Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
M

Meléndez Valdés (Juan)

Poète espagnol (Ribera del Fresno, Badajoz, 1754 – Montpellier 1817).

Il se rallia à Napoléon et mourut en exil en France. Protégé de Jovellanos, il excelle dans la poésie bucolique et anacréontique : ses Odes et ses Églogues (éditées en 1785, 1797 et 1820) font de lui un des plus grands lyriques néoclassiques (les Baisers d'amour). Les grands courants de la pensée du XVIIIe siècle ont influencé son préromantisme à tendances philosophiques et morales (Prologue de Nîmes, 1815).

Meletiï Smotrytskyï

Écrivain ukraino-biélorusse (Smotritch v. 1578 – couvent de Derman 1633).

Théologien, médecin, recteur du collège de Kiev, il est, sous le nom de Théophile Orthologue, l'auteur d'œuvres polémiques (l'Antigraphie, 1608 ; le Thrène, 1610) où il défendit, contre Rome et l'Église uniate, le parti des orthodoxes opprimés. Converti après un pèlerinage aux Lieux saints (1623-1626), il prit avec la même fougue la défense du catholicisme (Parénésis, 1629). Sa Grammaire slavonne (1619) fit autorité jusqu'à Lomonossov.

Meli (Giovanni)

Poète italien (Palerme 1740 – id. 1815).

De ses œuvres complètes en dialecte sicilien (Poésies siciliennes, 1814), on distinguera surtout les pièces bernesques (la Fée galante, 1762 ; l'Origine du monde, 1768-1770), les fables et son célèbre poème pastoral (la Bucolique, 1787-1814).

Mell (Max)

Écrivain autrichien (Marburg, auj. Maribor, 1882 – Vienne 1971).

Ami de H. von Hofmannsthal, il a consacré sa vie et son œuvre de narrateur (le Cheptel de Barbara Naderers, 1914) et d'auteur dramatique, à la défense des valeurs de la tradition catholique autrichienne. Ses thèmes sont puisés dans la vie des petites gens, dans les mystères baroques (le Jeu des apôtres, 1923, son plus grand succès), dans les grands mythes de l'humanité : Œdipe (les Sept contre Thèbes, 1932), les Nibelungen (la Détresse des Nibelungen, 1944-1951), Jeanne d'Arc (1957), Paracelse (1964).

Melnikov (Pavel Ivanovitch)

Écrivain russe (Nijni-Novgorod 1818 – id. 1883).

Connu aussi sous le pseudonyme d'Andreï Petcherski. Disciple de Gogol dans des romans qui évoquent souvent des conflits de générations (la Famille Krasilnikov, 1852), il fut chargé par le gouverneur de sa province natale d'étudier les vieux croyants : le résultat de ses observations nourrit deux romans de mœurs, où revivent le climat religieux de l'époque et les coutumes populaires (Dans les forêts, 1871-1874 ; Sur les montagnes, 1875-1881).

Melo (Francisco Manuel de)

Écrivain portugais (Lisbonne 1608 – id. 1666).

Son œuvre, composée dans les intervalles d'une vie agitée (combats au service de Philippe IV, prison lors de la révolution de 1640, déportation au Brésil en 1655, missions diplomatiques en Angleterre, à Paris et à Rome), révèle une très vaste culture qui le fit considérer comme l'une des plus grandes figures littéraires de son époque. Il a utilisé l'espagnol et le portugais aussi bien en poésie qu'en prose. Ses Œuvres métriques (1665) réunissent sa production poétique, où l'on retrouve la trace de Camões, de Sá de Miranda, de Góngora et de Quevedo, les plus connues de ses poésies en portugais étant les Sonnets à la mort de dona Inés de Castro. Sa comédie l'Acte du noble apprenti, composée avant 1646, a peut-être inspiré à Molière certains épisodes du Bourgeois gentilhomme. Son œuvre principale, écrite en espagnol et chef-d'œuvre de la prose classique, reste l'Histoire du soulèvement de la Catalogne (1645).

Melo Neto (João Cabral de)

Poète brésilien (Recife 1920 – Rio de Janeiro 1999).

L'un des représentants majeurs de la « génération de 1945 », il prône l'effort conscient dans la création poétique (Psychologie de la composition, 1947 ; l'Éducation par la pierre, 1966). Son poème narratif Mort et vie séverine (1966) fut adapté à la scène par Chico Buarque : la vie misérable de Severino, paysan de la région aride du Pernambouc, sert d'argument à ce chef-d'œuvre de la littérature régionaliste.

mélodrame

Le mélodrame (littéralement, selon l'étymologie grecque, « drame chanté ») apparaît comme genre au XVIIIe s. : c'est une pièce dans laquelle la musique intervient aux moments les plus dramatiques pour exprimer l'émotion d'un personnage silencieux. Après la Révolution, le mélodrame évolue, pour devenir une pièce populaire où la dimension musicale est réduite, et qui vise à émouvoir le public en montrant les bons et les méchants dans des situations effrayantes ou attendrissantes. Le succès du genre est lié à l'emprise idéologique de la bourgeoisie qui, dans les premières années du XIXe s., affirme sa force nouvelle issue de la Révolution en se substituant aux aspirations égalitaires d'un peuple présenté comme infantile, an-historique, asexué et sidéré par la représentation (A. Ubersfeld). Il triomphera tout au long du XIXe siècle, sur les scènes de l'Ambigu-Comique, de la Gaîté ou de la Porte Saint-Martin, et dans toutes les salles du boulevard du Temple, surnommé le « boulevard du Crime », avec les succès de Pixerécourt, le maître du genre (Coelina ou l'Enfant du mystère, 1800), ceux de Victor Ducange (Trente Ans ou la Vie d'un joueur, 1827), d'Anicet-Bourgeois et Féval (le Bossu, 1862), de Dennery (les Deux Orphelines, 1874), l'Auberge des Adrets (de B. Antier en 1823) marquant à la fois l'apogée du genre et sa subversion parodique par le jeu de F. Lemaître dans le rôle du bandit cynique Robert Macaire.

   Par sa structure narrative immuable (amour, malheur causé par le traître, triomphe de la vertu, châtiments et récompenses), le mélodrame se présente comme « le récit d'une Restauration, comportant une sorte de repentir de la Terreur et surtout de la mort du Roi » (A. Ubersfeld). Les personnages, strictement codifiés (le Traître, avide et hypocrite, le Héros redresseur de torts, le Niais, la Jeune Fille victime désignée), favorisent chez le spectateur, par leurs sentiments et leurs discours outrés, une identification facile et une catharsis à bon marché. Situé le plus souvent en des lieux totalement irréels et fantaisistes (nature sauvage, château, île, bas-fonds), le mélodrame véhicule des abstractions sociales, occulte les conflits sociaux de son époque, réduit les contradictions à une atmosphère de peur ancestrale ou de félicité utopique. Il se développe au moment où la mise en scène commence à imposer ses effets visuels et spectaculaires, à substituer au texte élégant des coups de théâtre impressionnants : « J'écris pour ceux qui ne savent pas lire », disait Pixerécourt.

   Par sa volonté de parler à toutes les classes du peuple, le mélodrame entre en concurrence avec le drame romantique ; les deux genres s'influencent réciproquement au point que certaines œuvres (la Vénitienne, de A. Bourgeois et A. Dumas, 1834) sont difficilement classables.