Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
F

Fernández de Moratin (Nicolás) , dit Moratín l'Ancien

Poète et dramaturge espagnol (Madrid 1737 – id. 1780).

S'inspirant du classicisme français, il tenta de donner à la littérature espagnole une direction nouvelle, illustrant sa théorie (Désenchantements du théâtre espagnol, 1764) par des tragédies et des comédies. On lui doit aussi des poésies dont la Fête des taureaux à Madrid, une épopée (la Destruction des nefs de Cortés, 1785) et un poème didactique sur la chasse (1765).

Fernández Retamar (Roberto)

Écrivain cubain (La Havane 1930).

Directeur de la Nueva revista cubana (1959-60) puis de la revue Casa de las Américas et du Centro de estudios martianos de La Havane (1965), conseiller culturel à Paris, puis professeur à Yale et à l'université de La Havane, c'est un essayiste (la Poésie contemporaine à Cuba, 1954 ; Idée sur l'esthétique, 1961 ; Caliban cannibale, 1971) et un poète à l'écoute du monde contemporain (Avec les mêmes mains, 1962 ; À ceux que cela pourra intéresser, 1970 ; Jeanne et autres poèmes personnels, 1979).

Féroé (îles)

Outre le danois, langue officielle, les habitants de ces îles usent d'un parler proche de l'islandais, qui a conservé de nombreux traits morphologiques du vieux nordique. Si cette langue locale n'a été reconnue qu'à partir de 1912, elle est le véhicule d'une littérature dont les premiers témoignages remontent au XIIIe siècle. La littérature moderne est née des travaux de linguistes qui aboutirent à l'établissement du Corpus carminum Foeroënsium (1872-1905). Le premier essor littéraire est marqué par la poésie de J. H. O. Djurhuus (1881-1948) et les contes lyriques de son frère. Les thèmes traditionnels des travaux des pêcheurs et des paysans (Rasmus Rasmussen) s'estompent chez les écrivains contemporains, qui s'expriment en danois.

Ferrand (Anne Bellinzani, dite la présidente)

Femme de lettres française (1658 – Paris 1740).

Sa liaison avec le baron de Breteuil lui inspira un roman (Histoire nouvelle des amours de la jeune Bélise et de Cléanthe, 1689) et des Lettres (1691).

Ferrari (Paolo)

Auteur dramatique italien (Modène 1822 – Milan 1889).

Il renouvela avec habileté la tradition goldonienne (Goldoni et ses seize nouvelles comédies, 1851 ; la Satire de Parini, 1856), avant de s'intéresser à des problèmes moraux comme l'éducation (le Duel, 1868 ; le Suicide, 1875).

Ferrater (Gabriel)

Poète espagnol de langue catalane (Reus 1922 – Sant Cugat del Vallés 1972).

Son suicide clôt une œuvre de démystification et d'humour, refusant toute idéologie et toute métaphysique pour s'attacher à la transmutation du vécu quotidien par d'incessantes recherches théoriques et pratiques sur la métrique. Il rassembla en 1968 sous le titre les Femmes et les Jours ses recueils précédemment publiés (Da nuces pueris, Menja't una cama, Teoria dels cossos).

Ferreira (António)

Poète portugais (Lisbonne 1528 – id. 1569).

Disciple de Sá de Miranda, figure éminente du mouvement humaniste, il est l'auteur d'élégies et de sonnets pétrarquisants, mais surtout de la tragédie Inês de Castro (publiée en 1587).

Ferreira (José Gomes)

Écrivain portugais (Porto 1900 – Lisbonne 1985).

Poète, il est aussi l'auteur de nouvelles et d'un essai autobiographique (la Mémoire des mots, 1965). Son intérêt pour la littérature de tradition orale transparaît dans son roman les Merveilleuses Aventures de Jean sans Peur (1963). Communément identifié au courant néoréaliste, il prône la responsabilité des intellectuels devant l'injustice sociale (le Monde inhabité, 1960 ; les Secrets de Lisbonne, 1962).

Ferreira (Vergílio)

Écrivain portugais (Melo 1916 – Lisbonne 1996).

Lié au mouvement néoréaliste, attiré par l'existentialisme (Apparition, 1959), il fait de ses récits une méditation continue sur la condition humaine (Joie brève, 1965 ; Au nom de la terre, 1990).

Ferreira de Castro (José Maria)

Écrivain portugais (Ossela 1898 – Porto 1974).

Orphelin, il s'embarque à 12 ans pour le Brésil et travaille en Amazonie. Rentré au Portugal en 1919, il fonde la revue l'Heure (1922) et publie des récits pittoresques (le Pèlerin du Nouveau Monde, 1926) qui vont en s'approfondissant (Forêt vierge, 1930). Dans Mourir peut-être (1968), récit d'une expédition ethnologique au cœur de la forêt brésilienne, il se livre à une méditation sur la condition humaine.

Ferreira de Vasconcelos (Jorge)

Écrivain portugais (Lisbonne 1515 – id. 1585).

Auteur de romans de chevalerie (Prouesses de la seconde Table Ronde, 1567) et de comédies en prose, il excelle dans la satire de la cour et de la préciosité.

Ferreira Gullar (José de Ribamar Ferreira, dit)

Écrivain brésilien (São Luís do Maranhão 1930).

Il a évolué de la poésie concrète au théâtre social (João Boamorte, type qui doit mourir, 1962) et à l'essai. Il est célèbre pour son Poème sale (1976).

Ferron (Jacques)

Écrivain québécois (Louiseville 1921 – Longueuil 1985).

Médecin, il a situé dans un cadre rural son premier roman, Cotnoir (1962), où le réel se mêle à l'imaginaire et la fantaisie poétique à l'humour. Ces caractéristiques se retrouvent à un haut niveau dans ses Contes du pays incertain (1962), Contes anglais et autres (1964), et dans ses récits ultérieurs (la Nuit, 1965 ; la Charrette, 1968 ; le Ciel de Québec, 1969 ; l'Amélanchier, 1970 ; le Saint-Élias, 1972), dont les figures se diversifient et dont le symbolisme débouche sur l'utopie ou le fantastique. Il a été aussi l'un des premiers rénovateurs du théâtre québécois, tantôt dans une tonalité comique (Tante Élise, 1956), tantôt sur un fond historique (les Grands Soleils, 1958) et engagé politiquement (la Tête du roi, 1967). Ses œuvres posthumes, notamment la Conférence inachevée. Le pas de Gamelin et autres récits (1987), ont amené la critique psychanalytique, génétique et comparative à relire cette œuvre paradoxale.

Ferry (Jean)

Écrivain français (Paris 1906 – id. 1976).

Neveu de José Corti, chef de plateau de Pathé-Nathan, il participe aux activités du groupe surréaliste à partir de 1933, et de 1947 à 1952, avant de se tourner vers le collège de pataphysique, qui publiera de nombreux textes posthumes. C'est un scénariste important pour le cinéma français, notamment avec Quai des orfèvres de Clouzot. Breton lui rend hommage en raison de ses recherches sur Raymond Roussel et de ses dons d'écrivain (le Mécanicien et autres contes, 1953) dont la brièveté et le lyrisme expriment avec humour le malaise de l'homme perdu dans la civilisation moderne et le cosmos, ne trouvant d'issue que dans le sommeil, le suicide ou certaines solutions imaginaires. J. Ferry séduit par son détachement souverain à la Jacques Vaché, et il figure dans l'Anthologie de l'humour noir dès 1950.