Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
W

Williamson (John Stewart, dit Jack)

Écrivain américain (Bisbee, Arizona, 1908 – Portales, Nouveau Mexique, 2006).

Ce pionnier de la science-fiction américaine publia son premier récit dans Amazing Stories en 1928. Il se spécialisa dans le « space opera », le cycle de la Légion de l'espace, amorcé en 1934, constituant un modèle du genre. Plus ambitieux sont les Humanoïdes (1949), sorte de fable sur la recherche de l'action et du bonheur dans un univers où des machine protègent les hommes du moindre risque. Autres œuvres marquantes : Plus noir que vous ne pensez (1940), qui aborde la lycanthropie sur un mode naturaliste, et les Dents du dragon (1951), qui reprend le thème des mutants.

Willy (Henry Gauthier-Villars, dit)

Journaliste et romancier français (Villiers-sur-Orge 1859 – Paris 1931).

L'une des personnalités littéraires les plus en vue du Paris fin de siècle et Belle Époque, très actif dans la presse (depuis les quotidiens à grand tirage jusqu'aux petites revues symbolistes et décadentes), il imposa le style irrévérencieux et blagueur de chroniques qu'il signait de pseudonymes variés, dont celui de « Willy » (diminutif de Villars). Sous celui de « L'Ouvreuse du Cirque d'été », il écrivit de nombreux textes de critique musicale, qu'il rassembla aussi en volumes (Lettres de l'ouvreuse, 1890 ; la Colle aux quintes, 1899, etc.). Mari de Colette de 1893 à 1906, il joua un rôle déterminant dans le lancement de la carrière littéraire de la romancière, avant qu'elle ne se sépare de lui ; pygmalion abusif, il signa six de ses romans, dont les quatre premiers volumes des Claudine. Des dizaines de romans à succès, délicieusement scandaleux et parisiens (Maîtresse d'esthètes, 1897 ; la Maîtresse du prince Jean, 1903 ; la Môme Picrate, 1904 ; Maugis amoureux, 1906 ; la Tournée du petit duc, 1908 ; Maugis en ménage, 1910 ; Lélie, fumeuse d'opium, 1911 ; la Femme déshabillée, 1922, etc.) sortirent par ailleurs des « ateliers Willy », jusque dans les années 1920, fruits des collaborations les plus variées (Jean de Tinan, Paul-Jean Toulet, Tristan Bernard, Francis Carco, Gyp, etc.). L'un des mérites controversés de Willy, dont le métier d'écrivain est incontestable, fut d'être un infatigable entrepreneur littéraire, pressentant le talent là où il se trouvait, quitte à exploiter au passage des collaborateurs auxquels il donnait aussi leurs chances. Il demeure, en tout état de cause, l'une des plumes les plus brillantes de la presse du tournant du siècle (Willy, Soirées perdues, 1894 ; Souvenirs littéraires... et autres, 1925).

Wilson (Angus Frank Johstone-Wilson, dit Angus)

Écrivain anglais (Bexhill on Sea 1913 – Bury Saint-Edmunds 1991).

De père écossais, de mère sud-africaine, il est poussé par un médecin à écrire, à des fins thérapeutiques. En 1949 paraît son premier recueil de nouvelles, Saturnales, bientôt suivi par un second, la Girafe et les Vieillards (1950). Ses opinions de gauche lui inspirent une certaine sympathie pour les opprimés ; il soutient le combat anti-apartheid et pour les droits des homosexuels. Dans ses romans, il se fait le critique acerbe du désarroi libéral (la Ciguë et après, 1952 ; Attitudes anglo-saxonnes, 1956 ; les Quarante Ans de Mrs. Eliot, 1958), rêvant d'un bouleversement sans doute catastrophique (Comme par magie, 1973 ; Embraser le monde, 1980). On lui doit aussi des ouvrages critiques sur Dickens et sur Kipling notamment.

Wilson (Robert, dit Bob)

Auteur dramatique américain (Waco, Texas, 1941).

Muet jusqu'à l'âge de 17 ans, il s'exprime par la peinture, écrit des articles d'architecture et se voue à la rééducation des handicapés avant de fonder un théâtre où la parole est totalement proscrite (le Regard du sourd, 1970) ou dénuée de sa fonction habituelle (Lettre à la reine Victoria, 1974), véritable partition musicale et chorégraphique qui privilégie le geste par rapport au dialogue.

Winckelmann (Johann Joachim)

Archéologue et historien de l'art allemand (Stendal 1717 – Trieste 1768).

Ses Réflexions sur l'imitation des ouvrages grecs dans la sculpture et dans la peinture (1755) ainsi que son Histoire de l'art chez les Anciens (1764) ont fait de lui le père du classicisme allemand. Une de ses formules pour définir les Grecs, « noble simplicité et grandeur sereine », a déclenché des débats esthétiques passionnés et engendré des œuvres comme l'Iphigénie en Tauride (1788) ou Winckelmann et son temps (1805) de Goethe. La France en garde un écho inattendu : Henri Beyle, dit Stendhal, doit son pseudonyme à la ville natale de Winckelmann.

Winckler (Marc Zaffran, dit Martin)

Romancier français (Alger 1955).

Médecin, il publie sous le nom du fabricant de puzzles de Perec. Dans la Maladie de Sachs (Prix du Livre Inter 1998), des patients aux noms d'écrivains s'adressent à son double Bruno Sachs, généraliste. La structure ludique de cette autofiction sociale exhibe, pour le malade qui vibre en chaque lecteur, la litanie de la souffrance. Le Mystère Marcœur (2001) évoque un autre double, Raphaël Marcœur, écrivain sans lecteurs qui abandonne ses cahiers noircis.

Winkler (Josef)

Écrivain autrichien (Kamering/Carinthie 1953).

Il a analysé son éducation répressive dans une trilogie constellée de suicides et de crucifix (la Carinthie sauvage, 1978-1982). Ses thèmes – conflit œdipien, spirale de la violence, homoérotisme – réfèrent à Wilde, à Genet, à Jahnn, à Pasolini. Le biographisme recule au profit de la critique des hiérarchies sociales (la Déportation, 1983 ; le Serf, 1987) et, dans un décor italien, de descriptions macabres de la nécrophilie catholique (Cimetière des oranges amères, 1990 ; Natura morta, 2001).

Winters (Yvor)

Poète et critique américain (Chicago 1900 – Palo Alto 1968).

Sa poésie, réunie en 1963 dans Poèmes complets, prend pour objet la Californie, son histoire, ses paysages, et traduit une attention à la problématique linguistique. Sa critique (notamment Défense de la raison, 1947, et Formes de la découverte, 1967) s'attache à une défense de la clarté littéraire, à une définition de la tradition créatrice américaine et à une dénonciation des obscurités du modernisme.