Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
A

Artmann (Hans Carl)

Écrivain autrichien (Vienne 1921 – id. 2000).

Membre du « groupe de Vienne », il publia en 1958 un volume de poésie dialectale Med ana schwoazzn dintn (À l'encre noire), qui connut un succès inattendu et fut aussitôt mis en musique. Il y avait malentendu : le public prit ses poèmes pour de la poésie en dialecte alors que leur auteur les voulait des textes expérimentaux exprimés en dialecte. Traducteur virtuose, Artmann est animé d'un esprit ludique indomptable, qui lui permet de jouer avec tous les procédés expérimentaux (Verbarium, 1966 ; Allerleirausch, 1967 ; Nouvelles du Nord et du Sud, 1978 ; la Grammaire des roses, 1979).

Artsybachev (Mikhaïl Petrovitch)

Écrivain russe (Achtyrka, gouvern. de Kharkov, 1878 – Varsovie 1927).

Il connut un extraordinaire succès populaire avec Sanine (1907) et À l'extrême limite (1912). Ces deux romans reflétaient le climat de dépression qui suivit la révolution de 1905. Artsybachev, dans l'esprit du courant décadent, se posait en ennemi de la morale bourgeoise, chargeant ses livres de pesants exposés destinés à montrer l'inanité de la vie et de la civilisation face à ces deux seules réalités, le sexe et la mort.

Arvers (Félix)

Écrivain français (Paris 1806 – id. 1850).

Plus que ses pièces légères qui firent sa réputation à son époque (les Dames patronnesses, avec Eugène Scribe, 1837 ; les Parents de la fille, avec d'Avrecour, 1838 ; Lord Spleen, avec d'Avrecour, 1849), c'est son « sonnet imité de l'italien » (Mes heures perdues, 1833), souvent appelé « sonnet d'Arvers » qui assura sa survie dans les anthologies : « Mon âme a son secret, ma vie a son mystère. » On a supposé que Marie Nodier, fille de Charles Nodier, en était la destinataire.

Asbjørnsen (Peter Christen)

Écrivain et folkloriste norvégien (Christiania, auj. Oslo, 1812 – id. 1885).

En 1837, il s'associe avec Jørgen Moe pour constituer une somme des Contes populaires norvégiens (1841-1852), suivant le modèle des frères Grimm. Les deux auteurs durent surmonter les difficultés que comporte la reproduction en langage écrit du récit oral, souvent dialectal. Asbjørnsen publia, seul, deux recueils de Contes norvégiens de la Houldre et récits populaires (1845-1848).

Asch (Cholem)

Écrivain américain d'origine polonaise (Kutno 1880 – Londres 1957).

Grand voyageur (Varsovie, Saint-Pétersbourg, Berlin, Paris, Nice), il a vécu aux États-Unis à partir de 1938 avant de s'installer en Israël aux débuts des années 1950. En yiddish, en allemand ou en anglais, il est l'auteur de pièces de théâtre (Dieu de vengeance,1907), de romans historiques (Motke le voleur,1916 ; la Sanctification du Nom,1919 ; Avant le Déluge, trilogie, 1927-1938 ; le Juif aux Psaumes, 1934 ; Moïse, 1951), de plusieurs évocations des débuts de christianisme (dont le Nazaréen, 1943), de peintures des bourgades d'Europe centrale (la Bourgade, 1905) et des milieux multiraciaux américains (la Mère, 1925 ; East River, 1946 ; Grossman et Fils, 1954). On lui doit également des nouvelles (From Many Countries, 1958). Son œuvre passe de l'observation naturaliste du ghetto à la recherche de la plus large communion humaine.

Asdreni (Aleksandër Stavre Drenova, dit)

Écrivain albanais (Drenovë 1872 – Bucarest 1947).

Émigré très jeune, il participe en Roumanie au mouvement de la Renaissance albanaise et sa correspondance constitue un document précieux pour l'étude de cette période. Homme politique, journaliste, c'est aussi un poète conscient du rôle important que devait jouer la littérature dans le processus de la libération de son pays. Fidèle aux thèmes patriotiques de la Renaissance, il aborde aussi, dès avant l'indépendance, des sujets d'inspiration sociale. Son œuvre, relativement étendue, est dispersée dans les revues et les journaux et, pour une bonne part, restée à l'état de manuscrit. En dehors de son Hymne au drapeau très populaire, seuls trois recueils de vers furent publiés de son vivant : Rayons du soleil (1904), Rêves et Larmes (1912), Psaumes du solitaire (1930), mais il est, par la vigueur de son style et la richesse de sa langue, l'un des auteurs majeurs du début du siècle.

Asgrimsson (Eysteinn)

Moine et poète islandais (? – Helgisetr, Norvège, v. 1361).

Sa vie est très mal connue, mais son nom est attaché au plus beau poème sans doute écrit en islandais, le Lys (Lilja), consacré à la louange de la Vierge, composé sans doute vers 1343. Écrit dans un mètre scaldique, ce poème comporte autant de strophes que le nombre des lettres de l'Ave Maria. Il servit de modèle à toute la poésie religieuse et mystique islandaise.

Ashbery (John)

Poète américain (Rochester, New York, 1927).

Influencé par les imagistes et les surréalistes, critique d'art (Art News), directeur de revues (Locus solus, art et littérature), il s'intéresse aux relations entre textes et entre arts, notamment entre la peinture et la musique. L'accent mis sur le fonctionnement du regard et l'intrication des images produit une poésie dense à thématique essentiellement intellectuelle et urbaine (Turandot et autres poèmes, 1953 ; Quelques arbres, 1956 ; le Serment du court de tennis, 1962 ; Fleuves et montagnes, 1966 ; Double Rêve de printemps, 1970 ; Autoportrait dans un miroir convexe, 1975 ; Comme nous le savons, 1979 ; le Train de l'ombre, 1982). Ses poèmes, comparables dans leur portée théorique à l'action painting de Jackson Pollock, sont des tracés de la conscience et de ses explorations épistémologiques. Il est considéré comme un des chefs de file de l'  école de New York ».

Asimov (Isaac)

Écrivain américain d'origine russe (Petrovitchi, près de Smolensk, 1920 – New York 1992).

Sa carrière se partage entre la biochimie, la vulgarisation scientifique et la science-fiction. Commencée en 1940, sa série des Robots comporte des recueils de nouvelles d'intérêt inégal qui font toutefois échapper le thème à l'exotisme de la ferraille clinquante. Son chef-d'œuvre reste la « trilogie » Fondation (1942), Fondation et Empire (1944), Seconde Fondation (1949), à laquelle il ajoutera suites et préludes dans les années 1980 ; dans le même univers sont également situés Tyrann et les Courants de l'espace (1952). Fortement marqué par les thèses de Toynbee sur l'histoire, Asimov laisse transparaître une doctrine politique qui impute à la science toutes les possibilités de progrès et implique une volonté naïve et inquiétante de programmation sociale absolue qui rappelle les utopies classiques (les Dieux eux-mêmes, 1972 ; la Fin de l'éternité, 1975). Cette foi dans le progrès se réduit à une tentative d'abolir l'angoisse de l'imprévisible et de l'inconnu en façonnant l'univers à l'image de l'homme du XXe s. (les Cavernes d'acier, 1954 ; Face aux feux du soleil, 1957).