Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
B

Bouchet (Guillaume) , sieur de Brocourt

Écrivain français (Poitiers 1513 – 1594).

Il est l'auteur de poésies, perdues pour la plupart, et des Sérées (soirées), recueil de propos tantôt légers, tantôt sérieux, censés reproduire les conversations tenues à la veillée par un petit cercle poitevin. Chacune des trente-six soirées est consacrée à un thème : le vin, les femmes, les cocus, etc. Émaillé d'innombrables citations et références savantes, ce recueil ressortit à un genre très en vogue dans la seconde moitié du XVIe s. : celui des « mélanges dialogués » comprenant les Matinées et Après-Disnées de Cholières.

Boucicault (Dion)

Acteur et auteur dramatique irlandais (Dublin 1822 – New York 1890).

Après une comédie à succès (le Bel Air de Londres, 1841), il s'oriente vers le drame social avec les Pauvres de New York (1857), la Quarteronne (1859), mélodrame abolitionniste, et plusieurs pièces sur les paniques new-yorkaises de 1837 et 1857. Il fut le premier à faire de l'Irlandais de théâtre plus qu'une caricature (le Shaughraun, 1874).

Boucicaut (Jean II Le Meingre)

Maréchal de France (vers 1366 – Yorkshire 1421).

Engagé dans la vie militaire, il gouverna Gênes et fut capturé à Azincourt. Avec trois chevaliers, il rima le livre des Cent Ballades et inspira une chronique à sa gloire, le Livre des faits du bon messire Jean Le Maingre (1409).

Boudard (Alphonse)

Écrivain français (Paris 1925 – Nice 2000).

Invention verbale, syntaxe populaire et argotique (De l'argot sans peine ou la Méthode à Mimile, 1972), saveur satirique, anarchisme, individualisme parfois cynique, telles sont les composantes de son œuvre à succès, du premier roman, la Métamorphose des cloportes (1962), au dernier, posthume, les Trois Mamans du petit Jésus (2000), en passant par les Combattants du petit bonheur (1977), le Banquet des léopards (1980), Ma vie pleine de trous (1988).

bouddhisme

Le canon de cette religion-philosophie est le Tripitaka (les « Trois Corbeilles ») pali, la plus ancienne collection complète et systématique des textes sacrés bouddhiques primitifs : le vinaya-pitaka, règles de la vie monastique ; le sutta-pitaka, discours du Bouddha, et l'abhidhamma-pitaka, doctrine spéciale ou ultérieure. Alors que l'abhidhamma pali n'est reconnu que par les tenants du theravada (la « voie des Anciens »), l'abhidhamma sanskrit n'est considéré comme canonique que par l'école sarvastivada. Les textes non canoniques du theravada sont, pour la plupart, des commentaires pali sur les textes canoniques. Ils comprennent également des œuvres diverses indépendantes qu'ils reconnaissent comme faisant autorité, par exemple le Milindapañha (questions du roi Ménandre), dont la compilation est attribuée à Nagasena entre 150 et 400 apr. J.-C. C'est un exposé approfondi et exhaustif de la métaphysique, de l'éthique et de la psychologie bouddhiques. Les écrits de Buddhaghosa, particulièrement son Visuddhi-magga (« voie de pureté »), constituent un abrégé du Tripitaka.

   Seule une petite partie de la vaste littérature mahayana a été préservée sous sa forme sanskrite initiale. On n'en trouve le plus souvent que les traductions en chinois et en tibétain. Les textes du Prajñaparamita (Ier s. av. J.-C.) prône la vacuité (sunyata) de toutes les notions empiriques. Parmi les œuvres madhyamika « voie du milieu », on note particulièrement celles de Nagarjuna, la Mula-madhyamaka-karika et la Sunyata-saptati. Les autres textes mahayana les plus révérés sont l'Avatamsaka-sutra, le Saddharmapundarika-sutra et le Sukhavati-vyuha-sutra.

   Le plus ancien tantra bouddhique écrit est le Guhya-samaja-tantra. Parmi les œuvres tibétaines, les plus importantes collections sont le Bka'-'gyur (paroles du Bouddha) en 92 volumes et 1 055 titres et le Bstan-'gyur (enseignements) en 224 volumes et 3 626 titres.

   Le bouddhisme a joué en Chine un rôle important dans le développement de la littérature. Il existe un immense corpus du canon bouddhique (400 millions d'idéogrammes), traduit entre le Ve et le Xe s. Ainsi romans, théâtre et divers genres de la littérature orale ont tous pour ancêtre lointain le petit moine obscur qui racontait à un public illettré, dans son langage quotidien, les épisodes de la vie de Bouddha (bianwen). La présence du bouddhisme reste importante dans la littérature narrative de toutes les époques (chuanqi ; contes des Ming, Voyage en Occident). On ne peut non plus sous-estimer l'influence de cette pensée sur les élites intellectuelles à l'époque des Tang, comme en témoignent des poètes comme Wang Wei ou Han Shan. La forme du jueju lui-même semble l'incarnation poétique de l'esprit du chan (zen) : comment, par des moyens détournés, exprimer l'inexprimable en une vingtaine de mots.

   Au Japon, le bouddhisme, imposé définitivement comme religion d'État au début du VIIe s., marque non seulement les récits édifiants du Nihon ryoi-ki (882) et les recueils de contes et légendes (setsuwa), mais les anthologies historiques du type du Konjaku-monogatari (fin XIe s.) et les grandes chroniques épiques des XIIe-XIIIe s. (Dit des Heike), avant d'apparaître en filigrane de toute la littérature, des haiku de Matsuo Basho aux contes d'Ueda Akinari, et d'imprégner sous sa forme « zen » (méditation menée en dehors des écritures et qui conduit à l'illumination intérieure) la conception même de l'art et de son inscription dans la vie quotidienne.

Boudier-Bakker (Ina)

Romancière hollandaise (Amsterdam 1875 – Utrecht 1966).

Ses romans et ses nouvelles décrivent avec réalisme l'évolution de la société amsterdamoise (On frappe à la porte, 1930) ou évoquent les inquiétudes et les ferveurs de l'enfance (Enfants, 1905 ; Pauvreté, 1909).

Boudjedra (Rachid)

Écrivain algérien d'expression française et arabe (Aïn El-Beïda 1941).

Il s'est imposé avec son roman iconoclaste la Répudiation, en 1969, comme le porte-parole ambigu d'une « génération de 1970 » violemment provocatrice face aux hypocrisies politiques et sexuelles du discours politico-religieux officiel algérien. Son œuvre déjà importante, volontiers informée par la psychanalyse et les recherches formelles du Nouveau Roman, interroge de manière luxuriante et parfois dure la mémoire collective et individuelle ou familiale (l'Insolation, 1972 ; les 1001 Années de la nostalgie, 1979 ; le Démantèlement, 1981 ; la Macération, 1984 ; la Prise de Gibraltar, 1987 ; le Désordre des choses, 1991 ; Fascination, 2000), celle de l'émigration (Topographie idéale pour une agression caractérisée, 1975), de la société bureaucratique (l'Escargot entêté, 1977), mais sait aussi se faire plus limpide dans des textes attachants comme la Pluie (1986) et surtout Timimoun (1994). Certains romans, comme le Démantèlement, la Macération ou la Pluie, ont également une version en langue arabe, légèrement différente de la version française.