Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
Y

Ye Shengtao
ou Ye Shaojun

Romancier et nouvelliste chinois (1894 – 1988).

Connaissant bien les milieux de l'enseignement, cet ancien instituteur occupe des fonctions officielles sous le régime communiste. Son unique roman, Ni Houan-Tche, l'instituteur (1929), au succès immédiat, décrit les efforts d'un jeune enseignant progressiste en butte à la routine de ses collègues et à la passivité des autorités. C'est ensuite dans de très nombreuses nouvelles que l'auteur traitera des problèmes sociaux.

Yeats (William Butler)

Écrivain irlandais (Sandymount, Dublin, 1865 – Roquebrune-Cap-Martin 1939).

Fils d'un portraitiste célèbre, nourri des mystiques rebelles du postromantisme (Morris, Pater, A. E.) qu'il relie à un Orient de rites et de rêves, il trouve dans les brumes rageuses du Sligo un ancrage dans l'au-delà et dans la dignité paysanne un recours contre le Crépuscule celte (1893) : l'ancestral ramènera l'Irlande en deçà des scissions chrétiennes et de la grande coupure industrielle. Proche des « décadents » (les Errances d'Oisin, 1889), il exalte dans son poème le Vent dans les roseaux et, dans ses pièces de théâtre, le sacrifice (la Comtesse Kathleen, 1892 ; Cathleen ni Houlihan, 1902), le déchirement intérieur (le Pays du désir du cœur, 1894), le dépassement du moi par la ritualisation, la danse, le masque et l'ésotérisme. Devenu l'âme de la renaissance irlandaise avec lady Gregory, et cofondateur de l'Abbey Theatre (1904) inspiré du théâtre japonais, il publie une de ses meilleures tragédies en un acte et en vers, Deirdre (1907), et adopte le nô : Quatre Pièces pour danseurs, dont Au puits de l'épervier (1916) conte la mort de Cuchulain. Occultiste (aux côtés de Mme Blavatsky) et militant (sénateur de 1922 à 1928), la « vieillesse » le pousse à une urgence austère qui l'incite à célébrer l'éternité de l'art (Partant pour Byzance ; Byzance), à méditer sur les cycles (la Tour, 1928 ; l'Escalier en spirale, 1929), fondant dans la Vision (1925) des « gyres » (spirales de la métempsycose, cycles historiques récurrents) la danse des communautés humaines. Où Spengler lit le déclin, il annonce (Purgatoire, 1939) le retour d'une aristocratie païenne dont la mystique rachètera l'Histoire : les passions sont saintes et l'homme entrera dans l'éternité porté sur leurs ailes. Mage enraciné qui n'a de cesse qu'il n'ait insufflé la poésie dans l'existence, il porte le chant d'Orphée décapité, prophète du second avènement. « Une terrible beauté vient de naître. » Il a laissé des essais autobiographiques : Enfance et Jeunesse resongés (1915), le Frémissement du voile (1922), Dramatis personae (1935).

Yechouroun (Yehiel Perlmutter, dit Avot)
ou Yehiel Perlmutter, dit Avot Yeshurun

Poète israélien (Neskhiz, Volhynie, 1904 – Tel-Aviv 1992).

Il s'installa en Palestine en 1925. Ses premiers poèmes parurent dans la revue Tourim en 1934. Jusqu'à la fin des années 1960, il resta ignoré du grand public. Son œuvre, d'une langue hébraïque unique, évoque la vie du peuple juif en Europe et en Israël, mais elle s'attache aussi au sort dramatique des Arabes de Palestine (De la sagesse des chemins, 1942 ; Trente Pages d'Avot Yechouroun, 1965 ; la Faille syro-africaine, 1974 ; Chœur, 1977 ; Entrée, sortie, 1981). Collaborateur de la revue littéraire Siman Kriah.

Yehoash (Yehoash Salomon Blumgarten, dit)

Poète de langue yiddish (Virbalis, Lituanie, 1872 – New York 1927).

Il fit ses débuts en 1889 à Varsovie, et l'année suivante s'établit aux États-Unis. Poète raffiné, reconnu comme maître par le groupe Yunge, il fit paraître plusieurs recueils lyriques (1907, 1919, 1921). Mais la grande œuvre de sa vie est la traduction de la Bible en yiddish (1907-1927).

Yehoshua (Avraham B.)

Écrivain israélien (Jérusalem 1936).

Professeur de littérature à l'université de Haïfa, il est l'un des écrivains les plus représentatifs de la littérature israélienne contemporaine, bénéficiant d'une large audience populaire. Ses nouvelles transposent en un lyrisme macabre un climat lourd et tendu, dans une tonalité proche de Kafka. Le désir de mort de toute une génération, lasse des combats et des guerres, est le sentiment constant chez tous ses personnages. Dans des paysages hors du temps et de l'espace, comme dans le recueil de nouvelles la Mort du vieillard (1962), ou bien dans le cadre d'Israël (Face aux forêts, 1968), il évoque, à travers une série de situations grotesques, des êtres plongés dans une atmosphère chargée de symboles et essayant en vain de se délivrer de leur enfer intérieur. Angoisse et détresse créent également le climat de ses pièces de théâtre, Nuit de mai, qui se déroule à la veille de la guerre des Six Jours, Derniers Soins (1975). La guerre du Kippour sert de toile de fond à l'Amant (1976), son premier roman. Aliénation et maladie sont les thèmes de Divorce tardif (1981) et de Molkho (l'Année de cinq saisons, 1985), tandis qu'un regard historique sur le peuple juif fait l'objet de deux autres romans, Monsieur Mani (1990) et Voyage vers l'an mil (1997). La réalité en Israël, face à l'Intifada, est au cœur de sa dernière œuvre, la Fiancée libératrice (2001).

Yessayan (Zabel Hovanessian, dit Zabel)

Femme de lettres arménienne (Scutari 1878 – disparue en 1943 au goulag).

Fuyant la terreur ottomane, elle fit de nombreux séjours en France avant de s'installer en Arménie en 1934. Ses romans évoluent du réalisme des Hommes comme il faut (1907) au récit autobiogaphique (les Jardins de Silihdar, 1935), alliant la poésie à l'analyse psychologique. Dans les ruines de Cilicie (1911) est l'hallucinant récit des massacres d'Adana de 1909.

Yi Hwang, dit aussi T'oegye

Écrivain coréen (Yean 1502 – id. 1571).

L'un des grands penseurs de l'époque classique, il a surtout écrit en chinois des œuvres philosophiques et didactiques, mais on lui doit également des poésies, dont douze sijo en coréen (Tosan sibi kok).

Yi Hyo-Sok

Écrivain coréen (P'yongch'ang 1907 – P'yongyang 1942).

Écrivain engagé, il dénoncera dès 1928 les inégalités sociales (la Ville et les Fantômes) et se lancera dans la littérature prolétarienne en 1931 avec les Eaux territoriales russes. Il abandonna par la suite l'action politique pour se réfugier dans la description poétique de la nature et des hommes qui vivent en communion avec elle : le Cochon (1933), La rose se fane (1939). Quand le sarrasin refleurit (1936) passe pour l'un des chefs-d'œuvre de la littérature coréenne moderne.