Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
V

Viana Moog (Clodomir)

Écrivain brésilien (São Leopoldo, Rio Grande do Sul, 1906-Rio de Janeiro 1988).

Auteur d'essais, de romans (Un fleuve imite le Rhin, 1939) et de nouvelles, il est connu pour son essai sociologique Défricheurs et pionniers (1954).

Viani (Lorenzo)

Peintre et écrivain italien (Viareggio 1882 – Ostie 1936).

Artiste expressionniste, anarchiste, il évoque, dans un dialecte mêlé d'argot, le petit monde pittoresque de sa région natale, la Versilia. On citera, parmi ses romans et nouvelles : Souls, 1923 ; Paris, 1925, évocation de son séjour dans la capitale ; les Globe-trotters de la Versilia, 1926.

Viau (Théophile de, dit aussi Théophile)

Poète français (1590 – 1626).

Né dans une famille protestante, ce libertin de goût mena d'abord une vie vagabonde et apparut comme le chef de file de la jeunesse dorée de la cour. Exilé une première fois en 1619 pour des « vers indignes d'un chrétien », il rentra en grâce auprès du duc de Luynes, mais dut fuir bientôt en Angleterre, où il fut bien accueilli par le duc de Buckingham. Revenu au bout de deux ans, il s'instruisit dans la religion catholique et abjura entre les mains du P. Séguiran. Mais en 1622, les jésuites lui imputèrent la publication du Parnasse des poètes satyriques : Théophile de Viau est l'un des auteurs de ce recueil collectif de poésies libertines (1622) aux côtés de Berthelot, Colletet, Faret, Motin ; certaines de ces « priapées » mêlaient à la critique sociale et à la dénonciation des contraintes morales un franc libertinage. Aussi le jésuite François Garasse lança-t-il contre lui la même année sa Doctrine curieuse des beaux esprits de ce temps. Théophile allait devenir, par cet ouvrage dont le style railleur devait être lui aussi violemment critiqué, le prototype du libertin impie et irréligieux pour tout le siècle. Arrêté, il attendit son jugement plus de deux ans et échappa de peu à la condamnation à mort ; il fut exécuté en effigie et banni à vie de Paris, mais mourut à 36 ans des persécutions subies, un an après sa libération. Ses œuvres poétiques parurent en trois volumes, entre 1621 et 1626. Elles contiennent sa tragédie Pyrame et Thisbé, jouée en 1621 et qui connut un grand succès. Mais ce sont surtout ses Élégies composées en prison, qui montrent, par-delà la tradition renaissante dans laquelle elles prennent place, une originalité de ton d'une grande modernité. Son Traité de l'immortalité de l'âme et l'esquisse autobiographique intitulée Première Journée montrent une prose classique nerveuse, sans latinisme, et d'une clarté étonnante, si on le compare à ses contemporains.

Vicaire (Gabriel)

Poète français (Belfort 1848 – Paris 1900).

Son œuvre poétique est de celles qui seraient totalement inconnues si leur auteur ne s'était illustré par quelque scandale, en l'occurrence la publication, avec son complice H. Bauclair, des Déliquescences d'Adoré Floupette, présentées par Marius Tapora, pharmacien de deuxième classe (1885), amusante mystification littéraire pastichant les « décadents », rêveurs névrosés dont la sensibilité se complaît à évoquer sensations évanescentes et états d'âme langoureux.

Vicente (Gil)

Auteur dramatique portugais (Guimarães v. 1465 – Evora v. 1537).

Né dans une famille d'artisans, il est nommé orfèvre de la reine (1509), puis contrôleur général de la maison de la Monnaie (1513) à Lisbonne, charge qu'il vend (1517) pour se consacrer à l'organisation des autos, représentations et danses à la cour de Manuel Ier. Sa connaissance du castillan lui permet l'accès aux diverses formes de la culture religieuse et profane dont son œuvre apporte le témoignage. Considéré comme le créateur du théâtre portugais, il laisse une œuvre très vaste – autos, moralités, farces, comédies – en castillan et en portugais, publiée d'abord en feuillets volants (beaucoup d'entre eux furent interdits par l'Inquisition), compilée plus tard par son fils, Luis Vicente, qui en modifia le texte et en altéra la chronologie. Les moralités, héritées en partie des églogues espagnoles de Juan del Encina et de Lucas Fernández, apparaissent à partir de 1510. On y trouve les sommets de l'art de Gil Vicente : la Trilogie des barques (1517-1519), combinaison du symbolisme chrétien médiéval et d'éléments traditionnels ; l'Auto de l'âme (1518), qui, mettant en scène une âme sollicitée par le Diable et l'Ange, constitue l'une des plus belles expressions de l'art gothique et du christianisme médiéval. Avec l'Auto de l'Inde, satire de la femme infidèle au soldat parti en Inde, Gil Vicente crée en 1509 la farce littéraire au Portugal : critiquant le clergé qui se dérobe à l'impôt lors de la croisade contre l'islam (Auto de l'exhortation à la guerre, 1514), les magistrats et administrateurs qui exploitent le peuple (Auto de la barque de l'enfer), la corruption de la cour et son favoritisme (Farce des muletiers, 1527), les filles de la plèbe, futiles et prétentieuses (Qui a du blé ?, 1515 ; Inês Pereira, 1523), il fait revivre, en puisant dans les romances portugais ou colportés d'Espagne et en utilisant les effets comiques des patois locaux, toute la société portugaise du premier tiers du XVIe s.

Vidadi (Molla Véli)

Poète azerbaïdjanais (Chamkhor 1709 – Chikli 1809).

Instituteur de village, il entra à Tiflis au service du roi géorgien Irakli II, avant de connaître la disgrâce. Son œuvre, qui se réclame à la fois de Fizouli et de la poésie populaire des achougs, associe à une vision pessimiste de l'univers (soufisme) des notes de protestation antiféodale, et le montre compatissant aux souffrances des humbles (Épître à Vaguif, les Grues, la Mort du fils d'Irakli).

Vidal (Gore)

Écrivain américain (West Point, New York, 1925).

Proche des Kennedy, il a été tenté par une carrière politique, mais se consacre, depuis les élections sénatoriales de 1960, à la littérature. Apologiste de l'individualisme, il note la libération des mœurs à travers le thème de l'homosexualité (Un garçon près de la rivière, 1948), fait la satire du mode de vie américain (Messie, 1954 ; Washington DC, 1967 ; Duluth, 1983) ou cherche dans un passé idéal les remèdes aux misères de la modernité (de Julien, 1964, à Création, 1980). Également auteur dramatique critique, il a publié de nombreux essais (notamment les Faits et la fiction, 1977 ; la Deuxième Révolution américaine, 1982).