Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
K

Kathasaritsagara
(l'Océan des rivières des contes)

Recueil sanskrit de Somadeva, écrit entre 1063 et 1081.

L'œuvre, qui comporte environ 350 récits en vers (21 000 s'loka), est fondée, selon l'auteur, sur une collection plus ancienne et plus vaste, la Brhatkatha, aujourd'hui perdue. Les récits relatent les aventures du prince Naravahanadatta, fils d'Udayana, chef des Vidyadhara, musiciens célestes ; ils portent la marque de tendances religieuses diverses (s'ivaïsme, tantrisme et bouddhisme).

Kato Shuichi

Écrivain japonais (Tokyo 1919).

Après des études de médecine, il participa, avec Fukunaga Takehiko et Nakamura Shinichiro, au groupe Matinée poétique. Son séjour en France en 1951 fut pour lui l'occasion de ressaisir la culture et la littérature japonaises dans une perspective comparatiste : son essai, Une culture métisse (1956), insiste sur la diversité des éléments culturels au Japon, contrairement au mythe répandu de l'homogénéité de ce pays. Ayant donné des cours de littérature japonaise dans plusieurs pays étrangers, il achève son étude monumentale, Histoire de la littérature japonaise (1975-1980), traduite dans plusieurs langues. Au Japon, il est connu comme critique et essayiste à l'intelligence vive et claire : Paroles insensés à l'heure du couchant (1987).

Katona (József)

Auteur dramatique hongrois (Kecskemét 1791 – id. 1830).

Tour à tour étudiant en droit, acteur et metteur en scène, il traduisit et remania de nombreuses pièces avant d'écrire lui-même Bánk bán, tragédie en quatre actes relatant un épisode du Moyen Âge hongrois (la conjuration d'un groupe d'aristocrates contre la reine Gertrude, d'origine allemande). La pièce, publiée en 1821, ne sera jouée qu'en 1833. Expression à la fois des sentiments anti-allemands de la nation hongroise et du problème moral posé par le conflit de l'honneur et de la loyauté, mis en musique par le compositeur Ferenc Erkel, Bánk bán est considéré, avec la Tragédie de l'homme d'Imre Madách, comme une des pièces les plus représentatives du théâtre hongrois. Dès 1820, Katona s'était retiré dans sa ville natale, exhalant dans des vers hermétiques ses désillusions théâtrales et affectives.

Katsimbalis (Georges)

Écrivain grec (Athènes 1899 – id. 1978).

Katsimbalis est devenu par la grâce d'Henry Miller une figure mythique des lettres grecques contemporaines, « le Colosse de Maroussi ». Sans avoir rien écrit lui-même que des bibliographies exemplaires d'écrivains contemporains, il fut, près de cinquante ans durant, une véritable éminence grise de la littérature grecque. Il fut notamment l'âme de la revue les Lettres nouvelles, puis de la Revue anglo-hellénique.

Katz (Nathan)

Écrivain français d'expression alsacienne (Waldighofen 1892 – Mulhouse 1981).

Auteur de poèmes et de contes (Das Galgenstüblein, 1920 ; Die Stunde des Wunders, 1930 ; Sundgäu, 1958) et de pièces de théâtre (Annele Baltasar, 1924), il a élevé son dialecte sundgovien au rang d'une langue poétique originale. Son œuvre poétique a été publiée en 2001.

Katzenelson (Yitzhak)

Écrivain de langues yiddish et hébraïque (Korelici, Biélorussie, 1885 – Auschwitz 1944).

Établi à Lódz, il y fonde et dirige une école laïque en hébreu. Il publie des comédies et des ouvrages pour enfants, ainsi que des poèmes. Pendant la Seconde Guerre mondiale, au ghetto de Varsovie puis au camp de Vittel, Katzenelson écrit sans relâche. Son Chant du peuple juif massacré (en yiddish, Vittel, 1943-44), ainsi que le journal qu'il rédige à cette époque figurent parmi les témoignages littéraires les plus poignants du génocide commis par les nazis.

Kavan (Anna)

Femme de lettres anglaise (en France 1901 – Londres 1968).

Une mère dominatrice, deux mariages malheureux, un fils perdu lors de la Seconde Guerre mondiale, plusieurs internements, la drogue : autant d'échecs et de malheurs qui la mènent à de nombreux séjours en hôpital psychiatrique et au suicide. Ses récits visionnaires portent l'une des voix féminines les plus torturées du siècle (Mal aimés, 1956 ; Neige, 1967 ; Demeures du sommeil, 1975 ; Laissez-moi ma solitude, 1978).

Kavanagh (Patrick Joseph)

Écrivain irlandais (Inniskean, comté de Monaghan, 1905 – Dublin 1967).

Fils de paysan, savetier, c'est un autodidacte. Trop jeune pour rejoindre l'IRA, il écrit ses premiers poèmes pour dépeindre, loin des conventions de la pastorale, la paysannerie irlandaise. Son premier recueil paraît en 1936 (Laboureur et autres poèmes). La Grande Faim (1942) est un reportage sans concessions sur la pauvreté matérielle, affective et sexuelle de la population rurale, qui dénonce l'emprise cléricale sur les aspirations païennes du fermier irlandais. Âme à vendre (1947) et Venez danser avec Kitty Stobling (1960) seront ses derniers volumes de poésie. En 1952, il lance son propre hebdomadaire, Kavanagh's Weekly. Ses romans (l'Idiot vert, 1939 ; Tarry Flynn, 1948) sont largement autobiographiques.

Kaverine (Veniamine Aleksandrovitch)

Écrivain soviétique (Pskov 1902 – Moscou 1989).

Issu d'une famille de musiciens, il se lie à Petrograd aux milieux formalistes (l'Homme à scandale, 1923, est un roman à clef) et publie ses premiers récits (Maîtres et Apprentis, 1923), inspirés d'Hoffmann. La Fin du gang (1925), qui se déroule au sein de la pègre de Léningrad, constitue sa première tentative pour créer un héros positif, mais les Deux Capitaines (1938-1944), un roman d'aventures pour la jeunesse, est en ce sens beaucoup plus abouti. Kaverine a souvent représenté des artistes ou des savants en conflit avec la société (la Réalisation des désirs, 1934-1936 ; le Livre ouvert, 1949-1956) et il revient au thème de la création dans Face au miroir (1971), roman épistolaire qui dessine la figure d'une artiste émigrée restée fidèle à la pureté de sa vocation. Son récit autobiographique, les Fenêtres éclairées (1975), ressuscite la génération littéraire des années 1920.

Kavirajamarga
(Voie royale des poètes)

Traité historique et poétique indien (IXe s.).

C'est le plus ancien des textes littéraires de langue kannara attribué au roi Nripatunga Amoghavarsa ; alliant rhétorique sanskrite et formes indigènes, il repense les grands mythes classiques.