Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
G

Greschoff (Jan)

Écrivain hollandais (Nieuw Helvoet 1888 – Le Cap 1971).

Animateur de revues (Den Gulden Winckel, Groot Nederland), il s'établit en Afrique du Sud. Poète du « moi » écartelé entre la nostalgie romantique (Au bord de l'étang abandonné, 1909) et la saisie de la vie familière (Terrestre et céleste, 1926), on lui doit des essais et des recueils de souvenirs (Rebuts, 1936 ; Volière, 1956).

Gresset (Jean Baptiste Louis)

Écrivain français (Amiens 1709 – id. 1777).

Il publie en 1734 Ver-Vert, poème satirique dont le héros est un perroquet chéri par un couvent de visitandines. Hôte assidu de l'hôtel de Chaulnes, il publia des vers satiriques (la Chartreuse, 1735), une tragédie (Édouard III, 1740), un drame (Sidney, 1745) et une comédie (le Méchant, 1747), dénonciation d'un style de vie oisif et parisien et d'une société corrompue (voir la Lettre de M. Gresset sur la comédie, 1759). De retour à Amiens en 1750, il s'occupa de l'académie de la ville.

Grévin (Jacques)

Poète et auteur dramatique français (Clermont-en-Beauvaisis 1538 – Turin 1570).

Protestant, médecin réputé (Traité des venins, 1567), traducteur, poète (l'Olimpe, 1560), écrivain satirique (la Gélodacrye, 1561), il écrivit contre son ancien ami Ronsard, en réponse à ses Discours contre le parti protestant, le Temple de Ronsard (1563). Grévin doit surtout sa renommée à son théâtre  : César (1561) est l'une des premières tragédies françaises originales, d'après les principes d'Horace et d'Aristote. Ses comédies (la Maubertine, v. 1558 ; la Trésorière, 1559 ; les Ébahis, 1561) s'inspirent de la comédie italienne.

Griboïedov (Aleksandr Sergueïevitch)

Auteur dramatique russe (Moscou 1795 – Téhéran 1829).

Issu d'une famille de vieille noblesse, extrêmement cultivé, fin linguiste, il s'engage en 1812 dans un régiment de hussards, et fait partie de ces groupes d'officiers qui découvrent en Europe l'émancipation intellectuelle. À son retour, il fréquente les cercles littéraires, mais ses deux premières comédies ne sont que de légers marivaudages. En revanche, le Malheur d'avoir trop d'esprit va fonder le grand théâtre russe. Composée vers 1823, publiée par fragments (1824) et interdite par la censure, la pièce ne fut représentée – avec un immense succès – qu'en 1831, mais elle était largement connue par des copies clandestines. Griboïedov y dénonce le népotisme, le conservatisme, l'emprise des femmes, la médiocrité des officiers et de la noblesse, caricaturant le Moscou de Catherine II et d'Alexandre Ier, la Russie du servage, autour d'une intrigue simple : un jeune noble, Tchatski, après trois ans à l'étranger, retrouve son amie d'enfance, la frivole Sophie, qu'il aime d'un amour passionné et ombrageux, mais elle lui préfère un imbécile vaniteux. Tchatski, exaspéré, déverse ses sarcasmes sur la bonne société, qui le déclare fou. Il finit par s'éloigner, comme l'Alceste de Molière auquel on le compare souvent. Outre la critique sociale et la puissance des caractères, la comédie innove en mêlant une langue familière au style classique et en utilisant le vers libre, dont la souplesse se prête à la conversation et à l'expression des émotions. Griboïedov a donné à Tchatski un certain nombre de traits autobiographiques : c'est en partie son dégoût pour les gens du monde qui fait accepter à l'auteur un poste d'ambassadeur en Perse, où il est tué.

Grichachvili (Mamulaichvili Ioseb Grigolis dze, dit Ioseb)

Poète géorgien (Tiflis 1889 - Tbilisi 1965).

Très populaire, c'est le poète de Tbilisi, chantant d'abord dans une veine symboliste le pittoresque du vieux Tiflis (Bouquet de roses, 1906 ; Fantaisie, 1907), puis la capitale métamorphosée par la Révolution (Adieux au vieux Tbilisi, 1925 ; Mon Tbilisi 1955).

Grieg (Nordahl)

Écrivain norvégien (Bergen 1902 – Berlin 1943).

D'origine bourgeoise, il s'enrôla à 17 ans comme marin et conta cette expérience dans un recueil de poèmes (En doublant le cap de Bonne-Espérance, 1922) et un roman (Le navire poursuit sa route, 1924). Une vie de voyages, de reportages et d'aventures lui fit visiter une grande partie du monde, y compris la Chine en pleine guerre civile en 1927. Communiste convaincu, il défendit le procès de Moscou (Que le monde reste jeune !, 1938). C'est au théâtre qu'il lança ses attaques les plus virulentes contre le capitalisme : Barabbas (1927) traite du dilemme entre les moyens et les fins de l'action révolutionnaire ; Notre gloire et notre puissance (1935) dénonce les armateurs qui ont profité de la guerre aux dépens des équipages ; la Défaite (1936) emprunte son sujet à la Commune de Paris avec, en surimpression, la guerre d'Espagne. Il devint un des principaux poètes de la Résistance (la Liberté, 1943). Passé en Angleterre, il fut abattu au cours d'un raid sur Berlin auquel il participait en qualité de correspondant de guerre.

Grigorian (Vahagn)

Écrivain arménien (Erevan 1942).

Ses récits (le Corbeau blanc, 1981 ; la Cinquième Rue, 1989) et ses romans (Crépuscule, 1984) explorent la réalité urbaine paradoxale et absurde du régime soviétique.

Grillparzer (Franz)

Écrivain autrichien (Vienne 1791 – id. 1872).

Ce « classique autrichien », qui mena une vie discrète de fonctionnaire, prit une position remarquée en faveur de la monarchie des Habsbourg, en 1848, contre les révolutions nationales. La maison d'Autriche, qu'il avait déjà glorifiée dans sa pièce Ottokar (1823), représentait pour lui un idéal supranational. Auteur d'une nouvelle sur la condition de l'artiste (le Pauvre Ménétrier, 1848), Grillparzer est essentiellement un auteur dramatique. On distingue dans sa production trois types de pièces : celles de la tradition néoclassique (Sappho, 1818 ; la trilogie la Toison d'or, 1820 ; les Vagues de la mer et de l'amour, 1831) ; les pièces historiques (Un fidèle serviteur de son maître, 1828 ; Une querelle de frères dans la maison de Habsbourg, 1848 ; la Juive de Tolède, 1855) ; enfin les pièces proches du théâtre populaire comme l'Aïeule (1817) ou le Rêve est une vie (1831) d'après Calderón.