Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Sandburg (Carl)

Poète américain (Galesburg, Illinois, 1878 – Flat Rock, Caroline du Nord, 1967).

Né de parents scandinaves, il a, dès sa jeunesse, l'expérience des classes populaires. Il s'impose avec Chicago Poems (1916), recueil de vers libres dont le rythme entend restituer la perception d'un espace artificiel à la fois menaçant et exaltant, celui de la ville moderne. Cornhuskers (1918), Fumée et Acier (1920), Oui, le peuple (1936), confirment cette recherche d'une voix populaire, réaliste et inspirée de socialisme. Aux Poèmes complets (1951) et à le Miel et le sel (1963) s'ajoutent, en prose, une biographie de Lincoln, des romans et une autobiographie (Jeunes Étrangers à jamais, 1950).

Sandeau (Julien, dit Jules)

Écrivain français (Aubusson 1811 – Paris 1883).

Le jeune Sandeau commença par être l'amant de George Sand ; ensemble, ils écrivirent leur premier roman Rose et Blanche (1831), signé « Jules Sand ». George le quitta assez vite, méprisant cet être faible et profiteur. Sandeau se rapprocha de Balzac, qui pensa à lui avec Lucien de Rubempré. À partir de 1834, il publia régulièrement des romans sentimentaux sans surprise (Marianna 1839 ; Mademoiselle de la Seiglière, 1848 ; Jean de Thommeray, 1873), souvent adaptés à la scène.

Sandel (Sara Fabricius, dite Cora)

Femme de lettres norvégienne (Oslo 1880 – Uppsala 1974).

La trilogie romanesque en grande partie autobiographique : Alberte et Jakob (1926), Alberte et la liberté (1931), Alberte seule (1939), retrace l'histoire d'une vocation littéraire durement conquise et pour laquelle l'influence de Colette a été déterminante. Des recueils de nouvelles (Personnages sur fond sombre, 1949 ; N'achetez pas Dondi, 1958 ; Notre difficile vie, 1960) complètent une œuvre centrée sur le destin des femmes. Le petit roman la Pâtisserie de Krane (1945) a été mis en scène par Helge Krog en 1951.

Sandemose (Aksel)

Écrivain norvégien d'origine danoise (Nykøbing, Danemark, 1899 – Copenhague 1965).

La vie rude et les mœurs brutales des marins fournissent la matière de ses Histoires du Labrador (1923), écrites en danois. Il opéra son passage à la littérature norvégienne avec Un marin débarque (1931), où fusionnent les deux langues, et dont le héros criminel, Espen Arnakke, réapparaîtra dans Il y avait un banc dans le ciel (1937) et Bruduje (1938). Influencée par Freud et le roman américain, son œuvre romanesque, à caractère psychologique, policier et parfois cruellement satirique (Klabautermannen, 1932), centrée sur le motif du meurtre et de l'amour (le Marchand de goudron, 1946 ; le Mariage de Félicia, 1961), cultive avec un art consommé la digression, l'anecdote et les variations polémiques.

Sanguineti (Edoardo)

Écrivain et critique italien (Gênes 1930).

Chef de file du Groupe 63 (Idéologie et langage, 1965), poète, il débute en 1956 avec Laborintus, qui a valeur de manifeste en faveur d'une poésie d'avant-garde dont l'érudition est mise au service d'un engagement de type marxiste. Ses autres recueils (Opus metricum, 1960 ; Triperuno, 1964 ; Wirr-Warr, 1972 ; Postakarten [1972-1977], 1978 ; Marque-page, 1983 ; Sans titre, 1992 ; Corollaire, 1997) sont caractérisés par un expressionnisme linguistique, dont son œuvre critique, très riche, revendique les ascendances dantesques et futuristes. Il a écrit également quelques romans : Caprice italien, 1963 (où, à partir d'une situation autobiographique relatant avec dérision la crise d'un couple qui attend son troisième enfant, une série de variations formelles apparaissent sur le thème médiéval du « monde à l'envers ») ; le Noble Jeu de l'Oye, 1967 ; le Jeu du Satyricon, 1970.

Sannazaro (Jacopo)

Écrivain et humaniste italien (Naples 1455 – id. 1530).

Il fut l'ami de Pontano, qui l'introduisit dans son Académie et à la cour des princes d'Aragon. Fidèlement attaché au roi Frédéric Ier de Naples, il l'accompagna dans son exil en France (1501) et ne rentra en Italie qu'en 1504 après la mort de son souverain. Son œuvre latine comprend trois livres d'Élégies, trois livres d'Épigrammes, cinq Églogues des pêcheurs, célébrant les beautés du golfe de Naples – dont les pêcheurs remplacent les bergers de la tradition bucolique – et un ambitieux poème religieux sur la Nativité (l'Accouchement de la Vierge, 1526). Son chef-d'œuvre l'Arcadie (1504), composé de 12 églogues précédées de fragments en prose en langue vulgaire, narre les amours tragiques du poète dans un décor situé tantôt en Arcadie, tantôt dans les environs de Naples. La préciosité décorative et nostalgique de l'œuvre eut une influence considérable sur la formation du roman pastoral et sur la littérature baroque en Europe. Le recueil de ses poèmes italiens (Rimes, 1530), inspirés par sa passion pour Cassandra Marchese, est une des œuvres les plus originales du pétrarquisme du Quattrocento.

Sannu (Yaqub)
ou Yaqub Sanua

Journaliste et dramaturge égyptien (Le Caire 1839 – Paris 1912).

Véritable créateur du théâtre moderne en Égypte, il commença par une première opérette en 1870, puis écrivit et mit en scène des pièces en arabe dialectal : petites comédies légères dans lesquelles il abordait notamment le problème de la femme en Égypte, au risque de choquer parfois la cour, et innovait en confiant les rôles féminins à des femmes (Une jeune fille à la mode, les Coépouses, Un dandy égyptien, la Bourse du Caire, Patrie et Liberté, l'Amitié, le Molière d'Égypte, 1912). Il fonda aussi le premier journal satirique arabe, Abû al-Nazzâra al-zarqâ' (1877-1910, avec quelques interruptions). Les prises de position sociales, nationalistes et politiques de ce Juif égyptien, franc-maçon et disciple du réformiste musulman Afghânî, lui firent perdre le soutien du khédive Ismâ'îl et le contraignirent à l'exil en 1878 à Paris, d'où il poursuivit son combat contre le despotisme et l'occupant anglais en Égypte.

Sansal (Boualem)

Écrivain algérien de langue française (Tiaret 1948).

Haut fonctionnaire dans l'Industrie à Alger, il développe dans ses romans (le Serment des Barbares, 1999 ; l'Enfant fou de l'arbre creux, 2000) et ses nouvelles (la Voix, 2001), à l'écriture foisonnante et carnavalesque, une charge virulente et de très grande qualité littéraire contre la corruption et la violence en Algérie.