Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
S

Sierra O'Reilly (Justo)

Écrivain mexicain (Tixcacaltuyu, Yucatán, 1814 – Mérida 1861).

Initiateur du roman historique dans son pays (le Flibustier, 1841), il est également l'auteur d'un roman éthico-sentimental (Un an à l'hôpital de San Lázaro, 1845-1846) et d'un roman (la Fille du Juif, 1848-1849) où perce l'influence d'Eugène Sue. On lui doit également des chroniques de voyage et une étude historique (les Indiens du Yucatán, 1857).

Sigogne (Charles Timoléon de Beauxoncles, seigneur de)

Poète français (vers 1560 – Dieppe 1611).

Gouverneur de Châteaudun, combattant des guerres de Religion, il fut l'ami d'Henri IV, dont il favorisa les amours avec la marquise de Verneuil. On lui doit des poésies, publiées dans des recueils collectifs à partir de 1607, notamment dans le Cabinet satyrique, qui tiennent du pamphlet personnel, du galimatias hérité des fatrasies médiévales, du coq-à-l'âne marotique ou des fantaisies de Berni. Il affectionne particulièrement le sixain ou le huitain d'octosyllabes, et le sonnet dans le style de du Bellay.

Sigüenza y Gongora (Carlos de)

Écrivain mexicain (Mexico 1645 – id. 1700).

Descendant du poète espagnol, il est le premier grand polygraphe hispano-américain et annonce dans ses ouvrages philosophiques et historiques, parfois romancés (Infortunes d'Alonso Ramírez, 1690), la pensée rationnelle du futur Siècle des lumières, tout en manifestant son intérêt pour les antiquités préhispaniques, qu'il fut le premier à étudier. Également poète, il voulut donner à l'Amérique son épopée chrétienne (Printemps indien, 1668).

Sigurdardottir (Steinnun)

Femme de lettres islandaise (Reykjavik 1950).

Poétesse et traductrice, c'est le Voleur de vie (1998), objet d'une adaptation cinématograhique par Yves Angelo, qui a donné à l'écrivain sa reconnaissance internationale. Un professeur de lycée relate, à travers monologues, lettres et poèmes, cent jours d'un amour intense et perdu. La Place du cœur, récompensé en 1996 par le Grand prix de la littérature islandaise, raconte l'aventure d'une femme qui décide d'écarter sa fille des dangers de la capitale et tente de renouer avec elle au sein d'une nature aride.

Sigurjonsson (Jóhann)

Auteur dramatique islandais (Laxamyri 1880 – Copenhague 1919).

Il puisa son inspiration aussi bien dans les vieilles sagas que dans le folklore local pour écrire, en danois et en islandais, de sombres drames romantiques : Galdra-Loftur (1915) propose une version islandaise de la légende de Faust, le Menteur (1917) rappelle la Saga de Njáll le Brûlé, et Eyvindur-des-Monts (1911) est la violente histoire des amours interdites d'une riche paysanne et d'un proscrit.

sijo

Dans la littérature coréenne, court poème de 3 vers comptant chacun 3 groupes de syllabes : 3-4-3 / 3-4-3 / 3-5-4. On trouve les premiers sijo chez U T'ak (1262-1342) de la dynastie de Koryo, mais c'est pendant la dynastie des Yi que ce genre connaîtra son âge d'or. Le plus grand auteur de sijo est la poétesse Hwang Chin-i, qui vécut sous le règne du roi Chungjong (1506-1544). Forme poétique la mieux adaptée à la sensibilité coréenne classique, le sijo a eu du succès aussi bien dans le peuple qu'au sein de l'élite.

Sikélianos (Anghélos)

Poète grec (Leucade 1884 – Athènes 1951).

Dès le Visionnaire (1909) apparaît la puissance lyrique d'un poète qui, par la richesse de sa langue, le syncrétisme du paganisme et du christianisme, la somptuosité de ses images, va marquer la poésie grecque du début du siècle. Le Prologue à la vie (1915-1917), Mater Dei (1917), Pâques grecques (1918) sont de grandes suites poétiques où s'expriment son mysticisme et sa foi en l'unité de l'hellénisme, tandis qu'il promeut l'« Idée delphique », cherchant à faire revivre Delphes comme centre universel et culturel (1926-1932). L'œuvre théâtrale (le Dernier Dithyrambe de la rose, 1932 ; la Sybille, 1940 ; la Mort de Digénis, 1947), caractérisée par un lyrisme statique, n'est guère jouable.

Silius Italicus (Tiberius Catius)

Poète latin (vers 25 apr. J.-C. – 101).

À l'issue d'une longue carrière politique, cet admirateur de Virgile composa une épopée en 17 chants, les Punica, dans laquelle, s'inspirant de Tite-Live pour le sujet et de Virgile pour la forme, il mit en vers le récit de la deuxième guerre punique. Il y opère une étonnante synthèse de l'épopée historique et de l'épopée mythologique, en introduisant à haute dose le merveilleux dans l'histoire.

Silko (Leslie Marmon)

Romancière américaine (Laguna, Nouveau Mexique, 1948).

Professeur à l'Université d'Arizona (Tucson) depuis 1978 et Indienne Navajo, Silko offre depuis Cérémonie (1977) les textes les plus intéressants de la littérature des Indiens d'Amérique du Nord, avec ceux de N. Scott Momaday. Dans ce premier roman, le héros, jeune Indien américain, revient de la Seconde guerre mondiale dans sa réserve du Nouveau Mexique et tente de renouer avec les traditions auxquelles il avait été arraché. Confronté à la folie et à la dépression nerveuse, chargé de l'héritage honteux d'une mère prostituée, entouré d'hommes perdus et alcooliques, il se tourne vers le chamanisme, qui le sauve. Almanach des morts (1991) est un deuxième roman ambitieux : apocalyptique, il met en scène une renaissance indienne sur les ruines de la culture américano-européenne, dans une dialectique de destruction du capitalisme inspirée de Marx. Réflexive, la prose de Silko expérimente avec les possibilités narratologiques, la temporalité, dans une problématique qui rappelle que dans les cultures indiennes l'appréhension même du réel se fait sur le mode du récit. Silko est aussi l'auteur de nouvelles (le Conteur, 1981) et de poèmes (Femme Laguna, 1974).

Sillanpää (Frans Eemil)

Écrivain finlandais de langue finnoise (Hämeenkyrö 1888 – Helsinki 1964).

Il conçut, à travers ses études scientifiques, ses rencontres tant amicales (les Järnefelt) que littéraires (Maeterlinck, Bergson, Hamsun, Tolstoï), une vision du monde marquée par le déterminisme biologique : les êtres et les événements seraient pris dans un même mouvement évolutionniste. Son premier roman, la Vie et le Soleil (1916), est suivi par Sainte Misère (1919), son chef-d'œuvre. Témoignage sur la guerre civile, ce roman met en scène un paysan inculte, Juha Toivola, poursuivi par la malchance. La déchéance de sa famille, sa propre veulerie, les événements politiques le mènent à une fin tragique : il sera exécuté par les vainqueurs, abattu dans une fosse commune, sans pitié ni gloire. Si la conclusion de Hiltu et Ragnar (1923) conduit à la mort nécessaire des êtres faibles, et si Silja (1931), vie et mort d'une jeune tuberculeuse, développe ce thème en une véritable philosophie génétique, Paavo (1932) et les Êtres humains dans la nuit d'été (1934) décrivent des êtres robustes et aptes à vivre. Sillanpää reçut le prix Nobel en 1939.