Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Troyat (Lev Tarassov, dit Henri)

Écrivain français d'origine russe (Moscou 1911-Paris 2007).

Il débute par une dure peinture de la province avec Faux Jour (1935) et l'Araigne (1938, prix Goncourt), puis se tourne vers de grands cycles romanesques évoquant la France et la Russie contemporaines (les Semailles et les Moissons, 1953-1956 ; la Lumière des justes, 1959-1962 ; les Eygletière, 1965-1967 ; les Héritiers de l'avenir, 1968-1970 ; la Gouvernante française, 1989), qu'il abandonne parfois pour des romans brefs comme Viou (1980), le Pain de l'étranger (1982), ou des récits qui prennent l'allure du bilan d'une vie (la Dérision, 1983 ; le Bruit solitaire du cœur, 1985). On doit à cet inlassable travailleur des biographies (Tolstoï, 1965 ; Ivan le Terrible, 1982) et des essais sur ses fascinations littéraires (Dostoïevski, 1940 ; Tolstoï, 1965 ; Gogol, 1971 ; Flaubert, 1988).

Trublet (Nicolas Charles Joseph)

Écrivain français (Saint-Malo 1697 – id. 1770).

Ordonné jeune, il accompagna l'abbé de Tencin à Rome pour le conclave de 1721, puis revint à Paris. Il collabora au Mercure et se fit remarquer par ses prises de position en faveur des Modernes, aux côtés de Fontenelle et de La Motte. Voltaire l'accabla de ses sarcasmes, à cause des critiques qu'il avait faites de la Henriade. Trublet réédita plusieurs fois des Essais de morale et de littérature parus pour la première fois en 1735.

Truong Vinh Ky

Érudit vietnamien (prov. de Vinh Long 1837 – Saigon 1898).

Après des études dans diverses écoles catholiques et des débuts dans l'enseignement, il vient en France en 1863 comme interprète de la mission diplomatique de Phan Thanh Gian. De retour dans son pays (1864), professeur, chef d'établissement, écrivain, journaliste, diplomate, il s'installe en 1886 à Saigon. Créateur du journalisme au Viêt-nam, il a entrepris et assuré la vulgarisation en écriture vietnamienne romanisée (quôc-ngu) des œuvres majeures de la littérature classique et de l'histoire de son pays comme des principaux classiques chinois. Il est l'auteur d'un grand nombre d'ouvrages, tels Récits d'autrefois (1866), Cours d'histoire annamite (1875-1877), Grammaire de la langue annamite (1883), Petit Dictionnaire français-annamite (1884).

Ts'adasa (Gamzat (Hamzat))

Poète avar (Ts'ada 1877 – Mahatchq'ala 1951).

Il est le fondateur de la littérature avar dont il contribue à fixer la langue littéraire à partir de son dialecte, le hunza. Fils de paysans pauvres, éduqué à l'école coranique, il délaisse sa fonction de cadi pour vivre de ses terres, tout en dénonçant, dans des récits satiriques, l'arrogance des nantis et les vices du clergé (le Chien d'Alibek', le Juge et le rat des champs, la Gargote). Après la révolution, il sert et popularise les idées nouvelles dans des comédies (le Savetier, Ajdemir et Umajganat, la Noce de Kadalav) et une poésie progressiste (Du balai les vieilles coutumes !, 1934) et résistante (la Légende du berger, 1950). Député au Soviet suprême, auteur de nombreuses traductions, il laisse une autobiographie poétique (Ma vie, 1939).

Tsene U Reene

Livre en langue yiddish de Jacob ben Isaac Ahkenazi (vers 1590).

Destiné principalement aux femmes (d'où le titre emprunté au Cantique des cantiques, 3, 11 : « Sortez et admirez, [filles de Sion] ») qui, non instruites en hébreu, n'ont pas accès à la Bible, il propose une paraphrase du Pentateuque et d'autres textes bibliques, accompagnée de commentaires édifiants et agrémentée de fables et légendes tirées de la tradition juive. Le style familier et facile de ce livre en a fait l'ouvrage le plus populaire de la littérature en yiddish jusqu'au XIXe s.

Ts'ereteli (Ak'ak'i Rost'omis dze)

Écrivain géorgien (Sxvit'ori, rég. de Satchxere, 1840 – id. 1915).

D'origine princière, descendant par sa mère du roi d'Imérétie Solomon Ier, il consacra sa vie à l'écriture. Dans ses Mémoires (Mon passé, 1894-1908), il raconte combien dans son enfance les châtiments corporels infligés à tous ceux qui étaient surpris en train de parler géorgien à l'école le révoltaient. Chef de file des tergdaleulebi aux côtés d'Ilia Tch'avtch'avadze, il fonda comme lui sa revue, Ak'ak'is Tviuri K'rebuli (le Recueil mensuel d'Ak'ak'i), bientôt interdite pour propagande anti-tsariste (1897-1900). Plus tard, en 1907, il fut même emprisonné dans la forteresse de Met'exi à Tiflis pour avoir lancé une revue satirique qui ne dépassa jamais le premier numéro et ne fut libéré que sous la pression populaire. Il a laissé des drames (le Petit K'axétien, surnom du roi Erek'le II, 1890), des nouvelles et des romans (Bachi-Atchuk'i, 1895-1896), des poèmes historiques (Bagrat' le Grand, 1875 ; Tornik'e Eristavi, 1883 ; Natela, 1897), des poésies (Amirani, 1883 ; À l'aimée, 1892), dont certaines sont devenues des chansons très populaires (Petite Âme, 1895).

Ts'ereteli (Giorgi Ekvtimes dze)

Écrivain géorgien (Gorisa, rég. de Satchxere 1842 – Tiflis 1900).

Un des tergdaleulebi, rédacteur des journaux Droeba (le Temps), puis K'vali (Trace), il fonde en 1886 avec Nik'o Nik'oladze le Meore Dasi (Le Deuxième Groupe), favorable à l'émergence d'un capitalisme géorgien. Son Carnet d'un voyageur (1866) brossait déjà un tableau terrible des campagnes géorgiennes. Le roman le Premier Pas (1890-1891), les récits Gulkani (1868-1897) et le Loup gris (1892) s'indignent ensuite de la paupérisation des anciens serfs que l'effondrement du système féodal a livrés au capital russe.

T'serstevens (Albert)

Écrivain français d'origine belge (Uccle, Belgique, 1886 – Neuilly-sur-Seine 1974).

À Paris, où il fréquente Cocteau, Picasso, Auric, Fernand Léger et surtout Blaise Cendrars (qu'il évoquera dans l'Homme que fut Blaise Cendrars, 1972), il publia des Poèmes en prose (1911) dont la luxuriance préfigurait l'œuvre à venir. Son goût du voyage et de la liberté lui fait jeter un regard curieux et ironique sur la société parisienne (Beni Ier, roi de Paris, 1926) comme sur un monde où le rêve est parfois difficile à démêler de la réalité (le Vagabond sentimental, 1923 ; les Corsaires du roi, 1930 ; l'Or du Cristobal, 1936). Il ponctuera ses pérégrinations de récits où l'érudition le dispute au pittoresque (Tahiti et sa couronne, 1950 ; Mexique, pays à trois étages, 1955 ; Flâneries dans Istanbul et ses entours, 1973), sans oublier ses nombreuses Escales parmi les livres (1969).