Dictionnaire de la Littérature 2001Éd. 2001
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Hoffmann von Fallersleben (August Heinrich)

Philologue et poète allemand (Fallersleben, Lunebourg, 1798 – château de Corvey, Westphalie, 1874).

Professeur à l'université de Breslau, éditeur du Weimarisches Jahrbuch für deutsche Sprache, il a collectionné les poésies et les chants traditionnels de langue allemande et en a composé des imitations encore populaires aujourd'hui. Ses Chansons apolitiques (1840-1842) ont participé à l'agitation du Vormärz. Il est l'auteur du poème patriotique Allemagne, Allemagne par dessus tout (1841), promu hymne national en 1922.

Hofmann von Hofmannswaldau (Christian)

Poète allemand (Breslau 1617 - id. 1679).

Après avoir voyagé aux Pays-Bas, en Angleterre, en France et en Italie, il se fixa en 1642 à Breslau, où il exerça d'importantes fonctions politiques. Homme du monde cultivé, disciple d'Opitz, traducteur de Guarini, il a ouvert la voie au marinisme en Allemagne. Maître de l'alexandrin, il manie avec virtuosité les formes strophiques les plus diverses. Ses poèmes, écrits dans une langue raffinée ont le plus souvent un tour galant et épigrammatique et peuvent se teinter d'un érotisme hardi. Dans ses Lettres d'héros (1673), il continue Ovide avec originalité.

Hofmannsthal (Hugo von)

Écrivain autrichien (Vienne 1874 – Rodaun 1929).

À dix-neuf ans, il s'était déjà rendu célèbre par quelques poèmes lyriques d'une rare perfection et trois petits drames en vers (Hier, 1891 ; la Mort du Titien, 1892 ; le Fou et la Mort, 1893). C'est l'image d'une adolescence fin de siècle dans la monarchie austro-hongroise, carrefour des civilisations : raffinée, sensible et mélancolique, éprise de nuance plus que de couleur, de timbre plutôt que de sonorité, humant l'effluve dans le vent qui passe, tourmentée par la fuite des heures. Le moi se désagrège dans la sensation de l'instant fugitif, il prend la couleur des choses sur lesquelles il se pose. « Un être, une chose, un rêve ne font qu'un. » On parle d'esthétisme décadent, d'impressionnisme, mais il y a chez Hofmannsthal, disciple de Victor Hugo, plus et mieux que cela : un style.

   À vingt ans, l'inspiration lyrique soudain l'abandonne. Pendant quatre ans, jusqu'en 1897, il n'écrira pratiquement plus. Il décrira plus tard la crise stérilisante que traverse le poète adolescent accédant à l'âge mûr dans la Lettre de lord Chandos (1902). Mais il se ressaisit, se reconvertit. Il est attiré de plus en plus par cet espace ludique sans frontières précises qu'est le drame lyrique, aux confins de la tragédie (ou de la comédie) et de l'opéra. Il renoue avec les grandes traditions : la Grèce antique (dès 1893, il avait librement adapté l'Alceste d'Euripide), l'Orient, le Moyen Âge populaire, le baroque espagnol, Shakespeare, la Venise de Casanova et de Canaletto. L'Empereur et la Sorcière (1897) se passe à Byzance ; les Mines de Falun (1899) s'inspire du fantastique d'E. T. A. Hoffmann ; Jedermann ou la Mort du riche (1911) reprend la formule du « mystère » médiéval d'Everyman qui, depuis 1922, est au centre du Festival de Salzbourg créé par Hofmannsthal, Reinhardt et Richard Strauss ; l'Aventurier et la Cantatrice ou les Présents de la vie (1898) a pour cadre la Vienne du temps de l'impératrice Marie-Thérèse. Électre (1903) est une adaptation de Sophocle, Venise sauvée (1905) reprend un texte d'un auteur anglais du XVIIe s., Thomas Otway. Dans Œdipe et le Sphinx (1906), Hofmannsthal retrouve par instants le grand style poétique de sa jeunesse. Il ne réussit pas moins dans le genre de la comédie viennoise : le Retour de Christina (1910), l'Irrésolu (1921), l'Incorruptible (1923). De là, il n'y a qu'un pas à franchir en direction de l'opéra. Après que Richard Strauss eut écrit en 1908 un opéra sur le texte de l'Électre de Hofmannsthal, celui-ci à son tour écrit des livrets d'opéra pour Strauss, entre autres le Chevalier à la rose (1911), Ariane à Naxos (1912-1916), la Femme sans ombre (1917-1919).

   Après la Première Guerre mondiale, l'empire des Habsbourg n'existe plus ; Vienne a perdu sa dimension européenne. Comme pour élever un mausolée à ce qui a cessé d'être et réaffirmer malgré tout la nécessité de maintenir la tradition, les deux dernières grandes œuvres de Hofmannsthal renouent avec des thèmes de Calderón : le Grand Théâtre du monde salzbourgeois (1922), écrit pour le Festival de Salzbourg (mise en scène de Max Reinhardt) et la Tour (1925). Il a cependant mis en chantier un roman, Andreas, auquel il travaille à diverses reprises sans jamais l'achever. Il en reste d'admirables fragments : on y sent que Hofmannsthal vivait dans la Vienne de Freud, d'Adler, de Breuer, par qui se renouvelait alors la psychologie, et qu'il ne les a pas ignorés. De nombreux essais critiques, une importante correspondance avec des amis choisis complètent l'apport de cet artiste à la littérature européenne de son temps.

Hofstein (David)

Poète de langue yiddish (Korostytchev, Ukraine, 1889 – Moscou 1952).

Dès 1919 il est reconnu comme l'un des maîtres de la nouvelle poésie yiddish soviétique. Rentré en U.R.S.S. après un séjour en Allemagne et en Palestine (1923-1926), il jouit d'un grand prestige, mais meurt victime des répressions staliniennes (Poèmes complets, 2 vol., Tel-Aviv 1977).

Hogen monogatari
(Dit de Hogen)

Chronique guerrière japonaise (gunki monogatari) sans doute élaborée au cours du XIIIe s. pour sa version la plus ancienne.

Elle raconte le conflit  qui opposa en l'ère Hogen (1156) les membres de deux puissants clans guerriers, les Taira et les Minamoto, à l'occasion d'une crise dynastique. Fortement teintée de bouddhisme, cette œuvre est très proche dans ses thèmes et dans sa structure du Dit de Heiji et, comme elle, fut diffusée oralement au cours du Moyen Âge.

Hogg (James)

Poète écossais (Ettrickhall Farm, Selkirkshire, 1770 – Altrive 1835).

Berger autodidacte, il composait avant de savoir écrire. Son recueil de ballades (le Barde montagnard, 1807) le lie à Walter Scott, à qui il enseignera des chansons. La Veillée de la reine (1813) et ses Contes pour les soirs d'hiver (1820) révèlent une ambition spirituelle qui débouchera sur les Confessions d'un pécheur justifié (1824), récit biographique où la jonction s'opère pour la première fois entre le fantastique et les tourments de l'introspection calviniste et le fantastique : la voix la plus pure de l'Écosse romantique.