Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
F

Florian (Jean-Pierre Claris de)

Écrivain français (Sauve 1755 – Sceaux 1794).

Il écrivit d'abord des comédies sentimentales représentées en société (le Bon Fils, 1785 ; la Bonne Mère, 1785). Auteur de chansons (dont le célèbre Plaisir d'amour), de récits dans le genre pastoral (Galatée, 1783) ou historique (Numa Pompilius, 1786), Fables (1792), il donne à ses Nouvelles (1792) un rythme rapide et un style sobre. On lui doit aussi une traduction fortement abrégée de Don Quichotte.

Fo (Dario)

Dramaturge et acteur italien (Leggiuno Sangiano, Varese, 1926).

Puisant d'abord dans le répertoire des farces traditionnelles, dont Voleurs, mannequins et femmes nues (1957) constitue une sorte d'anthologie, il en exploite toutes les ressources dans une série de spectacles de son invention où ses dons de clown font merveille (les Archanges ne jouent pas au flipper, 1959 ; Isabelle, trois caravelles et un charlatan, 1963 ; Settimo : vole un peu moins, 1964 ; Madame doit être jetée, 1967). Anarchique et subversif, le comique de Fo devient de plus en plus militant après 1968, en inaugurant des nouvelles formes de communication avec le public et en jouant dans des lieux inédits (les Bourses de travail, les usines). Fo écrit alors des pièces qui connaîtront un franc succès : Mystère bouffe, 1969, œuvre qui l'a rendu célèbre, où il renoue avec les sources du théâtre populaire à travers un montage d'anciens textes dialectaux ; Mort accidentelle d'un anarchiste, 1970 ; Faut pas payer !, 1974. Ce travail militant a néanmoins élargi le public de Fo qui, tout en continuant à travailler sur le langage populaire (il lit Ruzzante en 1995) et sur la satire politique et culturelle (Johan Padan et la découverte des Amériques, 1991 ; le Diable avec des seins, 1997), s'est également imposé dans les milieux officiels. Il réalise une mise en scène de Molière à la Comédie française (1990) et reçoit le prix Nobel de Littérature en 1997. Toutefois, on ne peut vanter les mérites de Fo sans mentionner le rôle capital qu'a joué depuis toujours sa compagne, Franca Rame, dans l'écriture des textes et sur scène en tant qu'actrice.

Fodeba (Keita)

Écrivain, maître de ballet et homme politique guinéen (Siguiri 1921 – prison de Camayenne 1969).

Avec les Ballets africains, il fait le tour du monde. Ministre de l'Intérieur (1957), puis de la Défense nationale, il est accusé de complot par le président Sékou Touré, condamné à mort et exécuté. Il a laissé des poèmes (Poèmes africains, 1950 ; le Maître d'école, 1952 ; Aube africaine, 1965).

Fogazzaro (Antonio)

Écrivain italien (Vicence 1842 – id. 1911).

Romancier d'inspiration catholique, il peint des personnages de condition bourgeoise partagés entre mysticisme et sensualité, modernisme et tradition (Malombra, 1881 ; Daniele Cortis, 1885 ; Petit Monde d'autrefois, 1895, qui évoque la crise spirituelle d'un couple déchiré par la mort accidentelle de son enfant ; Petit Monde d'aujourd'hui, 1900 ; le Saint, 1905).

Foix (Josep Vicenç)

Écrivain espagnol de langue catalane (Barcelone 1893 – id. 1987).

Le surréalisme lui dicte ses premières proses poétiques (Gertrudis 1927 ; Krtu 1932). Influencé par Eugenio d'Ors et toujours sensible à l'innovation, il publie en 1947 Seul, et en deuil (écrit dès 1936), qui inaugure une série de recueils où l'évocation de la réalité ne se sépare pas de plongées dans l'univers onirique et où il unit les raffinements de la lyrique médiévale aux audaces linguistiques modernes (Où j'ai laissé les clefs, 1953 ; Mettez ces livres dans le trousseau, 1964).

