Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Tchobanian (Archag)

Écrivain arménien (Istanbul 1872 – Paris 1954).

Fondateur de la revue Anahid à Paris, il a des talents de critique, de philologue et de traducteur qui dépassent de beaucoup l'originalité de ses vers et de ses nouvelles. Sa Roseraie d'Arménie fit connaître en France les plus grandes œuvres de la poésie médiévale arménienne.

Tch'onkadze (Daniel Giorgis dze)

Écrivain géorgien (Q'vavili, rég. de Ducheti, 1830 – Tiflis 1860).

Après avoir fait ses études à Vladicaucase (1839-1845), il enseigne l'ossète, à Stavropol d'abord, puis au séminaire de Tiflis. S'inspirant d'une légende populaire, il a laissé une œuvre unique, la Forteresse de Surami (1859), qui s'élève, dans une langue très simple, contre le servage.

Tchornyi (Nikolaï Karlovitch Romanovski, dit Kouzma)

Écrivain biélorusse (Borki 1900 – Minsk 1944).

Affilié au groupe Ouzvychcha, il analyse dans des romans psychologiques les métamorphoses du monde rural secoué par la collectivisation (la Sœur, 1927-1928 ; la Terre, 1928 ; Levon Bouchmar, 1930), puis aborde le passé pour retracer depuis les temps du servage l'évolution du village biélorusse (Troisième Génération, 1935 ; Liouba Loukianskaïa, 1937). Gravement malade, il soutint par des œuvres optimistes et patriotiques la résistance de ses compatriotes (Un grand cœur, 1945 ; la Voie lactée, 1954).

Tchoubak (Sadeq)

Écrivain iranien (Bandar Buchehr 1916).

Fils d'un riche négociant, fonctionnaire, puis attaché à un poste administratif important, il s'est retiré à Londres. Il fut très lié à Sadeq Hedayat, dont il est le grand continuateur. Familier des prosateurs anglo-saxons tels que Joyce ou Hemingway, il a excellé dans la nouvelle persane. Nationaliste mordant, opposé aux superstitions religieuses de l'Iran, il a décrit sa société, et surtout les petites gens, avec un regard profondément pessimiste. Il écrivit des recueils de nouvelles (le Théâtre de marionnettes, 1945 ; Premier Jour de tombe, 1965 ; Dernière Lumière, 1966) et deux romans (Tangsir, 1963 ; la Pierre patiente).

Tebaldeo (Antonio Tebaldi, dit Il)

Écrivain italien (Ferrare 1463 – Rome 1537).

Produits à la cour de Ferrare et de Mantoue, ses sonnets – environ 300 –, d'une extrême virtuosité métaphorique, sont l'expression raffinée du pétrarquisme courtisan (Compositions amoureuses, 1499).

Tecchi (Bonaventura)

Écrivain italien (Bagnoregio, Viterbe, 1896 – Rome 1968).

Critique littéraire issu de Solaria, germaniste, il scrute dans ses principaux romans (le Nom sur le sable, 1924 ; les Villatauri, 1935 ; Jeunes Amis, 1940 ; Valentina Velier, 1950 ; les Égoïstes, 1959), non sans un certain moralisme, les milieux bourgeois provinciaux.

Tegnér (Esaias)

Poète suédois (Kyrkerud 1782 – près de Växjö 1846).

Profondément marqué par la guerre de Finlande, il exalta, dans son Chant de guerre de la landwehr de Scanie (1808) et son poème Svea (1811), le nationalisme suédois. Entré à l'Académie (1818), il composa son œuvre la plus célèbre, la Saga de Frithiof (1820-1825), long poème à la gloire de l'Antiquité scandinave, Frithiof, simple paysan, habile dans les jeux athlétiques et versé dans tous les arts, suscite la jalousie des deux jeunes rois dont il est le vassal, par la popularité dont il jouit et, surtout, par l'amour que lui porte Ingeborg, leur jeune sœur, dont il a demandé la main. Séduit par l'exotisme de la saga dont il s'est inspiré (texte anonyme des XIIIe ou XIVe siècles), Tegnér a composé un chef-d'œuvre : par l'adoption de formes de versification différentes selon la nature de l'épisode (romance rimée, vers blancs, hexamètres), par la musicalité de la langue.

Teige (Karel)

Écrivain et plasticien tchèque (Prague 1900 – id. 1951).

Important théoricien qui prône la littérature prolétarienne, il cofonda Devetsil (Almanach Devetsil, 1922), contribua au lancement du poétisme, auquel il consacra plusieurs essais (le Monde qui rit, 1928 ; le Monde qui sent bon, 1931) et qu'il transformera avec Nezval en surréalisme (le Surréalisme à contre-courant, 1938). Il défendit le constructivisme (la Construction et le poème, 1927) et inventa le « tableau poème ». Isolé à la suite du coup d'État stalinien (1948), en butte à une campagne de dénigrement, il se suicida.

Teimuraz Ier

(1589 – Astrabad 1663), roi de K'axétie (Géorgie orientale, 1606 – 1648).

Il résista sans répit aux Persans, refusa de se convertir à l'islam pour conserver son trône et mourut captif dans la forteresse d'Astrabad. Dans le Martyre de la reine Ketevan, il déplore, à travers le sort de sa propre mère, le destin tragique de la Géorgie occupée. Il adapta du persan Leïla et Madjnoun, Yousouf et Zuleïkha, et écrivit aussi de très beaux poèmes lyriques (le Palais de Gremi, le Visage de Tamar à Davit Garedja).

Teirlinck (Herman)

Écrivain belge d'expression néerlandaise (Sint-Jans-Molenbeek 1879 – Beersel 1967).

Fils du romancier et folkloriste Isidoor Teirlinck (1851-1934), il est fonctionnaire, journaliste, directeur d'une fabrique de meubles (1912-1926), professeur de littérature, directeur (1938-1951) du cours d'art dramatique du Nationaal Toneel de Bruxelles. À la variété de ces activités, qui ne l'empêchent pas de collaborer à la revue Van Nu en Straks (à partir de 1893) et d'être un des fondateurs (en 1903) de Vlaanderen, répond la diversité de son talent d'écrivain. Après avoir publié des vers et quelques nouvelles impressionnistes, il se tourne vers le roman avec le Singe d'hiver (1909), vaste fresque de la vie bruxelloise et premier roman de la littérature flamande consacré au milieu urbain. Dans les années 20, il voue l'essentiel de son activité au Vlaamsche Volkstoneel et donne l'impulsion au théâtre expressionniste, inspiré par le cinéma (le Film au ralenti, 1922 ; Je sers, 1924). Il reviendra ensuite au roman, donnant le meilleur de son œuvre avec Maria Speermalie (1940), le Combat avec l'ange (1952) – puissante évocation du combat de l'homme contre la nature –, et Autoportrait ou le Dernier Repas (1955), à la fois roman psychologique et roman de mœurs, pour lequel il obtiendra en 1956 le Prix des lettres néerlandaises, décerné pour la première fois en commun par la Belgique et la Hollande. Il a également publié de nombreux essais, dont plusieurs sur le théâtre.