Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
L

Louis-Combet (Claude)

Écrivain français (Lyon 1932).

Philosophe, éditeur, il traduit Anaïs Nin (la Maison de l'inceste, 1975), fait connaître Trakl (Blesse, ronce noire, 1995, « mythobiographie »). Ses récits, d'une sensualité trouble, sont fascinés par l'inceste (Infernaux Paluds, 1970 ; Rapt et ravissement, 1996). Il explore les mythes païens et chrétiens (le Roman de Mélusine, 1986 ; l'Âge de Rose, 1997). Sa poésie et ses essais sont une quête d'une langue originelle reliant l'homme « à la voix lactée ».

Louisiane

Peuplée originellement de Français (Créoles, puis descendants d'Acadiens déportés de Nouvelle-Écosse par l'Angleterre en 1755), la Louisiane a produit de nombreuses œuvres littéraires en français. Aux trois brèves poésies officielles (1777-1779) de Julien Poydras, écrites sous le régime espagnol, et à la tragédie de Leblanc de Villeneufve (Poucha-Houmma) en 1814, succédera un Essai historique (1831) de Charles Gayarré, refondu, en 1846, sous le titre d'Histoire de la Louisiane. Des chansonniers, comme Montmain, Anson, Alexandre Magnin, et des lyriques, comme Tullius Saint-Céran, Jean Duperron, Constant Lepouzé, caractérisent cette époque encore préromantique. L'élégiaque Alexandre Latil, qui meurt lépreux (les Éphémères, 1841), et le satirique Félix de Courmont (le Taenarion, 1846) prolongent la même veine. Mais les frères Adrien et Dominique Rouquette lancent l'idée d'une littérature nationale, suivis par Oscar Dugué (Essais poétiques, 1847) ; des hommes de couleur publient l'Album littéraire (1843) et les Cenelles (1845) ; Auguste Lussan, Placide Canonge, le mulâtre Victor Séjour, qui fait carrière à Paris, cultivent le drame romantique ou le mélodrame. Des romanciers imitent les feuilletons d'Alexandre Dumas ou d'Eugène Sue : ce sont surtout des réfugiés français, notamment Alexandre Barde et Charles Testut (le Vieux Salomon, 1872). De leur côté, les Louisianais de naissance, comme le mulâtre Séligny, ou d'adoption, comme Amédée Bouis, Xavier Eyma, tentent d'intéresser le public de France au Nouveau Monde. Après la guerre de Sécession, le recul du français est ralenti grâce à l'équipe de la Renaissance louisianaise, puis à celle de l'Athénée louisianais, que fonde Alfred Mercier en 1876 et dont les Comptes rendus offrent un moyen d'expression aux écrivains, comme les frères Edward ou Georges Dessommes. Lemercier Du Quesnay écrit, en 1892, des Essais poétiques et littéraires, et Mme de La Houssaye clôt la liste par un roman-fleuve, les Quarteronnes de La Nouvelle-Orléans (1894-1898). Faute d'un public suffisamment étendu, la littérature franco-louisianaise s'éteint vers 1900. On estime aujourd'hui que, sur un million de Cadiens en Louisiane, environ 300 000 sont encore francophones à des degrés divers. Le Conseil pour le développement du français en Louisiane (CODOFIL), fondé en 1967, a obtenu que le français soit reconnu comme deuxième langue officielle et réintroduit dans l'enseignement primaire ainsi qu'à la radio et à la télévision. Plus récemment, la fondation d'Action cadienne, créée en 1995, les travaux des folkloristes et des linguistes de l'université de Lafayette et les publications de plusieurs musiciens et poètes comme Zachary Richard (Voyage de nuit, 1990 ; Faire récolte, 1997), Jean Arceneaux (Suite du Loup, 1998) ou David Chéramie (Lait à mère, 1997), permettent l'espoir d'un renouveau.

Loup de Ferrières

Humaniste carolingien de langue latine  (vers 805 – v. 862).

Élève de Raban Maur à Fulda, abbé de Ferrières, il défendit la théologie augustinienne au cours de la querelle sur la prédestination (Liber de tribus quaestionibus). Fondateur de l'école d'Auxerre, il laisse une œuvre variée qui témoigne de sa culture classique et de la réforme entreprise par Charlemagne (vies de saints, poèmes, traité de métrique, Lettres traitant de théologie, de la vie conventuelle, d'échanges de manuscrits).

Louvet (Jean)

Auteur dramatique belge de langue française (Moustier-sur-Sambre 1934).

Son théâtre (le Train du bon Dieu, 1962 ; À bientôt Monsieur Lang, 1970 ; Conversation en Wallonie, 1976 ; l'Homme qui avait le soleil dans sa poche, 1982) met en scène les préoccupations quotidiennes du prolétariat wallon et les interrogations des intellectuels qui, comme l'auteur, en sont issus. D'un registre un peu différent, Un Faust (1985) reprend les mêmes thèmes en actualisant ce grand mythe littéraire.

Louvet de Couvray (Jean-Baptiste)

Écrivain français (Paris 1760 – id. 1797).

Il reste surtout connu pour un roman d'aventures et d'intrigues libertines (Une année de la vie du chevalier de Faublas, 1787) dont il sut exploiter le succès (Six Semaines de la vie de Faublas, 1788 ; la Fin des amours de Faublas, 1790). Dans cette trilogie, il parvient à créer un type, celui du jeune homme séduisant incapable de résister à une tentation amoureuse et en continuelle évolution. Le goût affirmé du travestissement qui le transforme la moitié du temps en une jeune demoiselle, au risque de l'aliénation, et l'équivoque souvent osée des situations sont contrebalancés par des références constantes à la vertu, des soucis sociaux et réformateurs et une critique implicite des extravagances du genre romanesque même. De là peut-être le choix par la suite du roman à thèse (Émilie de Varmont, 1791) qui lui permettra de défendre avec sérieux ses idées révolutionnaires sur le célibat des prêtres et le divorce.

Louÿs (Pierre Louis, dit Pierre)

Écrivain français (Gand 1870 – Paris 1925).

Grand amateur de littérature érotique grecque, il entonne un chant de l'amour sensuel qui va des premiers poèmes (Astarté, 1892) aux poèmes alexandrins de Léda (1893), d'Ariane (1894). Les Chansons de Bilitis (1894) inspirèrent Debussy : descriptions de paysages et scènes érotiques y alternent dans les trois parties : bucolique, élégiaque et épigrammatique. Aphrodite (1896), roman de mœurs antiques, lancé par une critique hyperbolique de Coppée, enthousiasma le public lettré par la luxuriance et la minutie de ses tableaux esthètes et fut adapté au théâtre en 1906. Sa sensualité prend cependant une teinte plus mélancolique dans la Femme et le Pantin (1896), tandis que les Aventures du roi Pausole (1901) renouent avec la tradition du conte galant. Les mêmes thèmes et les mêmes recherches stylistiques marquent Sanguines (1903), Archipel (1906) et le roman posthume assez fade Psyché (1927). P. Louÿs a laissé un Journal et une correspondance avec, notamment, P. Valéry. Gendre de Hérédia, il eut pour amis le jeune Gide et Jean de Tinan. Il cessa de publier à 36 ans, pour vivre presque cloîtré, entouré de quelques proches, Thierry Sandre ou Claude Farrère. C'est aussi un traducteur et un adaptateur de Lucien (Mime des courtisanes, 1927).