Folch i Torres (Josep Maria)

Écrivain espagnol de langue catalane (Barcelone 1880 – id. 1950).

Directeur de l'hebdomadaire pour enfants El Patufet (1909-1939), romancier (Joan Endal, 1909 ; Une vie, 1910), il obtient un grand succès au théâtre avec le Petit Pâtre (1916) et Cendrillon (1920). Ses récits moralisateurs destinés à la jeunesse ont été rassemblés sous le titre Pages vécues. Son nom a été donné en 1963 à un prix couronnant un ouvrage de littérature enfantine.

Folengo (Teofilo) , connu aussi sous le nom de Merlin Cocai

Poète italien (Mantoue 1491 – Bassano 1544).

Bénédictin, il est l'auteur d'une œuvre maîtresse de la littérature macaronique, l'Opus maccaronicum, ou Maccaronee, publiée entre 1517 et 1552. Dans le chef-d'œuvre de cet ouvrage, Baldus, épopée burlesque en 25 chants, Folengo décrit les péripéties de Baldo, d'illustre naissance mais élevé dans la campagne de Mantoue par un paysan. Il narre, avec un réalisme unique dans la littérature de la Renaissance, d'abord les démêlés du héros avec la justice de la ville voisine, puis la série d'aventures merveilleuses qui l'attendent à Chioggia. L'Opus comprend aussi Zanitonella, d'argument rustique, et l'Épopée des mouches, poème héroï-comique sur la guerre entre les mouches et les fourmis. Il a également écrit, en langue vulgaire, le poème épique du Rolandin (1526) sur l'enfance de Roland, et un récit autobiographique (Chaos du trois en un, 1526), inspiré par son expérience monastique.

Follain (Jean)

Poète français (Canisy, Manche, 1903 – Paris 1971).

Jalon essentiel dans l'histoire de la poésie du siècle, contemporain du surréalisme, qu'il croise seulement, sans le rencontrer, il embrasse la carrière de magistrat mais donne la fleur de son temps à l'écriture. Dans une effervescence d'époque, il croise des peintres, mais aussi Reverdy et Jacob, qui sont comme deux pôles possibles de son écriture, Paulhan, qui l'introduit à la N.R.F., Eluard, qu'il loue pour la transparence sobre de sa langue. Il se lie à l'école de Rochefort. Il est marqué par ses jeunes années (l'Épicerie d'enfance, 1938). La guerre lui permet de préciser ce qu'il attend de la poésie : une parole en prise avec le monde d'ici, rétive aux prétentions de l'intellect. Il préfère s'en tenir, comme son ami André Frénaud, à une simplicité exigeante, à une « poésie à hauteur d'homme ». Usage du temps (1943) puis Exister (1947, titre-programme) s'attachent au quotidien et au banal (Célébration de la pomme de terre, 1966), à l'infime et au ténu (ici une épingle, là une plume d'oiseau). Sa poésie donne relief à ces choses crues, proches de nous (la Table, 1984), que l'habitude et le contact répété que nous avons avec elles ont effacées et éloignées de notre vue. Cette attention aux choses les plus simples ne se sépare pas d'un projet qui tente d'éclairer la brièveté du passage de l'homme dans le monde et la permanence de celui-ci. Des poèmes courts, se centrant sur ce presque rien, en disent au revers la belle unicité mais aussi la sourde nécessité. Rendant leur visage aux objets, aux êtres que notre incurie menaçait, la poésie est une lumière sensible. Des gestes brefs, mille fois répétés acquièrent la dimension d'un cérémonial, d'un rituel.

   Dans cette poésie de l'attention, rien n'est donné comme allant de soi, mais tout pose problème, participe au mystère, au « secret du monde / à l'odeur si puissante. » En poésie, le monde existe et le poème, dans la diversité de ses formes, en prose aussi, s'avance à la recherche d'un ordre et d'une belle unité dont la matrice, là encore, est à chercher du côté des enfances. Follain met en relation les objets – très souvent ceux du passé (il fut taxé de passéiste) – avec l'ensemble qui les contient dans un « ordre terrestre » (1986).