Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Werner (Zacharias)

Poète dramatique allemand (Königsberg 1768 – Vienne 1823).

Il fut l'enfant terrible du mouvement romantique. Les implications patriotiques et religieuses de ses drames (la Croix sur la Baltique, 1806 ; Martin Luther, 1807 ; la Mère des Maccabées, 1820) et leur démesure spectaculaire ont enchanté le grand public du début du XIXe s. Mais leur mysticisme et leurs outrances, insuffisamment rachetées par les beautés de la langue, ont rebuté la postérité. On se souvient cependant de son 24 Février (1809), écrit selon des consignes imposées par Goethe, drame noir où apparaît le motif du Malentendu de A. Camus.

Wernher der Gartenaere (Wernher le Jardinier)

Poète de langue allemande (Autriche ou Bavière, 2e moitié du XIIIe s.).

On ne connaît de lui que Helmbrecht le Fermier écrit v. 1260. Un jeune paysan, ébloui par la chevalerie, part à l'aventure, malgré les mises en garde de son père. Mais les chevaliers qu'il rencontre ne sont que des pillards et il finira par payer de sa vie les méfaits auxquels il participe en leur compagnie. Cette satire sociale sans complaisance, où les paysans veulent rivaliser avec les chevaliers et où ces derniers utilisent leur puissance pour voler et tuer, est remarquable par la maîtrise du récit et la caractérisation des personnages.

Wesker (Arnold)

Auteur dramatique anglais (Stepney 1932).

D'origine russo-hongroise, militant communiste et sioniste, il fonde à Londres le « Centre 42 » (1961-1970) pour un théâtre populaire. De la Cuisine (1957) à Nous ferons de vous des hommes (1962), en passant par la trilogie que forment Soupe au poulet et à l'orge (1958), Racines (1959) et Je parle de Jérusalem (1960), Wesker évolue du naturalisme (le « théâtre de l'évier de cuisine ») vers le symbolisme ; ces pièces décrivent l'existence picaresque des petits juifs londoniens de l'East End et leurs aspirations à la fraternité. Après l'échec de son projet de théâtre ouvrier financé par les syndicats, Wesker fait son retour à la fin des années 1970, avec le Marchand (1977), réécriture du Marchand de Venise de Shakespeare, et, la même année, les Journalistes, où il renoue avec une conception brechtienne du théâtre. En 1981, Caritas ouvre un cycle de cinq monologues féminins.

Wessely (Naphtali Herz Wesel, dit Hartwig)

Écrivain allemand de langue hébraïque (Hambourg 1725 – id. 1805).

Il fit partie à Berlin du cercle de Moses Mendelssohn et entreprit d'adapter la tradition juive à l'esprit des Lumières. Un des initiateurs de la Haskalah, il composa des traités pédagogiques et philosophiques, des commentaires sur la Genèse et des poèmes d'inspiration biblique (Poèmes de gloire, 1809). Son grand ouvrage, Paroles de paix et de vérité (1782) inspira le programme réformiste de Joseph II, notamment en matière de tolérance religieuse.

West (Nathan Wallenstein Weinstein, dit Nathanael)

Romancier américain (New York 1904 – près d'El Centro, Californie, 1940).

Ses romans, souvent cauchemardesques, contredisent l'idéologie américaine conventionnelle grâce à un usage du grotesque, apparenté au surréalisme, où s'exhibent les déchéances. Le récit rejoint ainsi la fable, celle du désespoir américain, celle des vanités américaines. La Vie rêvée de Balso Snell (1931) enregistre, à travers un argument fantasmatique la décomposition du moi ; Miss Lonelyhearts (1933) identifie le rédacteur d'un courrier du cœur à un personnage christique, endossant les souffrances d'autrui ; Un million tout rond (1934) reprend, sous une forme parodique, le mythe du succès, personnifié par Horatio Alger. L'Incendie de Los Angeles (1939) fait d'Hollywood l'image de toutes les ruines et illusions contemporaines et lie monde de l'image et monde de la violence, dans un ultime soulèvement de foule, où se lit l'impossibilité de l'accomplissement individuel dans la société américaine.

West (Cicely Isabel Fairfield, dite Rebecca)

Romancière anglaise (dans le Kerry, Irlande, 1892 – Londres 1983).

Actrice, journaliste à Freewoman (1911) et au Clarion, suffragette, elle emprunte son pseudonyme à Ibsen (Rosmersholm). Biographe d'Henry James (1915) et de D. H.  Lawrence (1930), freudienne (le Retour du soldat, 1918 ; le Juge, 1922), passionnée de justice (Une traînée de poudre, 1955), elle poursuit dans ses romans (le Roseau pensant, 1936 ; Les oiseaux tombent, 1966), qui mêlent politique, religion et imagination, la quête d'une vision qu'elle veut « moderne ».

Westlake (Donald Edwin)

Écrivain américain (New York 1933).

D'abord influencé par D. Hammett pour le Zèbre (1960) et par W. Irish pour Festival de crêpe (1963), puis par F. Brown dont il apprécie l'humour, il se révèle, avec le Pigeon d'argile (1964), un maître du policier humoristique. Il signe Richard Stark des romans réalistes consacrés à Parker, un gangster sans état d'âme, et Tucker Coe la série avec Mitch Tobin, un ex-policier devenu enquêteur sans licence. Il signera aussi Curt Clark, Timothy J. Culver et J. Morgan Cunningham. On retiendra Pierre qui brûle (1971), Un jumeau singulier (1975) et Adios Shéhérazade (1970), où il révèle sa manière d'écrire.

Weustenraad (Théodore)

Écrivain belge de langue française (Maastricht 1805 – Jambes 1849).

La révolution de 1830 attira ce Hollandais à Bruxelles, où il découvrit les idées du comte de Saint-Simon. À ce réformateur il dédia ses Chants du réveil (1831). Devenu libéral modéré, il se fit le chantre de la révolution industrielle. Dans le Remorqueur (1841), le Haut Fourneau (1844), la Charité (1845), utopisme et messianisme célèbrent les vertus du progrès et les valeurs de la bourgeoisie montante.

Weyergans (François)

Écrivain belge de langue française (né en 1941).

Il se consacre d'abord au cinéma comme critique puis auteur de courts et longs métrages. Son premier ouvrage, le Pitre (1973), est un farcesque compte rendu de cure où un psychanalyste bouffon évoque les pitreries d'un Lacan. Brio et verve sont confirmées par Berlin mercredi (1979) et les Figurants (1980). Un ton nouveau apparaît avec Macaire le Copte (1981), quête spiritualiste d'un père du désert au IVe siècle (prix Rossel). Le Radeau de la Méduse (1983) renoue avec l'humour et la fantaisie, comme Vie d'un bébé (1986) dont le narrateur est un fœtus. Après la Démence du boxeur (1992, prix Renaudot) et Franz et François (1997), Trois Jours chez ma mère (2001) est le bilan ironique et cruel d'un quinquagénaire. Comme toujours, l'humour jette un voile pudique sur un tragique implicite.