Priape le priva de l'Académie française.

Piroué (Georges)

Écrivain, essayiste et traducteur suisse de langue française (La Chaux-de-Fonds 1920 – Dampierre-sur-Loire 2005).

Fixé à Paris depuis 1950, il y devient lecteur chez Denoël. Auteur de romans de facture classique (les Limbes, 1959 ; Une si grande faiblesse, 1965 ; San Rocco et ses fêtes, 1976 ; Feux et Lieux, 1979), il reste un essayiste reconnu (sur Victor Hugo, Thomas Mann, les auteurs italiens, Proust) et excelle particulièrement dans l'essai musical : Proust et la musique du devenir (1960), À sa seule gloire (1981), biographie romancée de Bach, supposée écrite par un fils ingrat.

Piscator (Erwin)

Metteur en scène et directeur de théâtre allemand (Ulm 1893 – Starnberg 1966).

Il fit de sa première scène, le « Théâtre prolétarien » (Berlin, 1920-1921), un centre d'agitprop révolutionnaire. Engagé en 1924 par la Volksbühne, puis disposant de son propre théâtre en 1927, il réalisa des mises en scène restées légendaires (Hoppla, nous vivons ! de Toller, en 1927), s'entourant des avant-gardes (Grosz, Heartfield, Moholy-Nagy, Gropius) pour concrétiser son « théâtre total » (machineries énormes, scènes à trois dimensions, actions simultanées, projections de films et de documents), théâtre « épique » tel que le définit son Théâtre politique (1929). Il émigra en U.R.S.S. (1933), puis aux États-Unis (1938), avant de revenir en R.F.A., où il dirigea de 1962 à 1966 le théâtre Am Kurfürstendamm de Berlin (l'Instruction de P. Weiss, 1965).

Pissemski (Alekseï Feofilaktovitch)

Écrivain russe (Ramenie, gouvern. de Kostroma, 1821 – Moscou 1881).

Issu d'une famille noble, occupant un emploi de fonctionnaire, il écrivit son premier roman, le Monde des Boyards en 1846, mais l'ouvrage ne vit le jour qu'en 1858, et c'est le Mollasse (1850), écrit dans la même veine naturaliste, qui le fit connaître. Malgré son intérêt pour la Russie populaire (Esquisses de la vie paysanne, 1856), son scepticisme lui fait refuser tout engagement. Ses romans, brossés en traits simples et puissants, se veulent avant tout objectifs : Mille Âmes (1858) est un tableau de la société avant l'abolition du servage. L'écart croissant entre lui et la nouvelle génération progressiste se manifeste dans un récit satirique, la Mer démontée (1863), qui consomme la rupture avec les radicaux. Un conservatisme de plus en plus marqué le conduit parfois à mettre sa puissance narrative au service d'une grossière caricature (les Hommes des années 40, 1869 ; Dans la tourmente, 1871 ; les Petits Bourgeois, 1877).

Pithou (Pierre)

Juriste et humaniste français (Troyes 1539 – Nogent-sur-Seine 1596).

Converti en 1573 au catholicisme, il collabora en 1594 à la Satire Ménippée. Il fut nommé sous Henri IV procureur général au parlement de Paris. Il est l'auteur de traités sur le droit français (Commentaires sur les coutumes de Troyes) et sur l'histoire du droit (Mosaicorum et romanorum legum collectio). Il défendit l'Église gallicane dans un mémoire adressé en 1593 aux évêques de France pour les persuader de relever de l'excommunication le roi Henri IV, ainsi que dans les Libertés de l'Église gallicane (1594).

Pixerécourt (René Charles Guilbert de)

Auteur dramatique français (Nancy 1773 – id. 1844).

Il est, sinon le « père », du moins le maître incontesté du mélodrame auquel il sut donner son heure de gloire, en profitant de la vogue pour le roman gothique dont il s'inspire. C'est en adaptant pour la scène un roman noir de Ducray-Duminil, Victor ou l'Enfant de la forêt (1798) que Pixerécourt rencontre son premier triomphe, un triomphe qui se reproduira pour les quelque cent dix pièces qui suivront (les Orphelins du hameau, 1801 ; le Chien de Montargis ou la Forêt de Bondy, 1814 ; le Château de Loch-Leven, 1822 ; Latude ou Trente-Cinq Ans de captivité, 1834). Une telle fécondité ne peut se concevoir sans « reprise ». De fait, Pixerécourt a employé pratiquement la même trame narrative et la même typologie de personnages tout au long de sa carrière. Un pareil triomphe paraît dès lors inexplicable pour qui lit aujourd'hui un tel théâtre. Mais Pixerécourt ne se vantait-il pas d'écrire « pour ceux qui ne savent pas lire » ? Il serait faux de croire pour autant que le public qui se précipitait chaque soir sur le « Boulevard du crime » était exclusivement populaire. Bien au contraire, le mélodrame trouva une large audience auprès de la bourgeoisie libérale dont il véhiculait l'idéologie et qui désertait chaque jour davantage le théâtre classique pour les pièces « à grand spectacle ». Danses, musique, emphase dans le sentimentalisme atteindront leur but : « Vive le mélodrame, dira Musset, où Margot a pleuré ! ».