Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Cabanis (José)

Écrivain français (Toulouse 1922 – Balma 2000).

Entre l'Âge ingrat (1952) et Des jardins en Espagne (1969), il passe d'un réalisme sec à un ton plus confidentiel. Dans le Bonheur du jour (1960), les Cartes du temps (1962) et la Bataille de Toulouse (1966), la vie est revécue en spirale, comme dans son journal intime (les Profondes Années, 1976 ; Petit Entracte à la guerre, 1981 ; l'Escaladieu, 1987), où s'entremêlent les thèmes de l'amour perdu et du temps retrouvé. Ce don de l'analyse subtile se retrouve dans ses essais : le Sacre de Napoléon Ier (1970), Charles X roi ultra (1972), Saint-Simon l'admirable (1975), Lacordaire et quelques autres (1982), Mauriac, le roman et Dieu (1991), Dieu et la NRF (1994), Le Diable et la NRF (1996).

Cabanis (Pierre Jean Georges)

Médecin et philosophe français (Brive 1757 – Rueil 1808).

Il publia des travaux de médecine et d'hygiène sociale. Ami de Mirabeau, il évolua vers des convictions républicaines et participa à la mise en place des nouvelles institutions sous le Directoire. Membre de l'Institut national, il y présenta des mémoires sur les déterminismes physiologiques de l'être humain, publiés en 1802 (Rapports du physique et du moral). Sa Lettre à Fauriel sur les causes premières (posthume) concilie idéologie et foi en Dieu.

Cabasilas (Nicolas Chamaétos, dit Nicolas)

Théologien et écrivain byzantin (vers 1300 - 1370).

Neveu de l'archevêque de Thessalonique, Nil Cabasilas (mort en 1363), il soutint les hésychastes et fut un grand adversaire de l'Église latine. Ses traités mystiques (la Vie dans le Christ) et son explication des symboles contenus dans la célébration des offices religieux (Interprétation de la divine liturgie) le placent dans la lignée de Maxime le Confesseur et le signalent comme un adversaire de la vie anachorétique.

Cabinet des Fées (le)

Recueil de contes de fées des XVIIe et XVIIIe s. réunis et publiés en 41 volumes de 1785 à 1786 par Charles Joseph de Mayer. Il s'agit d'une entreprise de librairie ambitieuse, parallèle à celle qui lance la collection des Voyages imaginaires, songes et visions et romans cabalistiques (1787-1789) qui compte 39 volumes. Aux contes de fées proprement dits de Perrault, Mme d'Aulnoy ou Caylus sont adjoints divers contes orientaux, mais pas les contes de fées licencieux.

Cabral (Amilcar)

Homme politique et écrivain guinéen (Bafatá, ex-Guinée portugaise, 1924 - Conakry 1973).

Fondateur du PAIGC (parti africain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert). Ses articles et conférences sont réunis dans l'Arme de la théorie et la Pratique révolutionnaire (1975).

Cabral (Manuel del)

Poète dominicain (Santiago de los Caballeros 1907 – Santo Domingo 1999).

Il refusa d'admettre l'existence d'une poésie indigène, mais publia Douze Poèmes noirs (1935), puis Tropique noir (1942) et Compadre Mon (1943). Tiraillé entre une inspiration métaphysique et les thèmes purement antillais, il révèle les aspects divers de son œuvre dans Anthologie terre (1949), Anthologie clef (1957), Jet de pierre planétaire (1958), les Anti-temps (1967). On lui doit aussi des proses poétiques (30 paraboles, 1956) et des nouvelles (le Président noir, 1973).

Cabrera Infante (Guillermo)

Écrivain cubain (Gibara, Cuba, 1929 – Londres 2005).

Essayiste, critique de cinéma, il rompt en 1965 avec le régime castriste et s'installe à Londres. Dans la paix comme dans la guerre (1960), recueil de nouvelles coupées de « vignettes », forme une chronique variée de La Havane à la fin de la dictature de Batista. Ses deux romans (Trois Tristes Tigres, 1967 ; La Havane pour un infant défunt, 1979) témoignent d'un goût pour le pastiche et les jeux de langage. Holy smoke (1985), directement écrit en anglais, retrace l'histoire du cigare.

Çaçi (Aleks Grigor)

Écrivain albanais (Himarë 1916 – 1989).

Journaliste, il fit d'abord partie du courant de la littérature dite « progressiste » ou « du réalisme critique » qui se développa dans les années 1930. Il prit ensuite part au mouvement de libération nationale pendant la Seconde Guerre mondiale, et son drame Margarita Tutulani (1943) est considéré comme une des pièces maîtresses du « théâtre partisan » . Auteur de poèmes et de chants patriotiques (l'Œil de la mère, Ils sont debout), il s'intégra après la guerre au réalisme socialiste. Son œuvre, très variée, va de la nouvelle à la littérature pour enfants, aux reportages littéraires (Recueil d'ouvrages littéraires I, II, III, 1987), à la traduction en albanais de poésies contemporaines (notamment la poésie grecque des années 1950). Mais il est surtout un poète qui s'attache à dépeindre l'édification de la nouvelle société albanaise (la Légende rouge, 1968 ; Paroles blanches, 1973 ; la Maison en face du soleil, 1975).

Cadalso (José de)

Écrivain espagnol (Cadix 1741 – Gibraltar 1782).

Colonel de cavalerie, auteur de Nuits lugubres (1789-1790), proches du roman noir anglais, de poésies anacréontiques, d'une satire en prose contre les savants superficiels (les Érudits à la violette, 1772), il est surtout connu par ses Lettres marocaines (composées en 1773-1774, publiées à partir de 1789), recueil de lettres inspirées des Lettres persanes de Montesquieu pour le procédé, et qui sont un tableau satirique des travers de l'époque.

Cadiot (Olivier)

Poète français (Paris 1956).

Appartenant à une avant-garde qui ne recule pas devant la théorisation mais qui ne se prend pas au sérieux, il se rattache au courant de la poésie littérale, caractérisé par le rejet du lyrisme et un minimalisme ironique. En 1988, il publie un recueil à l'intention polémique, l'Art poétic, mise en vers des exercices à trous des grammaires et méthodes de langue. Cofondateur en 1995 de la Revue de littérature générale, réflexion sur les matériaux de l'écriture, il est aussi l'auteur d'un opéra au lyrisme paradoxal (Roméo et Juliette I, 1989), de pièces de théâtre et de romans (Futur, ancien, fugitif, 1993 ; le Colonel des zouaves, 1997 ; Retour définitif et durable de l'être aimé, 2002) qui bousculent avec jubilation les conventions du genre.