Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Popol-Vuh

Souvent désigné sous le terme de « Bible maya » ou « Livre du Conseil », le Popol-Vuh est l'œuvre la plus célèbre de la littérature des Mayas Quichés. Rédigé en caractères latins par des Indiens alphabétisés, d'après des codex pictographiques et des traditions orales antérieures à la Conquête, il fut redécouvert par Francisco Ximénez à Chichicastenango (Guatemala) au XVIIIe siècle. Toute la puissance poétique et imaginaire qui caractérisa la production intellectuelle des Mayas s'exprime dans cet ouvrage à caractère mythologique et prophétique. On y voit retracées la genèse du monde et des hommes puis l'histoire fabuleuse des Quichés (riche en indications grâce aux séquences qui retracent des guerres ou des fondations de villes). Certains des thèmes traités appartiennent à la mythologie commune à l'ensemble du territoire amérindien, tel celui des deux frères divins, futur Soleil et future Lune.

Popov (Vasil)

Écrivain bulgare (Mindza 1930 – Sofia 1980).

Ses récits sont un bon exemple des recherches de la prose bulgare des années 1960-1970. Rédacteur de plusieurs revues et du journal Culture populaire, il est fortement influencé dans son œuvre par la littérature américaine, notamment par Hemingway (l'Homme et la Terre, 1962 ; les Racines, 1967 ; Cette belle humanité, 1971 ; la Plaine, 1977). On lui doit aussi des pièces de théâtre (le Cactus, parabole rustique).

populaire (littérature)

Le concept de littérature populaire a-t-il une signification ? Oui, quand il s'oppose à une littérature savante : ce fut le cas en Chine où, face à la littérature de la classe lettrée, se développaient des genres et des formes créés dans le peuple et pour le peuple (genres oraux comme les variétés populaires ou écrits comme le théâtre zaju, les contes et les romans des Ming). Le problème est parfois plus complexe. Ainsi en France, pendant plusieurs siècles, le public aristocratique a partagé avec le peuple un goût pour le merveilleux des romans médiévaux. Mais, au XIXe s. et encore aujourd'hui, la littérature populaire a été souvent condamnée comme une littérature mercantile, présentant des personnages sans épaisseur et sans vraisemblance à travers des intrigues et un style stéréotypés. Fabriquée pour un large public, elle est souvent désignée par des appellations dévalorisantes : « romans à quatre sous », « littérature de gare », paralittérature ou sous-littérature. Opposée à la littérature reconnue par l'institution littéraire, elle constitue cependant la majeure partie de la production littéraire.

Le roman populaire au XIXe s

Le roman populaire, c'est-à-dire écrit et publié de manière à toucher un grand nombre de lecteurs, est apparu au lendemain de la Révolution de 1789, avec des auteurs comme Ducray-Duminil (1761-1819) qui marque le passage du colportage à une nouvelle forme littéraire. Influencé par les contes populaires, les romans de chevalerie, les romans noirs anglais, les Mille et Une Nuits, les mélodrames surtout, il a su créer des personnages attachants dans leurs malheurs.

   Ducray-Duminil a ainsi employé la plupart des procédés qui caractériseront le roman populaire du XIXe s. Ces procédés ont été empruntés à diverses sources et s'organisent autour des déboires d'un personnage central. Celui-ci ignore à peu près tout des raisons de ses malheurs répétés et l'auteur ne révèle que de temps en temps ce qui entoure le passé. Ainsi, plusieurs intrigues se mêlent dans le temps et dans l'espace, inextricablement jusqu'au dénouement. Le « suspense » repose donc avant tout sur un certain nombre de données inconnues du héros, et généralement du lecteur, sauf dans le cas où l'on veut le faire trembler par avance en annonçant les intentions scélérates d'un traître. Le principal mérite de Ducray-Duminil est d'avoir su briser systématiquement l'ordre chronologique, ce qui lui permet de jouer avec de nombreux éléments de mystère et de terreur, souterrains, passages secrets, déguisements, disparitions, apparitions ou réapparitions soudaines. Il a aussi multiplié les coups de théâtre (ils viennent en effet du théâtre et du plus classique parfois) quelque peu factices.

   Aux côtés de Ducray-Duminil, il faut citer Pigault-Lebrun (Jérôme, 1805) dont les romans connaissent un succès considérable, se vendent dans des éditions à bon marché et sont souvent adaptés au théâtre sous forme de mélodrame. Dans les années 1820 naissent deux vagues de romans : une tendance sentimentalo-libertine, qu'illustre en particulier Paul de Kock, et une tendance « frénétique » ou « galvanique », qui tend à renouveler le roman gothique anglais de la fin du XVIIIe siècle, avec Charles Nodier, Étienne de Lamothe-Langon, Victor d'Arlincourt, Horace de Saint-Aubin (pseudonyme de Balzac), le jeune Hugo, etc.

