Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Orikuchi Shinobu

Poète et folkloriste japonais (Osaka 1887 – id. 1953).

Il introduisit dans l'étude des lettres japonaises des éléments ethnographiques sous l'impulsion de Yanagida Kunio qu'il rencontra en 1913. Ses premiers travaux sont une traduction du Manyo-shu en japonais moderne (1916) et un Dictionnaire du Manyo-shu (1919). Poète lui même, après avoir participé au comité de lecture à la revue Araragi (1917-1921), il publia son premier recueil de poèmes de waka : Entre la montagne et la mer, en 1925. Professeur à l'Université Kokugakuin (1922), puis à celle de Keïo (1928), il donna sa célèbre Étude sur l'Antiquité en 1930. Il est aussi l'auteur d'un roman, le Livre du Mort (1939).

Ørjasaeter (Tore)

Poète norvégien (Skjåk 1886 – Lillehammer 1968).

Son œuvre majeure, la trilogie poétique en néonorvégien de Gudbrand Langleite (1913), Entre les ponts (1920) et l'Ombre (1927), est la description d'un monde paysan en transformation et l'histoire d'une vocation. La femme, par ses attaches avec la terre, dans Chant de l'homme (1915) et la pièce Jo le montagnard (1917), retient l'homme avide de liberté. Le Chant du fleuve (1932) pense l'affrontement entre esthétique et éthique.

Orléans (Charles d')

Poète français (Paris 1394 – Amboise 1465).

Fils de Louis d'Orléans, deuxième fils de Charles V, il a connu un décevant destin historique jalonné, après l'assassinat de son père (1407) sur ordre de Jean sans Peur, par la guerre de vengeance contre les Bourguignons, la défaite d'Azincourt et une longue captivité en Angleterre (1415-1440), les ambitions déçues (en Italie notamment), la naissance tardive d'héritiers, dont le futur Louis XII. Sa carrière poétique est résumée en un recueil manuscrit, où se mêlent les influences de Guillaume de Machaut, de Pétrarque et de Chaucer : le poète a rassemblé des ballades, des complaintes, chansons et caroles, formant son œuvre de jeunesse, et enrichi son livre, à partir de 1444, d'une trentaine de ballades et de nombreux rondeaux à la tonalité plus légère. Voué à la réclusion contrainte puis volontaire, dans de petites cours très cultivées, Charles d'Orléans élabore un rituel imaginaire à partir des genres lyriques de la tradition courtoise, en unissant l'exigence de sa condition d'aristocrate et sa vocation poétique. Dans ses ballades, complaintes et rondeaux, le discours de la sagesse alterne avec le chant du cœur. L'évolution de l'œuvre s'observe moins au niveau du langage qu'à celui du témoignage, du Livre de jeunesse, dont l'ordonnance thématique souligne la valeur de l'amour, au Livre de vieillesse qui, après le retour d'exil, note au jour le jour le passage du temps. Dans un mouvement d'introspection, un dialogue s'ébauche entre la conscience modelée par la culture chevaleresque et la sensibilité personnelle, blessée par la mauvaise Fortune. Celle-ci, semeuse de désordre, fournit l'occasion de poèmes dont la rigoureuse structure aide à retrouver l'harmonie du monde et la paix de l'âme. L'image, toujours prête à se fondre en métaphore, abolit la distinction entre les choses et les idées. Le monde des objets est instable, mais une loi les gouverne, qui explique la nature et la société, le corps et l'âme.

Ormesson (Jean Lefèvre, comte d')

Écrivain et journaliste français (Paris 1925).

Directeur du Figaro (1974-1977), chroniqueur au Figaro Magazine, il a fondé son œuvre sur l'idée que les vivants doivent faire revivre les morts. D'où un récit des mythologies nationales (la Gloire de l'Empire, 1971), un roman familial (Au plaisir de Dieu, 1974), une somme-prétexte (Dieu, sa vie, son œuvre, 1981), une biographie de Chateaubriand (Mon dernier rêve sera pour vous, 1982), en somme un itinéraire baroque qui se veut bilan d'un siècle (le Vent du soir, 1985 ; le Bonheur à San Miniato, 1987 ; Histoire du Juif errant, 1991 ; le Rapport Gabriel, 1999 ; Voyez comme on danse, 2000).

Ørnsbo (Jess)

Écrivain danois (Copenhague 1932).

Poèmes (1960), Mythes (1964) et Poèmes crépusculaires (1966) dessinent le profil d'un poète de la ville, de ses cours étroites et humides, de ses foules et de la grisaille quotidienne dans une tonalité qui va de l'absurde au burlesque. Suivent À comme Alfred ou l'Alphabet roulant (1967) et le Roi est mulâtre mais son fils est nègre (1971). On lui doit également des pièces pour la scène et la télévision, et des romans (le Club, 1998).

Orpaz-Auerbach (Yitzhak)

Écrivain israélien (Zinkov, Russie, 1923).

Il s'installa en Israël en 1938. Ses premiers récits mettent en scène des marginaux, frappés d'impuissance devant la vie (l'Herbe sauvage, 1959). Si le héros du roman Peau pour peau (1962) évoque l'Étranger de Camus, les personnages de ses nouvelles la Mort de Lysanda (1964), Fourmis (1972), ou ceux de ses romans Maison pour un seul homme et la Fiancée éternelle (1988) évoluent dans un univers surchargé de symboles. Un certain réalisme reparaît dans les nouvelles de Rue de la Tomozenna (1979), où l'auteur retrouve le monde de son enfance, le bourg juif de l'Europe centrale, et dans le roman le Jeune Homme (1984).

Ors (Eugenio d')

Écrivain espagnol d'expression catalane et castillane (Barcelone 1881 – Villanueva y Geltru 1954).

Il délaisse le catalan (la Bien Née, 1911), se tourne vers le castillan et apparaît comme un des intellectuels les plus brillants de sa génération à travers ses récits, ses essais et son théâtre symbolique. Critique d'art, il publia de nombreux ouvrages sur des thèmes artistiques. De son œuvre philosophique, esthétique et historique (le Secret de la philosophie, 1947 ; la Science de la culture, 1964) subsiste surtout son ouvrage sur le Baroque (1936), concept qui devait profondément influencer les recherches plastiques et littéraires de l'Europe moderne.

Orsenna (Érik Arnoult, dit Erik)

Romancier français (Paris 1947).

Académicien depuis 1998, professeur d'économie et maître des requêtes au Conseil d'État, c'est aussi un romancier comique à la française, dans la lignée de Giraudoux ou de Marcel Aymé, dont le style classique et enlevé, joyeux et impertinent, a su séduire un large public sans s'aliéner la critique. Après des chroniques historico-familiales (Loyola's blues, 1974 ; la Vie comme à Lausanne, prix Nimier 1978 ; Une comédie française, 1980), il réinterprète avec humour et désinvolture l'histoire des colonies dans l'Exposition coloniale (prix Goncourt 1988), en brossant la fresque cocasse de l'expansion du caoutchouc dans le monde. Dans Grand Amour (1993), il évoque son rôle de conseiller culturel auprès de François Mitterrand et décrit, en moraliste désenchanté, l'action politique comme un jeu de simulations et d'apparences. Deux Étés (1997) et Longtemps (1998) s'interrogent sur les espaces du bonheur, île ou jardin.