Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
G

Guilloux (Louis)

Écrivain français (Saint-Brieuc 1899 – id. 1980).

Issu d'une famille modeste, il exerce divers métiers avant de se consacrer à la littérature. Le peuple est toute sa vie et la matière de son œuvre. La Maison du peuple (1927) expose le rôle des instituteurs dans l'éveil de la classe ouvrière. Dossier confidentiel (1930), Compagnons (1931), Hyménée (1932), Angelina (1934) font le bilan d'une adolescence meurtrie. Durant les années 1935-1938, Guilloux s'engage auprès des communistes. Le Sang noir (1935), sur fond de révolution bolchevique, met en scène un professeur de philosophie, Cripure, misanthrope et désespéré : seule la littérature semble devoir le sauver d'un total nihilisme. Secrétaire au premier Congrès mondial des écrivains antifascistes (1935), Guilloux fait un voyage à Moscou avec Gide (1936). Il en revient, comme lui, profondément déçu, mais refuse de se prononcer publiquement. Il s'engage dans la défense de l'Espagne républicaine. La guerre le fixe définitivement à Saint-Brieuc. Le Jeu de patience (1949) est l'autre sommet de son œuvre. On lui doit encore le Pain des rêves (1942), Absent de Paris (1952), les Batailles perdues (1960), évocation du Front populaire, la Confrontation (1968), Salido, suivi de O.K. Joe (1976), un étonnant monologue (Coco perdu, 1978) et des Carnets (1978-1982) que prolongent des souvenirs inachevés (l'Herbe d'oubli, 1984).

Guimaraens (Afonso Henriques da Costa Guimarães, dit Alphonsus de)

Poète brésilien (Ouro Preto 1870 – Mariana 1921).

Son symbolisme traduit un mysticisme cherchant le salut au-delà de la poésie (Chambre ardente, 1899 ; Pastorale aux croyants de l'amour et de la mort, 1923).

Guimaraes (Bernardo)

Écrivain brésilien (Ouro Preto 1825 – id. 1884).

Poète romantique non sans humour, c'est surtout le romancier du Minas Gerais (le Séminariste, 1872 ; l'Esclave Isaura, 1875).

Guimaraes Rosa (João)

Écrivain brésilien (Cordisburgo 1908 – Rio de Janeiro 1967).

Son expérience de médecin dans le Minas Gerais et de diplomate (à Hambourg, à Bogotá, à Paris) marque profondément son œuvre. Usant d'une langue qui mêle néologismes et archaïsmes dialectaux des hautes terres du Nord-Est brésilien, il tendit dans ses nouvelles (Sagarana, 1946 ; Corps de ballet, 1956 ; Tutaméia, 1967) à une concision toujours plus grande. Son chef-d'œuvre est le roman Diadorim (Grande Sertão : Veredas, 1956). Le vieux Riobaldo, tueur à gages devenu batelier, fait pour un « monsieur de la ville » le bilan de sa vie et de son amour impossible pour « l'Enfant », Diadorim. L'union rêvée se recompose dans la mémoire, qui parcourt en tous sens le champ improbable d'une existence solitaire, le sertão intérieur. Une œuvre, novatrice par son langage et sa structure, qui puise aux sources mythiques de la conscience brésilienne.

Guimerá (Ángel)

Écrivain catalan (Santa Cruz de Tenerife 1849 – Barcelone 1924).

Il rassembla ses poésies en deux volumes (1887 et 1920) et ses discours catalanistes sous le titre Chants à la patrie (1906). C'est à son œuvre théâtrale, entreprise en 1879 avec Gala Placídia, qu'il devra l'essentiel de sa renommée littéraire. On distingue généralement trois époques dans sa production dramatique. La première est celle des drames historiques en vers, d'influence romantique, qui ont pour cadre un pays lointain et une époque reculée (Judith de Welp, 1883 ; le Fils du roi, 1886 ; Mer et ciel, 1888). La seconde étape est celle des drames naturalistes en prose, dont l'intrigue est contemporaine et située en Catalogne (Maria Rosa, 1894 ; Terre basque, 1897 ; la Fille de la mer, 1900 ; l'Araignée, 1906). On observe alors un certain déclin dans ses tentatives pour s'adapter aux canons modernistes (Mossèn Janot, 1898) avant un retour aux thèmes de ses débuts (L'ànima és meva, 1919 ; Joan Dalla, 1921).

Guinée

Si l'on excepte les 21 tomes des œuvres complètes du président Sékou Touré, chef de l'État guinéen de 1958 à 1984, c'est assurément Camara Laye qui représente le mieux la littérature de ce pays déserté par la plupart de ses intellectuels. L'auteur de l'Enfant noir, contraint à l'exil dès 1963, est mort à Dakar sans avoir revu son pays, dont il avait tracé une image prophétique et hallucinante dans Dramouss (1966). Cette dimension fantastique, également présente dans le Regard du roi (1953), se retrouve dans les trois romans d'Alioum Fantouré (le Cercle des tropiques, 1972 ; le Récit du cirque de la vallée des morts, 1975 ; l'Homme du troupeau du Sahel, 1979), dans l'insolite « descente aux enfers » de Saïdou Bokoum (Chaîne, 1974) et dans l'œuvre d'un jeune professeur de mathématiques, Williams Sassine (Saint-Monsieur Baly, 1973 ; Wirriyamu, 1976 ; le Jeune Homme de sable, 1979).

Güiraldes (Ricardo)

Écrivain argentin (Buenos Aires 1886 – Paris 1927).

Ses premières œuvres poétiques (la Clochette de cristal, 1915) ou romanesques (Raucho, 1917 ; Xaimaca, 1923) doivent beaucoup à sa connaissance approfondie de la littérature française et européenne d'avant-garde, et apparaissent comme les différentes étapes d'un itinéraire qui trouve son aboutissement dans Don Segundo Sombra (1926), chef-d'œuvre de la littérature gauchesque en prose mettant en scène un personnage fabuleux, protecteur et initiateur de Fabio Cáceres, garçon ingénu abandonné à lui-même, apprenti gaucho et bientôt patron à son tour. Admirable tableau de mœurs, ce livre qui peint l'archétype du gaucho est aussi une véritable définition de l'essence argentine, à la double nature nationale et européenne. Membre très actif du groupe Martín Fierro, R. Güiraldes fonda, avec Borges entre autres, la revue Proa (1924).

Guiraud (Alexandre)

Écrivain français (Limoux 1788 – Paris 1847).

En 1822, il fit jouer le Comte Julien, dont le retentissement préfigurait la bataille d'Hernani. La fondation, avec Soumet, de la Muse française, organe du premier groupe romantique, le plaça en tête d'un cénacle qui rapidement dépassa le monarchisme catholique de ses créateurs. Outre quelques poèmes à succès (Poèmes et chants élégiaques, Chants hellènes, 1824), il publia un roman psychologique (Césaire, 1830) et une ambitieuse Philosophie catholique de l'histoire (1839).