Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
S

Schindel (Robert)

Écrivain autrichien (Bad Hall/Linz 1944).

Issu d'une famille de résistants juifs, enfant caché dans une famille nazie, maoïste en 1968, il revient au judaïsme en 1980. Cette vie alimente ses études de milieu, truffées de néologismes et d'expressions juives (la Nuit des harlequins, 1969 ; Kassandra, 1970) et sa poésie (Sans pays, 1986 ; le Petit Feu à la traîne, 1992 ; Toujours jamais, 2000) dialoguant avec Hölderlin, Heine, Celan. Son chef-d'œuvre romanesque Né de (1992) traite sur un ton ironique des tensions entre Juifs et non-Juifs après 1945.

Schlaf (Johannes)

Écrivain allemand (Querfurt 1862 – id. 1941).

Il est l'initiateur avec Arno Holz du « naturalisme conséquent » (poussé à l'extrême). Ils publient en commun deux œuvres où ils expérimentent le « Sekundenstil » (description des faits seconde par seconde) : la nouvelle Papa Hamlet (1889) et la Famille Selicke (1890), un drame social. Ayant rompu avec Holz, Schlaf écrit un drame en dialecte (Maître Oelze, 1892), puis se sépare du naturalisme. Il publie ensuite des poèmes en prose (Printemps, 1894) et des romans au messianisme lourd (le Troisième Empire, 1900 ; Au point mort, 1909) dont l'irrationalisme le rapproche du national-socialisme.

Schlegel (August Wilhelm)

Écrivain et critique littéraire allemand (Hanovre 1767 – Bonn 1845).

Après des études de philologie à Göttingen, il collabore à Iéna aux Horen, avant de fonder en 1798 avec son frère Friedrich la revue Athenäum, organe principal de la première génération romantique. On lui doit des traductions de Shakespeare et de Calderón et des articles critiques (Caractéristiques et critiques, 1801). Il participe à la résistance contre Napoléon, et ses Cours sur l'art dramatique et la littérature (1809-1811) contribuent à l'éveil du sentiment national. Professeur à l'université de Bonn à partir de 1819, il y étudie les langues et littératures de l'Inde ancienne.

Schlegel (Friedrich)

Écrivain et critique littéraire allemand (Hanovre 1772 – Dresde 1829).

Il étudie le droit, puis la littérature classique. Influencé par Schiller et la Révolution française, il fonde sa première conception de la littérature sur l'opposition entre classicisme et romantisme (l'Étude de la poésie grecque, 1794 ; Sur le concept de républicanisme, 1796). En 1796, il s'établit à Iéna, où il écrit avec son frère August Wilhelm, Caroline, la femme de celui-ci, et Novalis. Ses réflexions s'expriment dans des fragments publiés dans la revue Athenäum (1798-1800) ; il y définit la poésie romantique comme « poésie universelle progressive ». Il cherche à réaliser cet idéal esthétique dans son roman Lucinde (1799). En 1808, converti au catholicisme, il s'installe à Vienne et prend part au congrès de Vienne en 1813-1814, comme collaborateur de Metternich. Son Histoire de la littérature ancienne et moderne (1812) est, en Allemagne, la première histoire littéraire fondée sur une philosophie de l'histoire.

Schlegel (Johann Elias)

Écrivain allemand (Meissen 1719 – Sorø, Danemark, 1749).

Après des études à Leipzig, il se fixe au Danemark comme secrétaire d'ambassade puis comme professeur. Disciple de Gottsched, il s'en écarte sous l'influence des Suisses et collabore aux Bremer Beiträge. Après des tragédies proches du classicisme français, il s'intéresse à Shakespeare dans ses écrits théoriques, réclame des sujets nationaux et donne lui-même un Hermann (1743) et un Canut (1746). Dans ses comédies (le Triomphe des bonnes femmes ; la Beauté muette, 1748), il a su mettre l'accent sur le plaisir esthétique et repousser au second rang l'intention moralisatrice.

Schlevin (Benjamin)

Romancier de langue yiddish (Brest-Litovsk 1913 – Paris 1981).

Il s'est installé à Paris en 1936. Parmi ses nombreuses œuvres, le roman les Juifs de Belleville (1948) est le plus important que la prose yiddish ait consacré à la vie des Juifs immigrés en France.

Schlink (Bernhard)

Écrivain allemand (Bielefeld 1944).

Juriste de profession, il publie des romans policiers d'un style lapidaire à partir de 1987 (Auto-justice, 1987 ; le Nœud gordien, 1988 ; Auto-duperie, 1992 ; Suicide, 2001). Son changement de registre avec le Liseur (1995) lui vaut un succès international. Cette histoire d'amour entre une ancienne gardienne de camp de concentration analphabète et un jeune de la génération 68 a fasciné par son intrigue sado-masochiste. La question de la culpabilité réapparaît dans les sept récits de Amours en fuite (2000), mettant en scène des hommes qui excellent dans l'art de se dérober.

Schlumberger (Jean)

Écrivain français (Guebwiller 1877 – Paris 1968).

Issu de deux grandes familles protestantes, il fonde avec Gide la Nouvelle Revue française (1909). Romancier, habile nouvelliste (les Yeux de dix-huit ans, 1928), critique dramatique et essayiste (Plaisir à Corneille, 1936), biographe du cardinal de Retz (le Lion devenu vieux, 1924), il s'est libéré du conformisme familial grâce à la littérature. Son œuvre s'est inscrite en marge des « étouffantes lisières morales ». Son originalité s'exprime notamment dans le regard qu'il porte sur les problèmes du couple et de la famille (l'Inquiète Paternité, 1911 ; Un homme heureux, 1921). Son chef-d'œuvre, Saint-Saturnin (1931), tire sa force expressive de l'orchestration polyphonique d'une réalité familiale façonnée par un entrecroisement d'alliances et d'affrontements. Passionné de théâtre et collaborateur de Copeau, cet écrivain travailleur et discret apporta son concours à la fondation du Vieux-Colombier.

Schlunegger (Jean-Pierre)

Poète suisse d'expression française (Vevey 1925 – Corsier-sur-Vevey 1964).

Avec ses amis H. Debluë, G. Haldas, M. Dentan et Y. Velan, il fonde la revue Rencontre (1950) et la maison d'édition du même nom, puis publie plusieurs récits. Il s'affirmera toutefois comme poète, avec De l'ortie à l'étoile (1952). À la fois vigoureuse et fragilisée par des angoisses insurmontables, sa poésie oscille entre la joie de vivre et la peur de mourir. Ses œuvres ont été réunies en un seul volume, préfacé par Yves Velan, en 1968.