Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
B

Belloy (Pierre-Laurent Buirette, dit Dormont de)

Auteur dramatique français (Saint-Flour 1727 – Paris 1775).

Après une carrière de comédien à Saint-Pétersbourg où il donne Titus (1757), il fait jouer à Paris Zelmire (1762) et le Siège de Calais, qui obtient un immense succès en 1765. Cette « tragédie nationale », l'une des premières du genre, unit souci d'exactitude historique et intentions patriotiques. Belloy y prône l'alliance entre la nation et le roi, garantie par la loi salique. Cette théorie et un ton très anti-anglais suscitent l'hostilité de Diderot et de Voltaire.

Belon (Pierre)

Naturaliste et médecin français (Cérans 1516 – Paris 1564).

Grand voyageur et auteur de traités scientifiques sur les animaux et les plantes, il perfectionna l'acclimatation végétale, introduisit en France des essences exotiques, et renouvela la science naturelle de son temps par son effort de classification des êtres vivants (l'Histoire naturelle des étranges poissons marins, 1551).

Bemba (Sylvain) , dit aussi Martial Malinda

Écrivain congolais (Sibiti 1934 – Paris 1995).

Dramaturge (l'Homme qui tua le crocodile, 1972 ; Tarentelle noire et Diable blanc, 1976 ; Noces posthumes de Santigone, 1995), il est également romancier : Rêves portatifs (1979) montrent les ravages du cinéma sur l'inconscient collectif africain ; Léopolis (1985) évoque, sous forme d'énigme, la figure de Patrice Lumumba. Il a publié une étude sur la musique au Congo-Zaïre (1984).

Bembo (Pietro)

Écrivain italien (Venise 1470 – Rome 1547).

Culture humaniste, carrière courtisane et dignités ecclésiastiques se conjuguent dans sa vie. Correspondant d'Érasme, ami de l'Arioste et de Castiglione, protégé par Lucrèce Borgia et Isabelle d'Este, secrétaire de Léon X, il est nommé cardinal en 1539 par Paul III. Dans les Proses sur la langue vulgaire (1525), il fonde les canons grammaticaux et esthétiques de la langue littéraire italienne, sur la base des œuvres de Dante, mais surtout de Boccace et de Pétrarque. Il consacre les dernières années de sa vie au classement et à la révision de son œuvre antérieure, notamment de ses Rimes et de ses Lettres, publiées définitivement en 1548-1551. Les preuves abondent, dans l'œuvre même de Bembo, du sérieux de sa culture classique et de sa maîtrise de la rhétorique latine : entre autres, l'épître De imitatione (1512) joua un rôle capital dans le débat sur le cicéronianisme et, plus tard, dans la constitution du classicisme français. À travers la leçon des Anciens, Bembo souhaite hausser la culture vulgaire à la dignité de l'antique. Ainsi l'originalité du dialogue des Asolani (1505) tient-elle avant tout au fait que ce traité humaniste sur l'amour est rédigé en langue vulgaire. Les Rimes révèlent la même intention, en particulier la chanson Âme courtoise (1507), où Bembo pleure la mort de son frère, sujet tragique traditionnellement voué au latin.

Ben-Ner (Yitzhak)

Écrivain israélien (Kfar Yehoshua, Israël, 1937).

Présentateur de programmes à la radio et à la télévision israéliennes, critique de films, il s'est ensuite consacré au roman (l'Homme de l'autre bord, 1967 ; Les anges arrivent, 1987 ; Matin de sots, 1991 ; Ville de refuge, 2000) et à la nouvelle (Coucher de soleil à la campagne, 1975 ; Après la pluie, 1979 ; Pays lointain, 1981), de tonalité néo-réaliste.

Ben Jelloun (Tahar)

Écrivain marocain de langue française (Fès 1944).

Poète, romancier ou essayiste, il est toujours préoccupé par les blessures qu'infligent à l'homme le déracinement, le racisme, les oppressions de toute nature (Cicatrices du soleil, 1972 ; le Discours du chameau, 1974 ; Les amandiers sont morts de leurs blessures, 1976 ; À l'insu du souvenir, 1980). Il témoigne cependant dans ses récits d'un souci de recherche formelle. Harrouda (1973) est ainsi une fresque poétique et contestataire autour des trois villes de l'enfance et de l'adolescence : Fès des artisans, de la mère, et de la prostituée éponyme mythique ; Casablanca de la révolte écrasée de 1965 ; Tanger la trahison, espace du passage vers l'autre et de tous les désirs confondus avec l'écriture. Moha le fou, Moha le sage (1978) est centré sur un personnage proche du bouffon Djoha, lucide, faisant partout la lumière, stigmatisant, expliquant la vie du peuple, ironisant sur les puissants, dans une authentique tradition maghrébine. Ben Jelloun adopte parfois une perspective symbolique (la Prière de l'absent, 1981 ; l'Écrivain public, 1983 ; l'Enfant de sable, 1985 ; la Nuit sacrée, 1987). Il a consacré une attention particulière à la misère affective de l'émigré en Europe dans deux témoignages : la Plus Haute des solitudes (1977) ; l'Hospitalité française (1984) et deux romans : la Réclusion solitaire (1976), les Yeux baissés (1991). Après l'obtention du prix Goncourt en 1987 pour la Nuit sacrée, il diversifie encore son écriture, évoquant la mort du père dans Jour de silence à Tanger (1990), développant sa fascination pour l'Italie du Sud dans l'Ange aveugle (1992) ou dans l'Auberge des pauvres (1999), l'essai pédagogique dans le Racisme expliqué à ma fille (1998) ou le témoignage sur les prisons marocaines avec Cette aveuglante absence de lumière, qui a donné lieu en 2001 à une violente polémique. Tahar Ben Jelloun est membre du Haut Conseil de la francophonie à Paris.

Ben Yitzhak (Avraham Sonne, dit Avraham)

Poète israélien de langue hébraïque (Fashmichel, Galicie, 1883 – Ramataïm, Israël, 1950).

Élevé dans un milieu juif traditionnel, il acheva ses études à l'université de Vienne puis de Berlin. En 1938, il s'installa à Jérusalem. Bien que son œuvre ne comporte que 11 poèmes, elle a puissamment influencé, par son lyrisme nostalgique et la musicalité de sa langue, le développement de la poésie hébraïque moderne (Quand les nuits sont claires, 1912 ; Elul sur le boulevard, 1913 ; Royauté, 1913 ; La nuit, l'orage viendra, 1903 ; J'étais troublé, 1909).

Benacquista (Tonino)

Écrivain français (Choisy-le-Roi 1961).

Il étudie le cinéma puis publie au Fleuve noir Épinglé comme une pin-up dans un placard de G.I. (1985). Ses divers métiers vont l'inspirer : pizzaiolo, couchettiste (la Maldonne des sleepings, 1989), accrocheur de tableaux (Trois Carrés rouges sur fond noir, 1990), scénariste (Saga, 1997). Ses origines italiennes se retrouvent dans le truculent roman la Commedia des râtés (1991).