   Avec l'apparition du roman-feuilleton en 1836, des auteurs déjà connus dans le domaine du théâtre ou du roman vont connaître une grande popularité : Alphonse Royer, Balzac, Eugène Sue, Frédéric Soulié, Alexandre Dumas, bientôt rejoints par Paul Féval. Le rôle des éditeurs est ici essentiel : ils tentent de toucher les nouveaux lecteurs grâce à des volumes de faible prix : Charpentier crée sa « Bibliothèque » (1838) ; Gustave Havard lance les « Romans illustrés » (1848) en proposant des textes sous forme de livraisons hebdomadaires de 16 pages, bientôt suivi par Barba et sa collection des « Romans populaires illustrés » (1849). Parallèlement, Hachette crée la « Bibliothèque des chemins de fer » (1852). De nombreux ouvrages passent aussi par le circuit des cabinets de lecture.

   Les romans populaires libèrent l'imaginaire, avec une effervescence parfois ludique ou poétique, et aussi une part de révolte sociale, ce qui entraîna des mesures de censure. Il est probable aussi que ce rejet des romans populaires correspond à une réaction des pouvoirs politiques et culturels à l'égard de la généralisation de l'instruction et de l'émancipation démocratique. En dépit de ces mesures, c'est sous le second Empire que le roman populaire se développe en France, avec une prolifération de publications à bas prix. C'est la grande époque de Ponson du Terrail, créateur d'un grand personnage populaire, Rocambole, mais aussi de séries historiques et de romans de mœurs. Extrêmement prolifique, Ponson du Terrail publie, en une quinzaine d'années de carrière littéraire, plus de quatre-vingts romans. Apparaissant comme l'un des chefs de file du roman populaire, réussissant à vivre de sa plume, il est aussi soucieux du nouveau statut de l'écrivain que défend la Société des gens de lettres, dont il est adhérent puis membre du comité. C'est aussi à cette époque que commencent à paraître les romans d'aventures de Gustave Aimard, les romans judiciaires d'Émile Gaboriau, les « Voyages extraordinaires » de Jules Verne.

   De nouveaux éditeurs apparaissent, Dentu, Michel Lévy, Jules Rouff, ayant recours à des affiches et à des annonces dans les journaux pour présenter leurs publications. Après la guerre de 1870, une nouvelle génération de romanciers populaires émerge, qui marque sa rupture avec les romans populaires des années 1840-1860 en n'ayant plus recours à des justiciers romantiques et, se centrant sur les victimes, avec une tendance à attendrir le lecteur : enfants abandonnés (Hector Malot, Sans famille, 1878 ; Émile Richebourg, la Petite Mionne, 1883-1944), femmes séduites et abandonnées (É. Richebourg, l'Enfant du faubourg, 1875) ou droguées et violées (Charles Mérouvel, Chaste et flétrie, 1889 ; Pierre Decourcelle, Gigolette, 1900-1901), innocents accusés (Xavier de Montépin, la Porteuse de pain, 1884 ; Jules Mary, Roger-la-Honte, 1886-1887), etc.

   En France, l'éditeur Fayard crée en 1905 « Le Livre populaire », collection qui alterne les rééditions de classiques du XIXe siècle et des romans d'auteurs contemporains. À sa suite, Tallandier crée « Le Livre national » (1909), collection fabuleuse qui aura plusieurs époques, et Ferenczi lance « Le Petit livre » (1912), puis « Le Livre épatant » (1913) et « Mon livre favori » (1921). Ces collections vont devenir de plus en plus marquées par des genres dans lesquels elles se spécialisent. Parallèlement, les auteurs pratiquent souvent plusieurs genres, signant aussi bien des récits sentimentaux que des romans d'aventures ou policiers comme Georges Spitzmüller, Georges Le Faure, Jules Lermina, Jean de La Hire, Arthur Bernède, Marcel Priollet, José Moselli, etc. Pendant la Première Guerre mondiale, l'éditeur Rouff crée une collection « Patrie » (1917) où divers auteurs populaires relatent les divers épisodes, plus ou moins romancés, du conflit. Dans d'autres pays se déroulent des phénomènes proches de ce qui se passe en France. Ainsi, aux États-Unis, de nombreuses séries sont publiées en fascicules à partir des années 1890 (dime novels) : Nick Carter, Buffalo Bill, Texas Jack, et, au début du XXe s., apparaissent les pulps (livres à bon marché). Ce phénomène des collections trouve un bon et récent exemple avec les éditions du Fleuve noir, créées en 1949, qui vont présenter, au fil des années, des collections spécialisées : « Spécial-Police », « Espionnage », « Anticipation », « Angoisse », sans oublier « Feu » (récits de guerre) ou « Grands romans » (tendance sentimentale).