Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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De Decker (Jeremias)

Poète hollandais (Dordrecht 1609 – Amsterdam 1666).

Ses épigrammes (1650) et ses poèmes sacrés (Vendredi saint ou la Passion de Notre-Seigneur Jésus-Christ, 1651) illustrent le calvinisme piétiste et l'esthétique baroque. Son Apologie de l'avarice fut aussi célèbre que l'Éloge de la folie d'Érasme.

De Filippo (Eduardo)

Auteur, acteur italien (Naples 1900 – Rome 1984).

Auteur de nombreuses comédies populaires en dialecte napolitain, il les adapte souvent lui-même au cinéma. La vie quotidienne à Naples est aussi la source de son inspiration (Noël chez les Cupiello, 1931 ; Naples millionnaire, 1945 ; Filumena Marturano ; Sacrés Fantômes, 1946). Son théâtre, qui se détache progressivement du dialecte, évolue vers une critique globale de la société (les Examens ne finissent jamais, 1973).

De Haan (Jacob Israel)

Écrivain hollandais (Smilde 1881 – Jérusalem 1924).

D'origine juive, il rejette l'orthodoxie familiale et entame une carrière faite de crises personnelles et de crises politiques. Malgré son homosexualité latente, il se marie, écrit des vers mystiques et affirme son sionisme en rejoignant le mouvement Mizrahi (Chants juifs, 1915-1921). Il quitte alors sa femme et ses enfants pour s'installer en Palestine (1918). Bientôt déçu par le milieu juif, séculier et religieux, il commence à rédiger des rapports antisionistes pour la presse étrangère et à intriguer avec les chefs nationalistes arabes. Il meurt assassiné. Ses romans (Pijpelijntjes, 1904) et ses poèmes (Quatrains, 1924) cherchent dans l'exotisme et le blasphème un exutoire à ses tourments physiques et spirituels.

De Harduyn (Justus)
ou Justus De Harduwijn

Prêtre et poète belge d'expression néerlandaise (Gand 1582 – Oudegem 1636).

Membre de la chambre de rhétorique d'Alost, il s'inspire de l'esthétique de la Pléiade dans les sonnets du Vrai Amour pour Rosemonde (1613) et dans les poèmes spirituels des Louanges divines (1620).

De Hartog (Jan)

Écrivain hollandais d'expressions néerlandaise et anglaise (Haarlem 1914 – Houston 2002).

Auteur de romans policiers sous le pseudonyme de F. R. Eckmar (On recherche jambe gauche, 1935), il combat dans la Résistance puis mène une vie de marin évoquée dans ses romans (Gloire de Hollande, 1940 ; Stella, 1950 ; Mary, 1951 ; Thalassa, 1952 ; la Vie d'un marin, 1952) avant de s'installer aux États-Unis et de connaître au théâtre un succès international (Maître après Dieu, 1946 ; le Ciel de lit, 1954 ; l'Inspecteur, 1961).

De Jong (Adrianus Michael)

Écrivain hollandais (Nieuw-Vossemeer 1888 – Blaricum 1943).

Journaliste, auteur de livres pour enfants (Aventures de Fil-de-fer et Boule-de-gomme) et de récits qui illustrent son engagement socialiste (l'Évangile de la haine, 1923), il doit sa célébrité à la tétralogie, largement autobiographique, de Nerijntje Gijzen (1925-1928), évocation d'une enfance et d'une jeunesse populaire au Brabant et à Rotterdam.

De La Mare (Walter)

Écrivain anglais (Charlton, Kent, 1873 – Twickenham, Middlesex, 1956).

Conteur (Chant de l'enfance, 1902 ; les Trois Mulla Mulgars, 1910 ; Redit, 1927), attiré par le fantastique (Miniature ou les mémoires de Miss M.), il explore, dans le sillage de Lewis Carroll, la vision enfantine du monde. Proche de Coleridge et de Maeterlinck, il décrit dans une tonalité visionnaire le dialogue avec l'au-delà et les forces intérieures (les Auditeurs, 1912 ; le Voile, 1921 ; Le Verre brûlant, 1945).

De Luca (Erri)

Écrivain italien (Naples 1950).

Après s'être engagé politiquement en 1968 et dans les luttes successives, il devient maçon. Tout en exerçant ce métier, il commence à publier des romans, des nouvelles et des exégèses bibliques. Et c'est justement dans la parole sacrée qu'il trouve les ressorts de son écriture, véritable recherche de valeurs absolues (Une fois, un jour, 1989 ; Un nuage comme tapis, 1991 ; Acide, arc-en-ciel, 1992 ; En haut, à gauche, 1994 ; Alzaia, 1997 ; Tu, moi, 1998 ; Trois Chevaux, 1999 ; Montedidio, 2001).

De Marchi (Emilio)

Écrivain italien (Milan 1851 – id. 1901).

Romancier influencé par plusieurs traditions littéraires, du courant « lombard » (Parini et Manzoni) au vérisme et au naturalisme, en passant par la Scapigliatura, ses romans les plus importants sont Demetrio Pianelli, 1890, et Jacques l'idéaliste, 1897.

De Quincey (Thomas Quincey, dit)

Écrivain anglais (Manchester 1785 – Édimbourg 1859).

Après une enfance difficile, entre l'austérité de sa mère et la brutalité de son frère, il fait une fugue, durant laquelle il est recueilli par une prostituée londonienne (1800-1803). Expédié à Oxford, il y découvre l'opium (1804), rejoint Wordsworth et Coleridge, à qui il fait don de presque tout son patrimoine, s'installe à Grasmere (1809-1820), épouse une fille du village et vit de sa plume. Vulgarisateur des philosophes allemands, économiste admiré par Ricardo et J. S. Mill, il se passionne pour les lois secrètes et les forces qui manipulent l'homme : l'abandon, la douleur, le sublime intérieur, bref, le subjectif et l'inconscient (deux de ses mots préférés) pour sauver de l'indifférence le péché et le salut. À Londres, il crée une culpabilité nouvelle, l'opiomanie (l'opium est alors parfaitement légal), avec les Confessions d'un Anglais mangeur d'opium (1821, remanié en 1856), récit truqué d'une (dés)intoxication de rêve. Humour, onirisme et compassion se retrouveront dans De l'assassinat considéré comme un des beaux-arts (1827), Suspiria de Profundis (1845), la Nonne militaire d'Espagne (1847), la Diligence anglaise (1849). Il rejoint le conservatisme intellectuel d'Édimbourg sans renoncer à l'art de rêver. Deuils et extases, chutes et suspenses, rien ne s'efface dans le palimpseste de l'esprit. Ainsi naissent un nouveau sacré, celui des profondeurs de l'âme, et une sorte de culte marial, où, dans la droite ligne des romantiques, le rôle de la Vierge Mère sera tenu par la sœur. Dandy et paria, de Quincey annonce dans sa prose passionnée le mysticisme baroque du renouveau catholique. Musset, Nerval, Baudelaire, Kafka reconnaîtront en lui l'un des hérauts de la modernité.